La place de l’empathie
Les temps sont durs pour l’empathie. Avec les jugements hâtifs sur les médias sociaux et dans les journaux et la polarisation des débats, on oublie souvent que les gens en face de nous sont affectés par nos actions et par nos paroles. Pour que les enfants apprennent l’importance de l’empathie malgré ce contexte contraire, ils ont besoin de nous, parce qu’ils ne ressentent pas les émotions des autres et qu’ils ont de la difficulté à s’imaginer qu’elles existent.
Contrairement à notre physique et à bien d’autres traits, l’empathie n’est pas acquise à la naissance, elle s’apprend (et le plus tôt sera le mieux). Les stratégies qui suivent permettent d’enseigner aux enfants à réfléchir à ce que les autres ressentent et à faire preuve de plus d’empathie.
Donnez l’exemple
Commencez par faire preuve d’empathie vous aussi, en laissant moins de place à l’autorité et à la colère. On fait souvent preuve d’empathie, en tant que parents, mais on ne l’exprime pas toujours à haute voix. On a plutôt tendance à vouloir corriger les comportements fautifs pour intervenir rapidement. Pourtant, en parlant à vos enfants de ce que vous pensez que les autres ressentent, ils penseront plus souvent à se mettre à la place des autres. Par exemple, au lieu de dire qu’il « doit se laver les mains parce que », dites-lui que c’est pour « éviter d’être malade et de transmettre à d’autres les petits microbes qui rendent malade. »
Le ton et les mots
Choisissez soigneusement les mots que vous utilisez pour parler à vos enfants de leurs émotions et demandez-leur souvent comment ils se sentent. Qu’est-ce qui était le plus excitant à la Ronde? Qu’est-ce qui était le plus intéressant à l’école? Est-ce que ça t’a fait de la peine quand untel t’a pris un jouet? Qu’est-ce que ton meilleur ami trouve le plus drôle? La capacité d’exprimer ses propres émotions est un pas de plus vers la reconnaissance de ces émotions chez les autres aussi.
Les événements marquants
Quand il arrive quelque chose d’important comme une naissance, un décès, une séparation ou une maladie, vous pouvez parler avec votre enfant de ce que ça représente pour la personne qui le vit, mais aussi les personnes qui l’entourent. Ça aidera votre enfant à faire preuve d’empathie puisqu’il comprendra ainsi toute une gamme de réactions et d’émotions vécues par les autres.
Aussi, même s’il n’est pas recommandé d’en parler abondamment devant les très jeunes enfants, les crises mondiales, les catastrophes et les horreurs qui font l’actualité sont quand même au centre de vos vies. Ces événements tristes sont aussi des occasions de transmettre l’empathie à vos enfants en démontrant vous-même de l’empathie pour les personnes affectées, même si elles sont bien loin de la maison.
Les dilemmes
Parlez-leur des dilemmes auxquels vous faites face pour qu’ils comprennent rapidement que tout n’est pas blanc ou noir. Par exemple, vous pouvez leur dire que vous ne savez pas si votre amie le prendra mal si vous invitez quelqu’un qu’elle n’aime pas à la fête que vous avez organisée. En voyant qu’il existe des situations complexes, votre enfant saura que les autres aussi ressentent parfois des émotions contradictoires. Avant longtemps, votre enfant aura aussi à faire des choix : aussi bien lui apprendre à tenir compte des autres!
Parler des différences et des difficultés
Quand les enfants remarquent des différences visibles avec d’autres personnes, que ce soit à cause d’un handicap physique, d’un trouble neurologique, de son habillement ou d’autre chose, vous pourrez aussi ouvrir une conversation pour leur apprendre l’empathie. Vous pouvez leur expliquer brièvement les sources de ces différences et leur rappeler que les émotions sont les mêmes pour tous. Vous pouvez aussi les encourager à écouter ces amis plutôt qu’à supposer qu’ils les comprennent en se basant sur ce qu’ils voient. Ils découvriront de nouvelles perspectives que vous ne pourriez pas leur enseigner.
Finalement, vous pouvez prendre le temps de parler des situations globales de la société et zoomer sur les émotions individuelles. Ainsi, vous leur montrerez que les groupes de gens différents sont constitués d’individus qui vivent chacun des émotions qui leur sont propres.
Plusieurs bons films peuvent aussi ouvrir les enfants à la différence sans leur faire la morale. Paddington, par exemple, et Ernest et Célestine en font partie.
Connaître les émotions et les contrôler
Quand vous remarquez que votre enfant ressent quelque chose, mettez des mots sur cette émotion pour l’aider à l’identifier. Quand il pleure, vous pouvez lui demander ce qui le rend triste. Quand il sautille, vous pouvez lui demander pourquoi il est heureux comme ça. Prenez le temps de parler des émotions des personnages qu’il connaît aussi. Vous pouvez aussi lui apprendre à maîtriser ses émotions, notamment la colère, pour qu’il garde les idées claires en toutes circonstances. Il est plus facile de faire preuve d’empathie quand on est calme.
Encourager la générosité et la gentillesse
Soulignez les bons coups de votre enfant et des autres personnes en les remerciant et en les félicitant le plus souvent possible. Dites-leur aussi l’effet que leur générosité et leur gentillesse ont sur vous : ça vous a rendu le sourire, ça vous a fait plaisir, ça vous a rendu de bonne humeur.
Enseigner la politesse
La politesse donne souvent de beaux résultats chez les autres et un « merci madame » bien accueilli par la voisine lui donnera un bel exemple de ce que nos bons comportements peuvent avoir comme effet positif chez les autres.
Les bébés et les animaux
Les bébés et les animaux aident à enseigner l’empathie parce qu’ils ne parlent pas. Il est donc facile de s’imaginer ce qu’ils ressentent avec un enfant et de jouer à ce qu’ils nous diraient s’ils étaient capables de parler.