Dans tous les cas, j’ai toujours été du genre YOLO (You Only Live Once) et j’ai profité de la vie, je me suis gâtée et je n’ai aucun regret. Il faut comprendre que j’ai quitté le bercail familial à l’âge de 18 ans. J’ai donc dû subvenir seule à mes besoins assez tôt dans ma vie de jeune adulte : loyer, études collégiales et universitaires, voyages, etc. J’étais assez responsable, je dois préciser, mais tout l’aspect planification financière, épargne et budget a été très longtemps nébuleux pour moi. À vrai dire, je n’accordais aucune importance à cet aspect de ma vie. Bien que je sois travailleur autonome depuis 2005 (c’est à dire sans réelle garantie de salaire), je n’ai jamais planifié ma retraite ou un fond d’urgence. J’ai toujours vécu d'un contrat à l'autre. Je sais, c’est terrible, mais bon, on est là pour en discuter n’est-ce pas?
C’est à l’arrivée de ma fille que j’ai eu mon wake up call. 38 ans, pas d’épargne, pas de revenu régulier, pas de REER, pas de CELI ou autre. Mère monoparentale, sans soutien financier du père, travailleure autonome, entrepreneure...vous voyez le genre. Très rapidement, j’ai su que les choses devaient changer. Tant qu’il ne s’agissait que de moi, je ne voyais pas trop l’urgence de me prendre en main côté finances. Mais avec un enfant à charge, c’était tout simplement impossible de continuer dans cette lignée. C’était impensable, voire irresponsable pour moi d’imaginer élever un enfant sans savoir si je pouvais subvenir à ses besoins primaires. Ça a donc été le point de départ de ma prise de conscience et du travail que j’ai fait pour m’assurer que jamais ma fille ne manque de quoi que ce soit.
Je sais qu’il est parfois difficile d’aborder ces questions. L’argent et les finances sont des sujets tabous, mais ne pas en parler n’arrange rien. Prétendre être ou prétendre avoir ne change pas la réalité de la situation dans laquelle on se retrouve. Se voiler la face ne fait qu’empirer les choses. La clé pour moi, c’est d’en parler et de s’entraider. Je peux dire que ma situation s’est vraiment améliorée et que je suis fière de voir le chemin que j’ai parcouru en moins de deux ans pour avoir une bonne santé financière. Mon but n’est pas d’être hyper riche, mon but est d’atteindre une indépendance financière qui me permettra d’avoir un filet de sécurité et d’être libre.
Je ne suis pas exactement là où je voudrais être, mais je suis sur la bonne voie et voici quelques conseils que j’aimerais partager avec vous pour vous permettre de prendre vous aussi le contrôle de vos finances :
Faire face à la réalité
C’est facile de prétendre que nos dettes n’existent pas ou de ne jamais regarder le montant qu’il y a dans son compte de banque, mais c’est la pire erreur. Oubliez l’adage « Fake It Till You Make It », c’est une route express vers la faillite. Mon premier réflexe a été de faire l’état des lieux et de visualiser toutes mes dettes pour avoir un portrait réaliste de la situation.
Ensuite, j’ai appelé un ami qui est directeur dans une banque. Je lui ai demandé des conseils pour voir plus clair et mettre de l’ordre dans mes finances. Ses conseils ont été précieux. Il m’a expliqué quoi faire pour améliorer mon crédit et m'a fait comprendre différents aspects importants sur la gestion des avoirs. Ex : avoir des comptes ouverts et programmer des prélèvements automatiques pour être certain de ne pas manquer de paiements. Cela peut aider à améliorer votre crédit assez rapidement. Ou encore, posséder une carte de crédit et toujours payer l’intégralité de la balance (et pas seulement le minimum requis). Des choses simples, mais qui ont un réel impact.
Pas de contrôle sans budget
Ensuite, avec l’aide d’une amie, j’ai appris à faire un budget. Mon premier budget personnel, je l’ai fait à 40 ans. Preuve qu’il n’est jamais trop tard. Quand j’ai réalisé le nombre de dollars que je dépensais dans des restaurants ou autres futilités, ça m’a choquée. À l’aide des options de classification de dépenses que m’offre mon institution bancaire, j’ai pu avoir un portrait clair de mes dépenses afin de prendre les décisions qui s’imposaient pour redresser ma situation. Via ma banque, j’ai créé un budget et j’ai catégorisé mes dépenses mensuelles en m’imposant des limites par catégorie. De cette façon, j’ai un contrôle total sur mes entrées et sorties et un constant rappel de mes limites. Pas une journée ne passe sans que je vérifie toutes mes transactions et mon compte bancaire. J’essaie d’éviter d’utiliser ma carte de crédit et centralise toutes mes dépenses sur ma carte débit pour avoir le maximum de suivi sur mes dépenses. C’est fou, mais grâce à cet exercice, j’ai réussi à économiser une somme importante en six mois. Si votre banque a l’option de budgétisation et de catégorisation des dépenses, c’est vraiment des outils à utiliser.
Être payé à sa juste valeur
Pendant longtemps, 10 ans plus précisément, j’avais un client régulier qui m’offrait des honoraires acceptables, mais très en dessous de la valeur du marché (étant un OSBL) et de ma valeur compte tenu de mon expérience. Avec des objectifs clairs, je savais qu’il fallait que je demande une augmentation de salaire et des versements mensuels au lieu des trois versements par année que j’avais l’habitude de recevoir par le passé. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai fait mes demandes. À ma grande surprise, ils ont accepté toutes mes conditions. J’ai donc maintenant un revenu mensuel régulier qui me permet d’avoir encore plus de contrôle sur mon budget. Pour arriver à une autonomie financière, il faut avoir un revenu capable de nous y conduire. C’est donc important d’avoir une attitude en phase avec votre objectif. N’ayez pas peur de demander ce que vous pensez avoir droit.
J’ai fait la même chose pour un projet pour lequel j’étais bénévole. Je reçois maintenant une petite mensualité pour mes services. Il faut oser!
Même si je développe mon entreprise en ce moment, contrairement à ce que j’aurais fait par le passé, j’ai décidé de garder des mandats récurrents en attendant que mon entreprise prenne son envol et que je puisse me verser un salaire décent.
Avoir des objectifs et épargner
Je vous l’ai dit plus tôt, je n’ai jamais épargné de ma vie, mais avec le rêve d’acheter une maison, on s’entend que je devais m’y mettre. Planifier ma retraite est également une priorité pour moi, alors je devais trouver des manières d’épargner. Avec mon budget, j’ai pu identifier les postes de dépenses que je pouvais diminuer pour me permettre d’économiser. J’ai ouvert différents comptes (REER, Mise de fonds, Épargne Études enfants, Vacances) via mon institution bancaire et j’y dépose tous mes surplus de revenus en plus d’avoir programmé dans mon budget un montant mensuel dédié à ses différents comptes épargne, qui sont prélevés automatiquement. L’épargne automatique est une bonne manière de s’assurer de se commettre à un montant et de le respecter.
Pour arriver à mes objectifs d’épargne, j’ai pris quelques contrats de chroniqueuse et parfois, j’accepte de petits mandats afin d’augmenter les montants d’épargne que j’accumule. Sérieusement, voir mon épargne augmenter est devenu addictif. C’est tellement satisfaisant et gratifiant de voir qu’on se rapproche de nos objectifs que ça devient facile de dire non à certaines choses et de prioriser ses rêves au lieu d’essayer d’épater la galerie.
J’utilise aussi mes excédents de revenus et mon épargne pour planifier l’avenir. J’ai donc souscrit à une assurance invalidité et une assurance vie. Ce sont des choses qu’on néglige parfois, mais qui sont importantes quand on a des enfants.
Vivre selon ses moyens
Une des plus grandes erreurs qui nous empêche d’atteindre nos objectifs est celle de vivre au-dessus de nos moyens. Anecdote personnelle. Je vis dans un super 3 1/2 à Outremont. J’habite dans ce logement depuis 2012 et durant mes années de célibat sans enfant, ce logement était parfait. À l’arrivée de ma fille, j’ai décidé de le garder pour des questions de budget, mais aussi parce que j’adore le quartier. L’an dernier, je commençais à le trouver trop petit et je rêvais d’un grand appartement avec bain pour ma fille (on a juste une douche). Je commençais à être malheureuse dans cet appartement. Alors j’ai décidé de donner tous mes meubles et d’en acheter des nouveaux et de refaire la déco complètement. Perte d’argent ! Au bout de quelques mois, retour à la case départ, j’avais encore les blues et je voulais déménager. Je me suis mise à chercher des appartements dans mon coin et ils étaient hors de prix. Ma bonne amie Nadia m’a alors fait réaliser que je devais plutôt me concentrer sur mes objectifs plutôt que sur mes sentiments. Je pouvais bien déménager et payer le double du prix pour un logement, mais je pouvais aussi décider d’économiser cette différence pour ma mise de fonds et acheter la maison de mes rêves. J’ai donc analysé le pour et le contre, et compris que pour l’instant mon 3 1/2 était tout ce qu’il nous fallait et je me suis mise à économiser avec enthousiasme pour nous offrir notre chez nous d’ici un an ou deux. Et depuis, je ne me plains plus. Je me fous de ce que les gens peuvent bien penser. Je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai et je travaille fort pour réaliser et atteindre mes rêves.
J’ai aussi arrêté le shopping incontrôlé. J’ai demandé à une amie styliste de me faire une garde-robe d’essentiels et je me contente d’avoir peu de pièces, mais assez versatiles, pour pouvoir me faire des looks intemporels.
Avant d’acheter quelque chose, je me demande toujours : est-ce que ça va permettre d’atteindre mon objectif d’indépendance financière? Si c’est non, je laisse tomber la plupart du temps. Quand il s’agit de trucs pour moi, cette technique marche plutôt bien. Je dois peaufiner cet art pour les choses qui concernent ma fille, je ne peux rien lui refuser ou presque!
Pour conclure
Je sais que mon article est long, mais en tant que mère monoparentale, j’ai dû faire des choix et prendre ma vie en main au bénéfice de ma fille. Ce n’est pas toujours facile. Je travaille énormément et j’ai peu de temps pour moi. J’essaie quand même d’avoir une balance et me gâter de temps en temps. C’est certain que parfois je dépasse les limites de mon budget, mais j’essaie le plus souvent d’y remédier en balançant ailleurs. Ça prend de la volonté, ça prend du courage, mais ça prend aussi un entourage qui vous supporte, vous encourage et qui comprend ce que vous traversez et les efforts que vous mettez pour reprendre le contrôle de votre vie et vos finances. Ça prend surtout de l’honnêteté et d’être vrai avec soi-même.
Et une chose pour terminer, c’est important de transmettre à nos enfants des notions d’éducation financière. Ils ne font pas avoir peur de parler d’argent, de finance et d’épargne. C’est même très formateur pour les enfants d’être initiés à un très jeune âge sur ces questions.
Des suggestions de lecture
- The 5 Second Rule (La règle des 5 secondes) de Mel Robins
- Miracle Morning, offrez-vous un supplément de vie ! de Hal Elrod
- Rich Dad, Poor Dad (Père riche, Père pauvre) de Robert T. Kiyosaki