20 semaines. Les enjeux sont grands pour ce pari unique. On cherche un prénom pour mini-fiston. Il faut choisir le bon, celui qui lui ira et lui plaira, surtout qu'aucun faux pas n’est permis. La pression est forte. On en répertorie des dizaines de milliers. Comment piger le bon?
Vraiment, après accoucher, la tâche la plus ardue enclenchée par une grossesse est de trouver un prénom pour notre petit moustique. Marie-Ève dans le forum résume très bien la périlleuse aventure « Lorsque l’on sait que c’est un choix pour la vie, on dirait que la décision du prénom de notre enfant devient toujours plus compliquée. » C’est vrai! Avant d’avoir ma fille, on avait, comme tous bons amoureux, extrapolé sur les possibles prénoms de nos enfants, les yeux sous les étoiles dans un élan romantique. Cette liste n’a pas survécu quand on a pris conscience que l’on remettait bien plus qu’un simple prénom à notre enfant. Dans le livre Les magicmamans attendent un bébé, la pédiatre Edwige Antier précise : « Dans les petits noms que vous lui donnerez, il y aura toujours une symbolique de ce que vous attendez de ce petit garçon ou de cette petite fille. Même si, en réalité, votre enfant développera sa propre personnalité, il portera dans son histoire ces fantasmes qui ont nourri votre grossesse. » Tout pour nous mettre davantage de pression! L’aventure devient une mission!
Un prénom qui nous influence
Et on croit que notre prénom influence la personnalité, le caractère voire même le destin d’une vie entière. On nourrit des préjugés envers certains prénoms parce qu’on a connu quelqu’un prénommé ainsi et qu’il était insupportable. On en idéalise certains autres parce qu’ils nous rappellent un être cher. Mais comment cela pourrait-il être totalement vrai quand on sait que ces suppositions varient d’une personne à l’autre? Tous les Jérémy sont-ils pareils? Les petites Laurie sont-elles identiques? Quoi qu’il en soit, ces idées préconçues influencent grandement notre décision. On ne peut difficilement y échapper!
Je veux. Il ne veut pas!
J’aime, mais mon conjoint n’aime pas. Ces face à face deviennent un véritable débat durant lequel je m’évertue à faire gagner des échelons à mon prénom coup de cœur. Je veux Léon, mon chum ne veut pas en entendre parler. J’aime la sonorité, l’absence de diminutif possible et son allure franche et découpée. Chaque fois que je reviens à la charge, mon chum propose inlassablement Léo. Alors, je boude (un peu) et déclare que je déteste Léo (alors que ce n’est pas vrai!). Mais il faut bien que je tienne mon bout. Sincèrement, je ne veux pas de compromis dans les prénoms, alors si ce n’est pas Léon, ce ne sera pas Léo non plus. J’y penserais chaque fois que je le prononcerais.
Pour un garçon, ma copine aimait beaucoup Éloi, prénom teinté de douceur et aussi d’originalité sans toutefois être exagéré. Son conjoint ne voyait pas les choses de la même façon. Quand on prononçait « Éloi », il entendait « Oh! Regarde dans le ciel, le canard et l’oie. » Mauvaise foi? Excuse bidon? Non, seulement la preuve que la sonorité et les possibles jeux de mots interfèrent. Même chose pour le petit Vincent (20-100) qui se fait appeler 2000.
Critères de sélection
Une liste. Vous l’aurez deviné. J’ai dressé une liste de critères pour choisir LE prénom. Étonnamment, elle est plus longue que celle des prénoms en lice. Eh misère!
- J’aime les prénoms courts. Pas plus de deux syllabes! Léa, Léo, Romie, Thomas, Estelle, Henri, Esther, Simon, Agathe (trois syllabes, mais on n’en prononce que deux), Marie, Victor, Claire, Florent, Lili, Hubert, Rose, etc. Exceptions : Médéric, Grégory et quelques autres.
- Je n’aime pas les prénoms composés. Trop long et surtout, les gens ont tendance à n’en dire qu’un seul. Et voir note suivante.
- Pas de diminutif possible. Frédérique se fera appeler Fred et Maxime deviendra Max ou Maxou.
- J’opte pour un prénom francophone et écrit de manière traditionnelle. Pas question de troquer le i pour le y, de mettre un h de trop, ou d’opter pour un k plutôt que pour un c. Comme Gernouille le dit dans le forum : « Pas question de mettre un « K » dans Victor ». Je ne veux pas que mon enfant épelle son prénom toute sa vie.
- Original, mais pas trop. Je préfère que l’originalité du prénom vienne de son usage un peu démodé et non de la façon de l’écrire ou la nouvelle sonorité. Pour choisir un prénom inventé (d’abord, je suis incapable d’en inventer!) qu’il faut épeler ou répéter deux fois avant que les gens comprennent, il faut une bonne dose de patience… ce que je n’ai pas.
- Je veux que le prénom sonne « doux ». J’aimais beaucoup Esther, mais je trouve que, jumelé au nom de famille, sa sonorité dérange l’oreille. Même chose pour Edmond.
- Pas trop commun. Je scrute la banque des prénoms présentée par la Régie des rentes du Québec et j’élimine le top 10. Ce sont tous de jolis prénoms, mais mon chum a connu l’époque des 4 Éric dans ses classes. Il veut éviter cette situation à sa progéniture, sans pour autant vouloir l’excentricité.
- Ambiguïté concernant les rimes et les concepts. Hésitation. On aime Adrien. Mais ADrien et ADèle, ça fait « concept ». Aura-t-on l’obligation de prendre Adolf pour un troisième? On aimait Estelle. Mais « Estelle et Adèle » sonne comme la rimette d’une comptine : Adèle et Estelle jouent à la marelle à la maternelle… S’en fait-on trop? Si Médéric était dans nos cordes (malgré ses trois syllabes!), on l’a éliminé à contrecœur, car j’ai peur d’avoir à préciser « Éric, non Médéric » ou le contraire…
Processus de décision
28Chez nous, il faut qu’il y ait consensus. Chacun soumet des prénoms et on y va de nos impressions. Parfois, on en raye. D’autres fois, on en ajoute. Marilou dans le forum présente une autre option misant sur l’attribution d’une note un peu comme un bulletin. Elle part, elle aussi, d’une liste de prénoms. « Je mets des -, des -- (en fait, moi je n'en ai pas parce que les --, je ne les mets pas dans ma liste!), des +-, des + ou des ++ et je la donne à mon chum. Celui-ci les note à son tour. Je reprends la liste et j'enlève tous les - ou --. Si la liste est longue, je ne garde que les noms où un + ou ++ apparaît. Pas besoin que les deux aient mis des +. On regarde la liste quelques mois. Des fois, on change d'idée sur les notes que l'on avait mises à certains noms. Et si c'est encore trop flou, on ne garde que les noms ou l'un de nous a mis un ++. »
Le processus est parfois long et laborieux, parsemé de discussions et de débats corsés. Mais quoi qu'il en soit, il faudra fixer notre choix d’ici 4 mois et demi. Maximum! Encore environ 150 jours de suspense!
Coups de cœur
Vous les attendiez… les voici! Nos coups de cœur : Adrien, Victor, Léo, Léon, Edmond, Henri, Florent, Élie, Siméon, Médéric, Clément, Arnaud, Caleb, Colin, Thierry, Ovide et Albert.
Bonne semaine!