Après 9 mois de cohabitation auxquels on ajoute des dizaines de semaines de congé de maternité, il est normal qu’un lien privilégié se tisse entre la mère et le bébé. Le lien d’attachement est nécessaire, même primordial. C’est un lien d’affection intense qui se développe au fil des jours et lorsqu’il répond adéquatement aux besoins physiques et émotionnels, on dit que le lien d’attachement est sécure, c’est-à-dire que l’enfant sent qu’il peut compter sur ses parents et se sent assez confiant aussi pour partir explorer son environnement.
Fusion nécessaire… mais pas unique!
Aussi, les premiers mois passés avec son enfant sont décisifs pour la création et le développement du lien d’attachement, qui aura un impact décisif tout au long de la vie de l’enfant. Les mois suivant sa naissance (jusqu’à 8 mois environ), l’enfant n’a même pas conscience de son propre corps, il ne fait encore qu’un avec sa mère. Ils vivent tous les deux dans une sorte de symbiose accentuée parfois par les corps à corps fréquents et les longs moments en tête à tête. Vous êtes attirés spontanément et parfois même viscéralement par votre enfant et pour lui, vous êtes tout ce qu’il connait.
Toutefois, cette relation privilégiée, bien que bénéfique, doit évoluer vers l’individualisation de l’enfant. Une fois, le lien bien établi, la mère doit comprendre qu’elle n’est pas la seule en mesure de s’occuper de son enfant. Même si leur relation est unique et irremplaçable, la mère doit accepter de « partager » son enfant. D’abord, c’est primordial pour que votre enfant acquière une certaine autonomie et une indépendance. Il comprend qu’il peut « vivre » sans vous.
Aussi, de votre côté, vous pourrez retrouver votre rôle de femme et non seulement de mère, laissant aussi la chance au papa de prendre sa place comme il lui convient.
Ultra-protection et jalousie
Il est vrai que l’amour qu’on porte à notre enfant est sans mesure. Beaucoup seraient prêtes à sauter en bas d’un pont pour sauver leur enfant. Mais entre aimer très, très fort notre enfant et dire qu’on est « en amour » avec lui, il y a une subtilité qui demeure. Cet amour compense-t-il notre vie amoureuse en dents de scie? Pour notre propre enfance chaotique?
Aussi, le conjoint (et papa!) peut devenir jaloux ou irrité par cette situation. Cet état fusionnel entre l’enfant et la mère n’est pas souhaitable à long terme ni de façon excessive. Et il n’est pas question de ne pas aimer suffisamment son enfant. L’amour qu’on porte à son enfant, c’est aussi accepter de le laisser créer des relations avec d’autres et ne pas l’emprisonner dans notre amour.
De fait, il n’est pas rare que la vie de couple souffre de cet amour fusionnel entre la mère et l’enfant. Cette dernière est tant « comblée » par son enfant qu’elle peut négliger son couple. Attention! Il faut savoir être à la fois une mère et une amante. Et l’une n’efface pas l’autre. Retrouver votre intimité après l’arrivée de bébé est nécessaire à une vie de famille – comprenant le couple et les enfants – épanouie.
Coupure nécessaire
Le père joue un rôle primordial dans cette relation triangulaire. En effet, c’est par son implication et sa présence qu’il arrivera à créer une distance saine et nécessaire à la construction de l’enfant. Pas question ici de briser le lien de façon drastique. Mais en étant là, comme un troisième membre de ce trio, le père permet à l’enfant de se détacher de la mère pour se tourner vers le monde. C’est un processus nécessaire au développement, à l’épanouissement et à l’individualité de l’enfant.
Trucs pour que la fusion ne devienne pas une intrusion
- Faire garder l’enfant progressivement (un peu plus longtemps chaque fois, si la séparation est difficile), mais chaque semaine.
- Laisser le papa s’en occuper à sa façon le plus souvent possible. Ils ont un lien à bâtir eux aussi.
- Accepter que d’autres personnes prennent soin et s’occupent de votre enfant, même en votre présence.
- Faire confiance à votre entourage quand il s’occupe de vos enfants.
- S’accorder du temps pour soi.
- Retrouver l’intimité dans votre couple (voici 12 gestes pour créer une magie!).
- Trouver une activité où notre enfant est en contact avec d’autres enfants de son âge.
- Faire des sorties : entre filles, avec bébé et en famille.
En amour avec ses enfants?
Voici ce qu’on en pense sur la page Facebook de Mamanpourlavie.com.
Je dirais que j'aime mes enfants plus que tout au monde puisqu'ils sont une partie de moi. Toutefois, je ne dirais pas que je suis « en amour avec mes enfants ». Je suis évidemment « en amour avec mon conjoint ». Pour moi, c'est différent, donc, l'amour que l'on porte à ses enfants et celui envers son amoureux. (Sandra)
Il y a plusieurs formes d'amour; passion, filial, amical, raisonnable, et plus encore... être en amour avec son enfant est souhaitable, même que le contraire est plutôt malsain d'après moi… (Valérie)
Moi je suis en amour avec ma fille. Je lui donnerais ma vie, un poumon, mon sang si je le pouvais (d'ailleurs, beaucoup de mamans feraient comme moi)! Je suis en amour avec mon conjoint aussi, mais l'amour que je ressens pour chacun est différent. Je ne vois rien de malsain à être en amour avec son enfant, car je l'aime énormément et je trouve ça dur lorsqu'elle est loin de moi. C'est une partie de moi, un moi minuscule! (Sabrina)
On m'a souvent dit ça! Beaucoup de mamans me disaient être en amour avec leur bébé et je trouvais ça plutôt étrange parce que moi je ne ressentais pas ça du tout. Ma fille a 9 mois et demi et j'ai longtemps eu de la difficulté dans ma relation avec elle. Je croyais que c'était instantané. On tombait en amour avec notre enfant dès sa naissance. Ça n'a pas été mon cas. Je dirais même que pendant mon accouchement j'ai dit au doc et à l'infirmière de ne pas me donner ma fille, que je ne voulais donc pas la tenir dans mes bras tout de suite. Je croyais que si je ne tombais pas en amour je n'aimerais pas assez mon enfant. Il y a eu une grosse adaptation à faire. J'aime énormément ma fille, elle est très importante pour moi, mais je ne peux pas dire que je suis en amour avec elle! On apprend à s'apprivoiser tranquillement. Peut-être qu'un jour je serai vraiment en amour avec elle, mais pour l'instant bien que le sentiment est fort, je n’ai pas du tout l'impression que c'est ça! (Annie)
Être en amour = ressentir de l'amour pour... pourquoi serait-ce malsain ou non souhaitable de ressentir de l'amour pour ses enfants? Cette expression peut s'appliquer sans problème à toutes les formes d'amour, je ne vois pas pourquoi il faudrait le restreindre au conjoint ou à la conjointe... Y a une règle de français qui dit ça quelque part? Je ne la connais pas alors. (Céline)