Nous vivons dans un monde ou la performance est mise de l’avant. Il faut bien sûr exceller dans son domaine et, si possible, dans tout – tout simplement. Cette volonté d’être le meilleur peut aussi polluer la vie de nos enfants, particulièrement si on les fait participer à ce jeu malsain.
On se compare
La comparaison n’est jamais souhaitée, mais, accordons-nous, n’éveillant pas nécessairement des sentiments d’envie ou de jalousie, elle n’est pas toujours malsaine. En fait, surtout lorsqu’il s’agit de notre premier enfant et qu’on se retrouve un peu perdue, elle peut parfois même nous sécuriser. Inversement, en comparant son bébé aux autres, il y a aussi un risque de s’inquiéter inutilement. On le sait : tous les enfants ne marchent pas ou ne parlent pas au même âge, et si un le fait beaucoup plus tôt que l’autre, cela ne veut pas dire qu’il sera nécessairement le prochain Beethoven. En comparant ainsi votre enfant à d’autres, vous pourriez être tenté de le faire évoluer trop rapidement, ou même développer un sentiment de frustration envers votre enfant qui, par exemple, n’est peut-être pas encore propre ou tarde à dire ses premiers mots. De tels contextes favorisent un climat de pression, où l’échec n’est plus une option, puisque la comparaison mène souvent à la compétition.
Pression et compétition
La compétition est l’expression naturelle du désir d’exceller et, gérée convenablement, elle est un excellent moteur de croissance. Cependant, celle-ci peut aussi placer énormément de pression sur les épaules des enfants. Avant tout, l’enfant veut plaire à son parent, et s’il a l’impression que c’est en excellant qu’il réussira à gagner l’estime de ce dernier, il fera tout en son possible pour y arriver, quitte à mettre son propre bonheur en péril.
C’est vrai en sport, par exemple, ou l’on assiste à certains débordements peu élégants de la part de certains parents, dans les estrades. En plus d’en demander beaucoup, parfois trop, à leurs enfants, ils risquent aussi de miner les relations que celui-ci a avec ses coéquipiers, qui, soit le surpassent, soit ne sont pas assez talentueux.
Bien sûr, il arrive aussi que cette dynamique de compétition s’installe entre deux sœurs qui ont des bébés d’âge rapprochés, ou même des amies, et cette pression peut d’ailleurs être ressentie à l’école.
Hyper-éducation des enfants
Le terme « hyper-éducation » a été inventé par le psychiatre Alvin Rosenfeld et la journaliste Nicole Wise, auteurs des livres Hyper-Parenting : Are You Hurting Your Child By Trying Too Hard? et The Over-Scheduled Child: Avoiding the Hyper-Parenting Trap. Dans ces deux essais, les auteurs critiquent le sens des priorités de certains parents qui « investissent davantage d’énergie à apprendre à leurs enfants comment bien servir au tennis plutôt que de leur apprendre à bien servir l’humanité. Ils travaillent plus fort à leur montrer à bien parler en public plutôt que de leur apprendre à communiquer ouvertement et honnêtement avec les autres. »
En plus de créer du stress tout à fait inutile pour les enfants, ce comportement d’hyper-éducation déséquilibre la vie des parents, qui négligent souvent leur couple, leur vie sociale et leur développement personnel parce qu’ils sont trop occupés à maximiser le plein potentiel de leurs enfants, en les traînant au piano, au karaté, à la danse, natation, soccer, espagnol… Pour bien se développer, les enfants ont aussi besoin de temps libre et de s’amuser.
L’enfant parfait
Le secret pour qu’un enfant se sente confortable dans un contexte de compétition n’est pas si compliqué : tout est une question d’équilibre, équilibre entre ses attentes et son potentiel. Bref, cette compétition ne devrait pas détruire l’estime de soi de l’enfant, et le rôle des parents est alors primordial. En effet, toutes les études s’entendent pour dire que, pour nos enfants, nous demeurons les modèles les plus influents. Et pour que la compétition soit saine, donc agréable, elle doit toujours être présentée de façon positive.
Il faut à tout prix éviter d’investir dans « l’enfant parfait » et prendre l’enfant tel qu’il est, vraiment. En vantant ses prouesses avec orgueil, vous ne l’encouragez pas, mais ajoutez encore de la pression sur ses épaules. En somme, les attentes des parents devraient toujours correspondre au développement progressif des habiletés réelles de l’enfant, et non à la vision que l’on se fait de la réussite. Un enfant doit se sentir aimé pour qui il est, pas seulement pour ses succès.