Grossesse/Maternité

Chronique Maman Nadine (24) : Petites et grandes émotions

24e semaine. Si j’ai des débordements plutôt excessifs d’humeur et d’émotions, est-ce toujours la faute à mes hormones en furie? Lesquelles sont au banc des accusés?

24e semaine. Si j’ai des débordements plutôt excessifs d’humeur et d’émotions, est-ce toujours la faute à mes hormones en furie? Lesquelles sont au banc des accusés? Pourquoi me font-elles couler des larmes en voyant une pub à la télé, embuent-elles mes yeux en entendant une chanson à la radio ou encore m’étouffent-elles comme un étau quand les émotions sont trop nombreuses. Chaque jour, petites et grandes émotions sont au rendez-vous.

Parfois, je suis euphorique. Puis, mon bateau tangue. Je chavire dans une mer de doutes. J’en émerge le cœur enflé de questions et d’émotions mal contrôlées. Enceinte, je me sens souvent « entre deux chaises », à mi-chemin entre vulnérabilité, joie intense et peur folle. Je me sens à un carrefour gigantesque d’émotions! Quel chemin prendra mon inconscient ce matin, c’est toujours un hasard

Laissez-les aller
À ma première grossesse, j’ai tenté d’aller à l’encontre de mes émotions. Je ne voulais être que complètement euphorique, débordante de joie et absolument sereine, tout le temps. J’ai vite compris que c’était impossible. On ne peut forcer quelqu’un à bien se sentir. Et le meilleur moyen de l’enfoncer dans un état, disons, « moche » est de tenter de l’en extirper de force. Même quand on essaie de se sauver soi-même! C’est à chacune d’y parvenir à son rythme. Travailler contre ses émotions et ses humeurs, c’est se renier. Probablement qu’on aimerait tous vivre dans la joie et le bonheur pur, mais ce n’est pas toujours possible. Il parait qu’être enceinte nous renvoie à des émotions refoulées de notre enfance. Aussi loin! La maternité est un passage, un état de transition. On devient autre. On passe de la fille à la mère, de la femme à la mère. Notre corps change, mais notre esprit aussi. On perd le contrôle de notre corps, de notre vie et de tout ce qu'on avait toujours imaginé.

Au lieu de contrer nos émotions, les maudire et les rendre responsables de tous nos maux, on doit trouver un moyen de les laisser s’exprimer. Certaines les confient facilement à une oreille attentive. D’autres (comme moi) préfèrent les écrire. On pourrait aussi les évacuer en faisant du sport, en chantant, en dessinant, en dansant, etc. L’été arrivé, j’enfilerai mes vieux « running shoe » et ma salopette de jeans et je planterai mes mains dans la terre fraîche pour jardiner. Fouiller la terre me permet de faire le ménage dans ma tête et me procure un étonnant sentiment d’apaisement. À chacun sa voie pour libérer ses émotions! Ce qui ne s’exprime pas s’imprime quelque part, alors mieux vaut les laisser aller…

Hormones
Qui sont-elles? Que font-elles?

Accepter l'abandon
Vivre nos émotions constitue un premier test d’abandon à faire. Accepter d’être submergée par quelque chose de plus grand et de bouleversant est un exercice difficile. Dans le livre Au cœur de la naissance, la réputée Isabelle Brabant explique un concept fort intéressant qui s’applique à l’accouchement, mais aussi selon moi lors de notre grossesse. « (…) notre culture valorise énormément l’équilibre, la stabilité. Quel beau compliment que de dire de quelqu’un qu’il est équilibré! Or, l’accouchement est une expérience de mouvement, de transformation et, donc, de déséquilibre constant. (…) Le processus de l’accouchement, et d’ailleurs toutes les étapes de la maternité, de la paternité nous désarçonne constamment. Mais l’univers dans lequel on vit ne sait pas bien comment comprendre, on leur donnera facilement le nom de « problèmes » ou même de « pathologies », alors qu’elles sont des crises, certes, mais de celles qui nous font évoluer comme être humain, qui sont indispensables, en fait, à notre évolution d’être humain. »

Moi… et les autres!
Enceintes, nous voilà « déséquilibrées », déstabilisées, en mouvements et en transformation. Et c’est correct ainsi! Mais comment notre entourage vit-il nos agitations? Pas toujours facile. Je sais que quand l’émotion bout et que les flammèches apparaissent, mon chum préfère de loin (l’expérience d’une première grossesse aidant) s’éclipser au sous-sol en attendant que l’orage passe. Dès les premiers signes, sans se le dire, on s’isole… chacun sur notre étage à la maison! Quand la pression tombe, l’éponge est passée… et on a évité une discussion musclée. On a déjà fait des fous de nous lors de ma première grossesse en se disputant sur la couleur et la forme d’un meuble télé en plein grand magasin… 10 minutes avant notre premier cours prénatal au CLSC. Catastrophe! On est arrivé au local du quartier en babounant, bleu marin tous les deux, les yeux froncés et sans aucune envie de jaser… tandis qu’on était entouré de petits couples heureux, se minouchant et exaltant le bonheur. On détonnait dans le décor. On était tout sauf d’accord. Le spectre du « meuble-télé » maudit planait au-dessus de notre tête à côté d’un vilain nuage noir. Et pas question que mon chum fasse un léger rapprochement pour me flatter le ventre, je l’aurais griffé, je crois! De toute façon, il n’en avait pas envie! Puis, sur le chemin du retour après avoir sûrement donné toute une impression aux autres participants (« Mais quel couple nul! », « Ils vont se séparer, c’est sûr! », etc. On imaginait déjà les ragots!), l’absurdité de la situation nous a fait crouler de rire. Tout est bien qui finit bien!

J’aurais envie de te dire
Je ne peux pas dire si c’est la mi-grossesse, l’inconfort dû à mon ventre grossissant, la mollesse de mon oreiller, la dureté de mon matelas, les questions qui me turlupinent ou d’autres raisons obscures, mais je me réveille au moins une fois par nuit. Et ce n’est même pas encore les envies de pipi! Dans le noir de la nuit, les yeux grands ouverts, entourée d’un silence enveloppant, je pense. Trop, probablement. Et chaque fois, les émotions m’envahissent. Je me lève pour regarder Adèle dormir en lui flattant doucement la joue, les cheveux ou le dos. En même temps, je caresse ma petite lune de juillet. La nuit multiplie la force des émotions quand je pense à mes enfants. Tellement, que les larmes – comme des petites étoiles – illuminent le noir de la nuit. Tellement, que je n’arrive plus à trouver le sommeil. Et voici ce que j’aurais envie de leur dire à mes petits enfants endormis…

À mini-fiston...
« Petite lune de juillet, tu es là! J’ai eu si peur au début de te perdre. Tu seras un mini- fiston épatant! Tu auras la chance inouïe d’avoir une grande sœur aimante et protectrice près de toi, tous les jours de ta vie. Tu vivras ce que je n’ai pas vécu. Je te trouve déjà chanceux.

Adèle, ces jours-ci écoute le film Tarzan. Pendant qu’elle est captivée par la maman singe et les autres animaux de la jungle, moi, c’est la musique et les paroles des chansons qui résonnent dans mon cœur. « Tu vivras dans mon cœur… toujours » ou « You’ll be in my heart… always », selon la version qu’elle écoute.

Parfois, quand les journaux et les bulletins infos nous crachent des nouvelles abominables ou infiniment tristes, je me surprends à douter et à avoir peur pour toi et pour Miss Lulus. Le monde est un peu fou… tu sais! Mais très vite, je sais que le meilleur réside en toi et je ferai tout pour qu’il fleurisse partout autour. J’ai confiance, c’est fou! Par-dessus tout, j’ai confiance. En la vie, mais surtout en toi!

Mini-fiston, je t’aime déjà! J’ai hâte de te faire découvrir le monde… à bientôt jeune homme! »

 

À Adèle...
« Ma grande-petite fille d’amour! Autant tu sembles si grande quand tu me racontes mille aventures ou tes histoires inventées, autant tu restes « mon bébé » quand tu te blottis au fond de mes bras!

Ta grande sensibilité me bouleverse. Quand tu me dis que tu t’ennuies de « bébé-nouveau », en reniflant un peu pour bien montrer ta peine, mon cœur fond. Tu seras une merveilleuse grande sœur. Prête à ouvrir ton cœur et partager mille secrets avec ton « bébé-frère ». Tu vivras ce que je n’ai jamais vécu. Je t’envie un peu…

J’ai si peur que tu te sentes bafouée dans le flot des changements qui surviendront dans ta vie. Comme la chanson, « Tout va changer demain »… mais toi tu ne te doutes pas de l’ampleur de ces transformations. Quand j’ai trop peur et que je me sens un peu coupable de te faire vivre ces changements, je prends le temps de te regarder aller dans la vie. Tu prends ce qu’on te donne et tu le transformes en « positif ». Instinctivement. Tu veux me dire, Miss Beauté, pourquoi nous les adultes, on a perdu cette faculté? Tu m’envoies un vent de confiance… en moi, en toi, en le monde et en la vie. Je suis si chanceuse de t’avoir ma belle minounette d’amour… Je t’aime. »

L’agenda de ma grossesse
Ne surévaluez pas votre mémoire! Ne croyez pas que vous vous souviendrez de la date précise quand vous avez senti bouger votre bébé quand celui-ci sera rendu à la maternelle! Nos souvenirs s’embuent rapidement! Quand avez-vous troqué vos jeans fétiches pour des jeans adaptés à votre nouvelle silhouette? Quand avez-vous acheté le premier pyjama de votre trésor? Mille et un petits souvenirs que l’on pourra se rappeler avec délice plus tard… avec nostalgie et bonheur! Pour tout noter, j’ai trouvé L’Agenda de ma grossesse. Un recueil pimpant qui laisse beaucoup de place pour écrire nos réflexions et qui nous propose des capsules informatives pour chaque semaine de la grossesse. Un beau duo! Le look global est invitant. Du rose, des lignes courbes et des illustrations modernes et branchées… il a vraiment du style ce livre! Plus question de ne pas coucher sur papier ses petites et grandes émotions!
L’AGENDA DE MA GROSSESSE. Par Larousse, 2005. 19,95 $

Maman va exploser!
Non, ce n’est pas ce qu’a dit Adèle! Mais c’est la réflexion qu’un petit garçon fait en regardant sa maman manger autant et en y associant le fait que son ventre grossit. Les fringales de la future maman sont exagérées, mais si peu! L’album Maman va exploser raconte, bien sûr, la grossesse du point de vue d’un enfant qui ne comprend pas ce qui se passe. Un seul petit bémol : on se demande pourquoi, dans cette fiction, personne ne raconte au petit ce qui se passe réellement. Mais dans la réalité, ma petite puce a très bien deviné ce qui arrivait! Jouez le jeu avec votre enfant… Il tirera ses propres conclusions rapidement surtout si vous en avez discuté avec lui auparavant!
MAMAN VA EXPLOSER. Par Fabrice Boulanger, Lauzier Jeunesse, 2006, 8,95 $

Maman Nadine, 24e semaine

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