Enfant

Les enfants et la maîtrise des émotions

Nous avons demandé à monsieur Larry Ferris, enseignant en éducation spécialisée et consultant auprès de parents depuis plusieurs années, de répondre à trois questions que plusieurs parents se posent sur l’apprentissage de la maîtrise des émotions.

Pourquoi est-ce important d’apprendre à nos enfants à identifier et à exprimer leurs émotions?

Parce que la compétence émotionnelle est une des compétences les plus importantes et qu’elle devient une base solide pour l’image que l’enfant a de lui-même. Il s’agit d’un élément clé du développement d’une bonne estime de lui-même et d’une base solide pour favoriser de bons rapports avec les autres.

Le très jeune enfant ressent « plein de choses » qui bouillonnent en lui : joie, tristesse, colère, peur, etc., sans qu’il sache ce que c’est, et cela peut être anxiogène. Il peut même se demander si ce qui se passe en lui est normal. Il est donc essentiel, dans un premier temps, de le rassurer en lui manifestant par un sourire, un geste de réconfort et des paroles. Après tout, il est non seulement normal de ressentir des émotions, cela est sain.

Il est essentiel d’aider l’enfant à identifier les émotions ou sentiments qu’il ressent pour qu’il puisse ensuite les exprimer. Cependant, cela constitue une première étape. Elle est importante, mais n’est pas suffisante. J’aime bien faire un parallèle avec la faim. Je demande souvent aux parents si le fait de constater qu’ils ont faim et de le dire suffit à régler la situation. Bien sûr, ça ne l’est pas. En plus de constater et de nommer la faim, il faut se préparer un repas et le manger pour qu’elle disparaisse, donc poser des gestes.

Pour revenir aux émotions, il est essentiel d’outiller les enfants avec des moyens concrets pour qu’ils puissent développer une bonne compétence émotionnelle.

Comment pouvons-nous, concrètement, bien outiller nos enfants?

J’aimerais apporter une précision importante. Quand je lis des documents sur le sujet, je remarque qu’il y est beaucoup question de la gestion et de l’expression des émotions et sentiments dits négatifs : frustration, colère, tristesse, etc., et c’est bien. Cependant, il est important de s’attarder aussi aux sentiments positifs. Identifier et exprimer la joie, le plaisir et toute émotion agréable permet de la savourer pleinement et peut permettre à l’enfant de relativiser. Ainsi, les émotions ne seront pas associées uniquement à quelque chose de désagréable.

Nous sommes le premier modèle de nos enfants, et le plus significatif. Leur donner un bon exemple constitue probablement un des premiers outils à leur fournir. Si on ressent, par exemple, de joie, de la colère, du stress, du plaisir, prendre le temps de nommer l’émotion à voix haute fait voir à l’enfant que nous aussi vivons notre lot d’émotions qui ont un impact sur nous

On peut apprendre à l’enfant le nom de divers types d’émotions et de sentiments. Le recours à des pictogrammes ou à des photos illustrant diverses émotions, comme les cartes photos Émotions est utile, surtout avec de jeunes enfants, car cela leur donne une image concrète. Vous pouvez aussi aborder la question par des personnages de livres d’histoires ou des marionnettes. Parlez à votre enfant de ce que ressentent les personnages, des causes possibles de ces sentiments.

Le jeu est un excellent moyen d’apprentissage pour les enfants. Un jeu de mémoire comme Jeu de mémoire émotions ou un jeu de société comme Drôles de familles permettent d’aborder la question dans un contexte ludique. Il existe aussi des masques émotions. L’enfant peut les utiliser pour représenter une émotion vécue ou s’en servir pour créer une histoire sur les émotions.

Ne banalisez pas les sentiments ou émotions de votre enfant. Évitez des phrases comme « Ce n’est pas grave, il ne faut pas être triste pour ça ». Reconnaissez son émotion et aidez-le à voir qu’il est normal d’en ressentir.

Comment pouvons-nous guider nos enfants sur le chemin de la maîtrise des émotions?

Cependant, s’il est normal, voire sain de ressentir des émotions, apprendre à les maîtriser est essentiel. Par exemple, éprouver de la colère n’autorise à avoir des comportements comme frapper les autres, lancer ou briser des objets, faire des crises.

Quand un enfant adopte un comportement inacceptable lorsqu’il vit des émotions intenses, il est important de refuser le comportement, mais il faut le distinguer de l’émotion. On peut dire : « Tu es fâché et c’est correct, mais tu ne peux pas frapper, briser quelque chose, etc. » Par ce type de comportement, l’enfant communique son besoin, mais de façon malhabile. Comme parent on peut lui dire : « Dis-moi plutôt ce que tu veux. » Même s’il s’agit d’un très jeune enfant, qui n’aura pas nécessairement la réponse, on lui manifeste alors que son besoin est important et on le guide dans l’identification de ce qui se passe en lui, mais on lui signifie que le comportement adopté n’est pas acceptable. Bien que ce soit difficile, notre rôle de parent consiste à mettre des limites et cela est fondamental dans le développement de la compétence émotionnelle de nos enfants. De plus, soulignez les réussites. Cela confirme à votre enfant que ce qu’il fait est bien et renforce son estime de lui et vous permet d’établir un contact positif et agréable avec lui.

Aussi, aidez votre enfant à se calmer en 3 étapes : se calmer, identifier l’émotion ou le besoin, puis trouver une solution. Il faut un minimum de calme pour que des solutions constructives se présentent. Le Volcan des émotions - Ma valise de solutions constitue un outil de choix pour guider l’enfant à ce niveau. Les enfants ont diverses émotions et réactions, selon leur développement, leur personnalité, leur culture ou leur environnement, il n’existe pas de solution unique qui convient à tous et qui soit pertinente dans tous les contextes.

En conclusion, je trouve toujours important de spécifier aux parents que j’accompagne que l’apprentissage des compétences émotionnelles est un travail à long terme, et pour lequel l’expression 100 fois sur le métier remettez votre ouvrage prend tout son sens. Alors il faut, comme parent, s’outiller de patience et de persévérance et ne pas se demander la perfection.

Larry Ferris

Enseignant en éducation spécialisée et consultant auprès de parents depuis plus de trente ans, Larry est passionné d’éducation. Père et grand-père, tout ce qui touche à la famille et aux compétences parentales lui tient à cœur. Il allie donc la formation de jeunes professionnels qui œuvrent auprès de diverses clientèles et le « coaching » de parents, pour le mieux-être de tous, les petits comme les grands. Pour joindre Larry Ferris : larryferris@videotron.ca


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