Grossesse/Maternité

Chronique Maman Nadine (17): Unique? Toujours unique!

Hier soir, je regardais ma grande-petite fille dormir tranquille, toute étirée dans son lit rose. Elle se promenait sûrement au pays des fées main dans la main avec Cendrillon et Blanche-Neige. Tout à coup, mes yeux se sont mis à me piquer. J’ai senti que j’allais me mettre à pleurer... Doucement. Surplus d’hormones et d'émotions fébriles quand tu nous tiens!

Je suis enfant unique. Je n’ai eu ni de frère avec qui me chamailler, ni de sœur complice à qui me confier. Mais j’ai eu de grandes amies à qui je confiais toute ma loyauté, ma gratitude et mon dévouement amical sans borne. Je ne peux pas dire qu’un frère ou une sœur m’ait manqué. Je ne crois pas qu’on peut s’ennuyer de quelque chose que l’on n’a jamais eu. Être enfant unique n’était pas un poids pour moi. Le plus souvent, j’étais bien seule. Indépendante, autonome et solitaire, j’ai meublé ma vie de personnages imaginaires, me créant des scénarios fous et me plongeant dans la lecture pour combler ma soif d’évasion. Je n’ai jamais ressenti la solitude. J’étais bien avec les autres, mais avais besoin de me retrouver seule. C’est toujours essentiel pour moi. L’équilibre entre la vie de groupe et mes activités solos doit être respecté. Aussi, je choisissais (et choisis, encore) mes amies en les incombant, sans le vouloir, d’une grande mission : être presque des sœurs pour moi. Tout un contrat pour elles, je l’avoue. Je suis exigeante, je ne tente pas de le cacher. Exigeante envers tous, moi-même en tout premier. Pas de demi-mesure ni de gris, c’est noir ou blanc. Je m’investis à fond et pas question d’abandonner quoi que ce soit. Je veux tout, toujours, tout le temps! Je m’impose des règles folles me créant un rythme parfois essoufflant, mais c’est ainsi que je sens battre la vie en moi. Avec les enfants et la famille, c’est la même chose.

Je crois, entre autres, que c’est parce que je suis enfant unique que je me suis sentie si ambivalente face à un deuxième enfant. Avoir deux bébés, cela ne m’effraie pas pour la grossesse, l’accouchement, les nuits blanches ou la production de purées, mais plutôt parce que je ne connais pas ce qu’est la vie en fratrie. C’est l’inconnu. Total. Je me sens démunie, comme si je ne pouvais pas aussi bien accompagner les enfants dans cette aventure. Je n’ai pas peur de dire que j’ai attendu le signal de la certitude résonner en moi : j’avais besoin de sentir en moi toute l’énergie nécessaire pour donner autant d’attention, d’amour et d’implication à chacun de mes deux soleils. C’est fait! Peut-être cette attitude semble exagérée, mais n’ayant pas connu la vie à quatre, cinq ou plus et voulant reproduire mon mode de vie de jeunesse, pour moi, c’était essentiel à la remise de mon « OK » final pour avoir un deuxième petit bébé. Mon temps d’attente et de réflexion m’a rassurée : je serais capable, en dépit de tout, d’être là.

Pour le moment, Adèle est enfant unique. Et je ne la sens pas malheureuse du tout. Dans la cohue des fêtes où le nombre de lulus qui sautillent partout dépasse la vingtaine, Adèle reste observatrice avant de se lancer dans la mêlée. Puis, elle s’investit à fond, choisit une copine et ne la lâche plus… jusqu’à ce qu’elle en ait assez et que le désir de jouer seule l’envahit. Elle s’isole et met le cap vers son petit monde imaginaire où elle retrouve Caillou, Winnie, le grand méchant loup et Fanfreluche. Je me retrouve tellement en elle dans ses gestes, ses réactions et son comportement. Je comprends son besoin de se retrouver en solo. Je la laisse souvent jouer seule, car je sens que je la dérangerais si je m’imposais dans son pique-nique imaginaire en plein milieu du salon alors qu’il neige! Être solitaire et indépendante n’est pas, selon moi, un défaut. Elle n’est pas désarmée; elle est plutôt en contrôle et capable de faire face à plein de situations.

28Adèle règne donc sur tout son royaume. Elle est le centre de son univers (et du mien), la reine de la maisonnée, la princesse du chalet et la chouchou de tous. Elle aime être le centre d’attraction. Dans ses yeux, on voit danser la flamme qui fait qu’elle se sent unique. Et c’est cette lumière que je ne veux jamais voir vaciller. Pour l’instant, elle comprend qu’un bébé surgira dans la maison par un beau jour humide d’été, mais n’en saisit pas encore toute la portée. Pour elle, le « petit bébé » sera comme lorsque Justin, le fils de ma copine, vient à la maison pour quelques heures. Il repartira et voilà! Elle ne saisit pas qu’elle va devenir grande sœur pour toujours! Et il m’arrive d’avoir le cœur gros en songeant que sa petite vie sera tellement bouleversée sans qu’elle s’en attende. Elle aurait pu être enfant unique et aurait tout autant apprécié l’expérience. Mon amie Solène m’a beaucoup aidée dans mon cheminement pour alléger ma culpabilité envers Adèle de lui « imposer » un bébé dans sa vie. Sa fille Ariane est devenue une épatante grande sœur avec Thomas. Non sans crainte de la maman qui, comme moi, a avoué avoir pleuré, enceinte, en songeant aux changements à venir pour Ariane. Un bébé dans leur univers de grande fille, c’est ni plus ni moins un Big Bang qui chamboule tout - pour le mieux -, mais qui les déstabilise aussi!

Solène a douté comme moi de l’amour qu’on porte à un deuxième alors qu’il y a souvent plus de vingt ou trente mois qu’on cohabite et connaît le premier. Mais surtout, Solène m’a aidée à comprendre que chaque enfant était unique. Ses qualités, ses caractéristiques, son caractère, ses affinités, ses goûts, ses ressemblances et ses attitudes le rendent tout à fait spécial. Nos enfants ne seront pas pareils, ils seront toujours uniques. Et il revient aux parents de cultiver la flamme dans les yeux de chacun de leurs enfants. Celle qui les rend, chacun, « spécial », différent et unique! Chaque fois que je doute un peu, je demande à Solène de me montrer une photo d’Ariane et Thomas. Dans leurs yeux brillants de mille feux, pas de doute! Ils sont heureux et s’aiment très fort l’un et l’autre. Et mon doute est apaisé... jusqu’au prochain!

J’aurai deux magnifiques soleils dans ma vie. Ni l’un ni l’autre n’ombragera le jardin de l’autre. Chaque fleur pourra pousser bien librement s’appuyant sur les forces de l’autre. Ça aussi, c’est magique. Mon petit bébé est drôlement chanceux de pouvoir compter sur une grande sœur qui l’attend avec toute la candeur de ses 3 ans, qui connaît un tas de chansons et d’histoires et qui s’entraîne à jouer à la petite maman avec ses nombreuses poupées. Et je sens presque poindre en moi une petite souche de jalousie... je n’aurai jamais vécu la fratrie! Mais je tâcherai de la vivre un peu à travers la relation de mes soleils!

Devenir une grande sœur

Quel beau cadeau! À Noël, Adèle a reçu le double livre : J'accueille petit frère ou petite soeur (Édition Lipo Kili). C’est un coffret qui comprend un livre où on rencontre Zazie qui aura bientôt un petit frère et un album de bébé à compléter par le futur aîné! Génial, non? Comme un album de bébé dans lequel les parents notent les grands événements, les préparatifs de l’accueil et les observations de la vie lors des premiers mois. Adèle pourra faire pareil avec son propre album bien adapté aux observations des enfants. Elle pourra y dessiner la chambre du bébé, cocher la température qu’il fera la journée de la naissance du bébé, coller des photos d’elle et de toute la famille, etc. À offrir à son grand pour préparer la venue du bébé en douceur… et en famille. Parce que c’est bien ce qu’il aime : qu’on prenne du temps avec lui.
J'accueille petit frère ou petite soeur. Par Mymi Doinet et Isabelle Borne, édition Lipokili, 2005, 14,95 $.

Tu m’entends?

À 17 semaines, il paraît que le bébé commence à entendre. Le liquide amniotique conduit le son jusqu’à lui. Il entendra d’abord les bruits intérieurs de mon corps, le battement de mon cœur en premier. Mais les sons extérieurs lui sont perceptibles aussi. Depuis quelques jours, alors que je travaille, je pose des écouteurs sur mon ventre et te branche sur L’effet Mozart pour femmes enceintes. Un flot de nouvelles sensations pour lui et pour moi, car je le sens de plus en plus se déplacer. Danses-tu mon petit?

Sois au rendez-vous petit soleil!

Seras-tu une fille? Seras-tu un garçon? Je le saurai enfin le 7 février. J’ai tellement hâte de savoir qui tu es. Enfin, qu’une parcelle, mais quand même! Je pourrai t’appeler par ton prénom, si on en vient à un consensus ton papa et moi! Étrange, car à ma première grossesse, je ne voulais pas savoir le sexe, mais là je suis impatiente comme lorsque notre DPA est dépassée! Alors, tu es bien mieux de te montrer petit soleil de juillet, car nous, on a hâte de te voir!

Février 2006

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