Et je sens qu’avec cette deuxième grossesse - et bien sûr ce deuxième petit cœur à aimer et pour qui je m’inquiéterai - elle prendra à nouveau un autre tournant. Pour le mieux.
Moi? Une maman?
Parfois mon rôle de maman m’étonne. Non pas que je n’ai jamais voulu d’enfant, mais plutôt parce que je ne me sens pas toujours une « maman » dans le sens le plus lourd que lui apporte son lot de responsabilités. Quand je me regarde dans le miroir, j’ai encore l’impression – parfois – d’avoir encore 8 ans! Peut-être aussi parce que je ne me serais jamais cru capable de faire autant de sacrifices et de compromis pour mes enfants. Petite, je voyais grand. Très grand. Ma famille m’a toujours encouragée à aller au bout de moi. Mon esprit de contradiction et ma soif d’indépendance et de réussite m’ont amené à ne jamais voir les limites. Tout était possible! Il n’y avait pas de différences entre les gars et les filles; je pouvais choisir le métier que je voulais. Je désirais tout, je m’impliquais dans mille projets et je roulais à 100 km/h. C’est souvent encore ainsi. Je carbure au « deadline », ma curiosité m’amène sur mille chemins nouveaux et je suis fascinée par l’histoire, le passé et les traditions. Nathalie Collard disait en entrevue à Tout le monde en parle que, dans un esprit de performance extrême, les femmes sont souvent pressées de dire que la maternité ne les a pas changées, ce qui est faux. Et je la crois. On ne fait pas des enfants en rêvant du jour où on reprendra le boulot même si on l’adore. On ne fait pas des enfants « pour la parure » sans changer d’un seul iota notre rythme de vie. Que l’on soit seule, riche, pauvre, bardée de diplômes, n’ayant pas terminé son 5e secondaire, avec ou sans travail, avoir des enfants est exigeant et demande un réel abandon de soi. Ce n’est pas plus facile pour une maman réceptionniste de laisser son boulot pendant son congé de maternité que pour une maman avocate. Tout dépend de son rapport à son enfant. Et non de son rapport à son emploi. Le livre Le bébé et l'eau du bain en témoigne et vient un peu bouleverser nos acquis.
Avouer que l’on change…
J’ai changé et à la fois, je n’ai pas changé en étant maman. Je continue ma lancée. C’est une nouvelle fenêtre dans la maison de ma vie. Une autre façon de voir les choses. Je n’ai jamais vu la maternité comme un piège. Elle n’a pas freiné mes envies ni mes désirs, mais elle a modifié mon mode de vie; et je l’accepte. Bien sûr, quand Minounette dort profondément, je sais que je ne peux pas partir à 21h30 assouvir une irrésistible envie d’un cornet de crème glacée… mais bon! Je vais survivre! Les contraintes existent, mais si j’ai décidé d’avoir des enfants, c’est pour être là pour eux. Et même si je sais que je pourrais gagner le double de mon salaire en allant travailler à l’extérieur, que je pourrais ainsi avoir une plus grosse maison, une femme de ménage, des fins de mois plus « lousses » et faire des voyages dans le sud plus souvent, je n’échangerais pas ma vie pour autant.
Le constat ne s’est pas fait aisément. Dans cette formule de travailleur autonome, j’aimais le côté « indépendant » et les possibilités qu’offrait ma propre organisation de travail. Mais j’ai eu du mal à m’y adapter. Dans une société privilégiant la perfection, les agendas ultras bookés, les cellulaires qui ne dérougissent pas, les 5 à7 mielleux, les performances chiffrables, je me sentais un peu sur la desserte de l’autoroute. Je peux passer de grandes journées à la maison. Je fais le poids vis-à-vis mes copines au travail au centre-ville? Je travaille en tenue de yoga et n’ai plus un tailleur à la mode dans mon garde-robe. Est-ce vraiment grave? Je me suis posé mille questions. Chacune, je l’ai retournée dans tous les sens. J’ai douté tant de fois. Aller à contre-courant est un exercice exigeant. J’ai eu du mal à me sentir à l’aise de dire que je travaillais de la maison avec ma poulette majoritairement avec moi. Non pas que c’était un échec, mais que c’était un peu « mal vu ». On ne se défait jamais entièrement des préjugés existants. J’avais peur de passer pour une « improductive », une « sans ambition », voire même une « dépendante ». Pourtant, je faisais un choix innovateur, me créant ainsi un rythme de vie qui comblait tous mes désirs.
Depuis un an environ, je me sens vraiment à l’aise dans cette formule. Surtout, je me considère privilégiée de pouvoir vivre ainsi. C’est le compromis entre être maman à la maison à temps plein et salariée d’une grande compagnie. Idéal pour moi. Mes neurones travaillent au milieu d’une cuisine un peu bordélique, mes brouillons et mes notes d’entrevues traînent près des oignons et des poivrons hachés parés pour une sauce à spaghetti et mon inspiration puise directement à la fontaine de bisous d’une fillette et de coups de pieds d’un mini-fiston vigoureux. J’ai trouvé la formule parfaite pour moi. Et je souhaite à toutes les mamans et les nouvelles mamans de se fier à leurs instincts pour prendre leur décision.
Bientôt du temps
Être maman ne s’apprend pas… je l’ai enfin compris. Personne : ni un savant, ni un médecin, ni un devin ni votre voisin ne peuvent vous enseigner. Pas un livre ne nous permet de TOUT savoir. Alors, le cœur demeure le meilleur guide, comme une boussole fiable dans une forêt dense. Il n’existe pas de mode d’emploi, ni de procédé clair, ni de recette, ni de carte routière sur lesquels se fier. Il n’y a qu’un petit être, minuscule et fragile, avec un cœur immense et le nôtre timide, un peu maladroit, mais débordant d’élans fous d’amour. Comment trouver le bon dosage dans cette nouvelle histoire?
Je l’avoue. C’est la plus difficile leçon de vie. En fait, je sais depuis toujours que je veux des enfants. Seulement, personne ne nous apprend sur les bancs d’école comment « gérer une famille et un boulot ». Où faire entrer les enfants dans notre vie? Du moment qu’ils entrent dans notre cœur, on sait. Je vous l’assure. On sait ce qu’on acceptera, ce qu’on fera, ce qu’on évitera, ce qu’on abandonnera, ce qu’on accomplira et ce qu’on changera… pour eux. Même si on avait voulu prévenir l’ouragan que déclenche ce minuscule bout d’homme qui débarque après neuf mois dans notre quotidien, on n’aurait pas pu. La maternité est selon moi l’exercice suprême du lâcher-prise; personne ne peut l’emprisonner dans une planification trop calculée. C’est tant mieux ainsi.
L’ instinct maternel n’est pas inné, je n’y crois pas. Il se développe. Et pour ce faire, , il lui faut du temps. Je me méfie de celles qui éprouvent trop tôt, trop vite, trop intensément un amour déraisonné face à leur petite crevette dans leur ventre. Réservée, je suis plutôt du genre à lui faire de la place tranquillement. Je me prépare à lui offrir mon cœur doucement. Pour mini-fiston, comme je l’ai fait pour Adèle, je me prépare à lui consacrer du temps de qualité : à jouer par terre sur un tapis de jeu coloré, à lui lire des histoires folles, à créer des théâtres où se mêlent animaux et lutins, à lui parler du monde et de la vie, à lui faire découvrir les textures, les couleurs, les saveurs, etc. Avec une alliée à côté de moi – Adèle – et un autre guide : son papa. Je m’apprête à mettre un peu ma vie en veilleuse pour lui et le constat ne m’effraie pas. Même que j’ai plutôt hâte. Finies les craintes et les anticipations folles! La confiance fait à nouveau partie de mon équipage de grossesse.
Tchin-tchin
Cette année, je célèbrerai la fête des Mères en me faisant un toast bien personnel : « À mes choix, à moi et à l’avenir! » Et un « tchin-tchin » à ma maman qui par sa présence, sa continuelle disponibilité, ses mots d’encouragement et son implication me permet de m’épanouir en tant que maman et en tant que professionnelle. Vraiment, elle est une grand-maman formidable pour Adèle qui adore passer du temps avec elle et une maman sur qui je peux toujours compter. Et j’aurai aussi une pensée pour toutes les mamans qui nagent un peu à contre-courant dans cette société folle qui ne semble pas saisir l’importance des enfants. Bonne fête à toutes celles qui croient en elles, toutes ces mamans qui repoussent leurs limites et que j’admire : celles qui acceptent les compromis exigés par leurs nouvelles fonctions de « maman pour la vie », sans pour autant s’y perdre totalement. Celles qui continuent leur boulot, leur carrière et leurs projets, mais en sachant mettre des limites claires infranchissables pour que leur famille n’en souffre pas. Les mamans capables de donner de la place à leurs hommes, les laissant se débrouiller avec les purées et les couches pendant une heure ou deux, sans téléphoner pour voir si tout est correct. Des mamans indispensables qui savent « lâcher prise », quoi! Les mamans qui prennent soin d’elle, les mamans sportives, les mamans monoparentales heureuses, les mamans écolos, les mamans à la maison pour 3 ans, les mamans bio, les mamans aux études et toutes les mamans aux mille défis! Faites comme moi le 14 mai prochain, et levez votre verre (de lait) à vos réalisations et à ceux qui vous permettent de les concrétiser.
Bouclez des boucles
À l’approche des 30 semaines, j’ai l’impression de continuellement « boucler des boucles ». J’ai pleuré un peu en écrivant la lettre disant à la garderie qu’Adèle cesserait d’y aller le 11 mai prochain. J’appréhende déjà cette dernière journée. Miss Petites-larmes-douces-dues-aux-hormones va sûrement pleurer un peu. Ce sera le début d’un nouveau temps à la maison pour Adèle. La semaine dernière, j’ai terminé un contrat. Bye, bye! Jusque dans un an, au moins! Même si la perspective de congé m’enchante, je ressens quand même un pincement au cœur. J’entame ma trentième semaine bientôt. Dernier droit avant l’accouchement. Une autre boucle!
Et les prochains jours m’en promettent d'autres : finition de la décoration de la chambre, dernier week-end à trois à l’extérieur de la maison, dernier cours de ballet pour Adèle, etc. Ce sont les « derniers » qui annoncent l’arrivée imminente de la grande première… Excitant et troublant, à la fois. Comprenez-vous ou est-ce une lubie de future maman qui passe quelques nuits blanches? Écrivez-moi.
Attention! Larmes à prévoir
Je n’entretiens envers Céline Dion ni admiration ni indifférence. Mais en allant à mon cours de ballon forme (je vous en parle plus longuement la semaine prochaine, promis!), j’ai découvert son album Miracle. Celui qui est sorti avec un livre d’Anne Geddes. Oh là, là! Mes yeux me piquaient tellement en tentant de retenir mes fines larmes, en entendant la chanson titre Miracle tout en m’étirant sur mon ballon. Bouleversant! J’ai finalement mis la main sur l’album entier que j’ai beaucoup aimé. Des berceuses douces pour des moments calmes. Et que dire des photos des magnifiques poupons prises dans un esprit de fleurs, de nature et de tendresse infinie. J’ai passé de longues minutes, les yeux perdus sur ces photos d’où émanent l’innocence des bébés et leur infini calme. Ils ont l’air si bien, si apaisés, si abandonnés… Touchant!
Bonne semaine! Et bonne fête à toutes les mamans!
29e semaine, avril 2006