Mayday Mayday. On se calme, je n’ai pas l’intention de finir vieille fille. C’est simplement que si ça arrive, l’acte ne mènera pas à la procréation. J’ai réfléchi longtemps avant de prendre cette décision, mais pour une raison que j’ignore, je ressens la même pression que l’on met aux femmes qui ne veulent pas d’enfants. Pourtant, j’ai une petite fille de deux ans qui me comble, mais encore là, ce n’est pas suffisant pour certains. Il n’est pas normal que je ne puisse désirer qu’un enfant. Ça ne cadre pas dans le format familial idéal qu’ils se sont imaginé.
Cette pression me lasse et me fatigue vraiment. Je suis adepte du vivre et laisser vivre. La maternité est la plus belle chose qui me soit arrivée, je vous l’assure. Je ne regrette aucun passage obligé de cette aventure unique, mais c’est aussi la plus difficile. Elle m’a beaucoup appris sur moi et sur ma capacité à renoncer à ma liberté au nom de l’amour. J’ai beau vivre pleinement chaque instant et compter mes bénédictions, je ne recommencerais pas! Élever un enfant complètement seul remet bien des choses en perspective, mais surtout ça nous apprend à apprécier l’essentiel.
Quand je me souviens de ma grossesse, je me dis que je ne veux plus revivre cette gamme d’émotions. 9 mois seule. Jamais je n’ai pu ressentir la main du père de ma fille sur mon ventre. Tous les rendez-vous médicaux en solo. J’ai eu mon lot de mauvaises nouvelles pendant ma grossesse et j’ai dû les affronter seule pendant 4 mois. Les tests de dépistage à ne plus finir, le travail prématuré à deux reprises, l’alitement forcé, les déplacements en chaise roulante. Peinturer, décorer la chambre de la petite seule ou avec une amie. Planifier son arrivée seule. N’avoir aucun souvenir du bonheur partagé de l’attente de notre bébé. 30 heures de travail pour finalement accoucher par césarienne sans le père de ma fille à mes côtés. Toutes les nuits à m’occuper de ma fille sans le soutien de quiconque. D’apprivoiser la maternité sans repère. De reprendre le boulot après 1 mois faute de pouvoir prendre de réel congé de maternité, car les factures l'obligent. C’est dur de traverser autant d’épreuves et d’avoir encore le goût de recommencer. C’est épuisant! Et ce n’est pas fini, l’aventure ne fait que commencer.
J’étais prête à sacrifier une partie de moi, de mes rêves et de mes aspirations pour vivre la maternité. C’était un choix volontaire et éclairé. Je n’avais pas calculé être mère monoparentale et sincèrement les sacrifices sont beaucoup plus importants que ceux je m’étais imaginé. Cela ne m’empêche pas d’apprécier chaque instant et d’être reconnaissante du privilège d’être la mère de cet enfant qui m’apporte tellement de bonheur, me fait grandir, me permet d’être une meilleure version de moi-même, mais surtout m’oblige à ne jamais baisser les bras.
Ça peut paraître égoïste, mais la vérité est que j’ai sacrifié beaucoup de moi pour cet enfant sans aucun regret, mais je n’ai ni la force ni l’envie de me priver davantage et surtout je ne prendrai plus jamais la chance d’élever un enfant seule. Le tribut est trop lourd à payer.
J’entends toutes sortes d’arguments pour me convaincre que je fais fausse route et que je devrais vraiment garder l’esprit ouvert et entrevoir la possibilité de faire un autre enfant. Je comprends les motivations, mais non! Même si j’adore les enfants et que ça me fait un pincement de savoir que ma fille sera élevée seule alors que dans mon cas nous sommes 7 sœurs et frères et que la cellule familiale est hyper importante, ma décision est prise, c’est fini.
Les gens pensent sûrement bien faire en me partageant toutes les raisons pour lesquelles je devrais y réfléchir, mais pour être claire une fois pour toutes, voici mes arguments :
Pourquoi tu ne veux plus d’enfant?
Pourquoi tu en as un 4? J’imagine qu’on ne doit pas trop te poser la question. J’aimerais ça avoir le même traitement.
Tu n’aimes pas assez les enfants, c’est pour ça que tu n’en veux pas d’autres?
Comment dire, ça se passe de commentaires!
Tu es trop jeune pour prendre une telle décision.
Non j’ai 40 ans, c’est plus jeune jeune, même si je veux bien me faire à croire que j’ai l’air d’en avoir 30. La vérité, c’est que je n’ai pas envie de faire de l’algèbre et de la chimie à l’âge de la retraite. J’ai l’intention d’en profiter au maximum. Sérieux, je suis trop vieille pour perdre des nuits et me lever aux deux heures.
Si tu rencontres l’homme de ta vie, qu’il n’a pas d’enfant et qu’il en veut. Tu vas le laisser partir? Tu vas passer à côté du bonheur?
J’avoue que celle-là est difficile, mais si ça arrive et que c’est un deal breaker, oui, je le laisserais partir. Par contre, je pense que c’est une question que je mettrais sur la table dès le départ pour ne pas créer de fausses attentes et éviter d’en arriver là.
Eva ne peut pas être enfant unique, c’est trop triste.
Pourquoi pas? On ne fait pas un deuxième enfant juste pour gâter le premier. J’en connais des enfants uniques et ils ont survécu. L’important c’est qu’elle soit bien entourée par la famille et les amis proches. On parle souvent du syndrome de l’enfant unique et j’ai beaucoup lu sur la question. Je viens d’une famille de sept enfants et cela n’a pas empêché qu’on se sente parfois seul et qu’on grandisse chacun de notre côté pour la plupart. J’avoue qu’avoir quelqu’un avec qui jouer et partager des moments est extraordinaire, mais ce qui l’est davantage c’est de recevoir de l’amour et du soutien, et ça ma fille n’en marquera pas.
Si quelque chose arrive à ta fille, tu vas te retrouver seule.
Premièrement, qui dit une chose pareille? J’avoue, ça peut arriver, mais MY GOD, as-tu vraiment besoin d’augmenter mon niveau d’anxiété pour faire ton point? Je ne peux même pas trop élaborer sur ce thème. Je peux juste dire que oui, je vais me retrouver seule, mais j’aurai vécu la plus belle histoire d’amour. Une histoire irremplaçable.
Disons qu’il n’y a pas que des inconvénients à n’avoir qu’un enfant. Même avec ma carrière et mes ambitions professionnelles, je peux me consacrer pleinement à mon rôle de mes mères en même temps. Les deux se complètent et je m’en sors plutôt bien. Je ne sais pas si je serais capable d’en faire autant avec un autre enfant.
Il y a aussi des avantages sur le plan financier également. On ne va pas se mentir, ça coûte cher des enfants. Avec un seul enfant, je peux gérer mes finances, planifier pour l’avenir, investir dans mon entreprise et garantir à ma fille qu’elle ne manquera de rien.
Pour finir, je dirais tout simplement que je ne suis pas qu’une mère ou un parent. J’ai envie d’avoir du temps pour moi, de profiter de la vie et d’apprécier la maternité. Je n’ai pas envie que ça devienne une surcharge ou une corvée. Encore là, je parle pour moi, en fonction de ma réalité et de mes sentiments. Je n’ai pas l’intention de convaincre les autres de n’avoir qu’un enfant, tout comme c’est parfait d’en vouloir plusieurs. C’est juste une question de respect, et j’aimerais que mon choix soit respecté et compris.