Mais après des heures à écouter ses histoires palpitantes, j’ai flanché et j’ai ouvert un compte. C’est qu’elle était très convaincante! Avec l’excitation d’une adolescente, elle m’a partagé le contenu de ses premières conversations et expliqué tous les possibles rendez-vous prévus – avec de parfaits inconnus – pour la semaine à venir. Ça me rappelait la nervosité des premiers instants, celle qui les rend magiques.
Mon amie est mère monoparentale, tout comme moi, et après 4 ans de célibat quasi monastique, elle a décidé de tenter sa chance en ligne. On connait toutes l’histoire d’une femme qui a rencontré l’homme idéal sur Facebook et qui file le parfait bonheur depuis. Un genre de conte de fées moderne qui n’arrive qu’aux autres. Bref, je me suis dit pourquoi pas, et surtout, qu’est-ce que j’ai à perdre?
La réponse ne s’est pas fait attendre; mon temps. C’est, sans doute, la chose la plus précieuse que j’ai perdu sur cette application.
Pendant, les premières minutes sur la plateforme, je me suis créé un profil et posté des photos qui m’avantageaient uniquement. J’ai sélectionné mes préférences et raconté des pseudo-vérités sur moi-même et mes attentes. Ne me jugez pas! On essaie toutes de se présenter sous son meilleur jour. Et les hommes/femmes sur ces plateformes en font tout autant.
Bref, après avoir minutieusement créé mon profil, je me suis mise à la recherche de potentiels candidats. Il faut que je réitère le fait suivant; depuis deux ans, je suis une mère monoparentale et je n’aie pas eu la moindre fréquentation, depuis la naissance de ma fille. En 2017.
Après avoir passé une heure ou deux à “swipper” à gauche, et après le rejet d’une centaine de profils, je me suis sérieusement questionnée sur la validité de la démarche. Six heures plus tard, je n’avais sélectionné que deux profils. J’ai découvert, avec surprise, qu’eux aussi m’avaient aussi choisi mais je n’ai jamais entamé la conversation.
Un à un, les profils partaient vers la gauche. Je les zappais à une vitesse effrénée. En un clin d’œil, je passais au profil suivant. À un moment, je me suis arrêtée net. Stupéfaite, je prenais conscience que je les rejetais, non pas parce que ces hommes ne me plaisaient pas, mais plutôt parce que je recherchais quelque chose dans leur regard. Je voulais trouver quelque chose qui laissait transparaître leur capacité à incarner une douce et responsable figure paternelle.
Après cette triste expérience, j’ai fait un constat. J’ai arrêté d’exister, en tant que femme à part entière, quand je suis devenue mère.
Bien malgré moi, j’ai pris conscience que mes besoins affectifs et sexuels avaient été relégués au second rang. Ce qui primait maintenant, c’était le bien-être de ma fille et la sauvegarde de mon équilibre émotionnel. Ce moment a été aussi révélateur que douloureux. J’ai réalisé que j’avais nié ma féminité, au profit d’un dévotion totale à mon rôle de mère.
J’ai donc supprimé mon profil Bumble. J’ai compris que j’avais un travail important à faire sur moi-même, avant de pouvoir laisser un autre homme entrer dans MA vie. Je dois apprendre à m’aimer – à nouveau – et prioriser mes besoins.
L’arrivée de ma fille a bouleversé mon univers. Je me mets une pression énorme pour ne pas la décevoir et pour lui bâtir un environnement de vie sain. Je me suis un peu perdue dans tout cela. Je suis certaine de ne pas être la seule à m’infliger cette énorme pression, tout en aliénant une partie de moi-même, pourtant essentielle à mon bonheur : mon droit à aimer et être aimée.
Pour m’exercer à assimiler les leçons de ma courte aventure sur Bumble, j’ai écrit ces 5 commandements. Je vous les partage humblement, en espérant vous aider à ne jamais oublier celle que vous étiez avant de devenir mère.
1 - Ton enfant tu aimeras, sans jamais oublier que « femme » toujours tu resteras.
2 - Point de remord tu n’auras, à te prioriser parfois.
3 - Moins sévère envers toi tu seras, car la mère parfaite n’existe pas.
4 - Liberté tu te donneras, de vivre des moments de plaisir pour toi.
5- Ton enfant tu protègeras, sans avoir peur de croire à l’amour encore une fois.