La neurodiversité n’est alors pas prise en considération et les lois biologiques de l’apprentissage sont négligées. J’ai parlé dans mon précédent billet des intérêts naturels et de l’implication des élèves dans les prises de décisions scolaires. J’aborderai maintenant les émotions et la relation enseignant-élève.
Les émotions
Nous sommes réticents à tenir compte du lien entre le cerveau, le corps et l’esprit alors que cela forme un tout indissociable. Les circuits neuronaux cognitifs et émotionnels forment un tout. Ainsi, ce sont nos émotions qui nous permettent de raisonner avec justesse, de réfléchir et de prendre des décisions. Nos émotions sous-tendent nos apprentissages.
En milieu scolaire, les émotions positives ou négatives influencent donc la manière d’apprendre des élèves : disponibilité aux nouveaux apprentissages, concentration, motivation, développement cognitif. Tous les aspects qui sont mis en avant plan dans nos écoles, soient l’apprentissage, l’attention, la mémoire, la prise de décision, les processus liés au langage, à la lecture et aux mathématiques ainsi que le fonctionnement social sont influencés par le processus émotionnel. Ainsi, plusieurs défis d’apprentissage que nos enfants éprouvent ne sont qu’en fait le reflet d’émotions non entendues et non exprimées.
Pour un enseignant, prendre le temps de regarder avec son élève comment il se sent, ce qu’il vit et prendre le temps de chercher avec lui des solutions est beaucoup plus avantageux, tant pour le développement de l’enfant que pour la quiétude de la classe. L’élève, en relation, sentira qu’il est considéré et important. Il développera son empathie à son tour. Un enfant qui se sent entendu, compris et respecté sera coopératif.
La relation d’attachement
Pour ces raisons, une autre de ces lois biologiques de l’apprentissage et la plus importante est l’attachement. La relation enseignant-élève (ou avec tout membre du personnel scolaire) est le déterminant principal parmi tout ce qui peut favoriser les apprentissages des élèves.
Notre cerveau humain est construit de manière à ce que nous avons besoin d’être en relation avec autrui pour apprendre. C’est un fait biologique. Il s’agit d’une relation dans laquelle l’enfant se sentira en sécurité affective, grandira et s’épanouira. Par cette relation, le bien-être des enseignants sera également optimisé. Rappelons que les enseignants sont principalement touchés par l’épuisement professionnel et que la principale cause de cet épuisement est des relations tumultueuses avec certains élèves. Ainsi, lorsque les émotions sont reconnues par l’enseignant, les besoins de son élève sont mis en lumière et il est possible de mieux cerner ses défis. La qualité de la relation s’améliore et cela se répercute sur les résultats scolaires, sur les comportements dérangeants, sur le développement social et émotionnel, sur leur motivation et leur coopération.
Il est à mon avis essentiel que les enseignants reçoivent des formations de base et en continu sur le développement affectif de l’enfant et sur les compétences socio-émotionnelles. Lorsque les enseignants ont des formations pour développer leurs compétences relationnelles, c’est également toute la diversité cognitive qui peut être vue comme une richesse et valorisée à sa juste valeur. La relation à l’enfant permet de comprendre le sens et la motivation de ses comportements et d’avoir de l’empathie envers ce que l’enfant ressent. Il n’est plus perçu comme un fardeau ni comme un élève en difficulté. Lorsque les émotions et les sentiments de l’enfant sont entendus, les comportements dérangeants n’ont plus lieu d’être. L’enfant est plus ouvert et apte à collaborer aux nouveaux apprentissages et projet de classe. Également, il devient possible de laisser plus de place à l’autonomie des enfants et donc de permettre et d’encourager les initiatives de ceux-ci. Leurs intérêts et passions peuvent être intégrés naturellement à leurs apprentissages. Lorsque les enseignants reçoivent ces formations, c’est leur manière d’enseigner qui change radicalement.
Nourrir des relations harmonieuses, bienveillantes, chaleureuses et empathiques ne doivent plus être considérées comme des alternatives superficielles, farfelues et utopiques. C’est une nécessité développementale neurobiologique.