Bébé

Pour en finir avec le mythe sur les caprices d'enfant

« Ne fais pas ça, tu vas le gâter! » Voici une phrase que l’on a toute déjà entendue, n’est-ce pas? Mais que disent les spécialistes de tous ces « caprices d’enfant »?

Pas facile de faire la différence entre un besoin et un caprice! D’une part, on ne veut pas être trop laxiste et créer sur mesure un enfant roi, d’un autre côté, on craint d’être trop sévère. Faut-il céder, ou tenir ferme? Et que faire du regard des autres? Tous les enfants font des caprices : c’est ce que disent les psychologues, et les petites et grandes crises qui les accompagnent sont tout à fait normales.

Qu’est-ce qu’un caprice?

Si le caprice est si difficile à identifier, c’est peut-être parce qu’on le connaît mal. Un caprice, c’est en fait la manifestation d’un désir pressant, autoritaire, mais qui ne reçoit pas l’approbation du parent. Bref, l’enfant veut avoir un autre bonbon, le parent refuse, l’enfant pique une crise. Voilà!

Selon Freud, deux grandes lois sont à la base du psychisme : le principe de plaisir, et celui de la réalité. Or, le principe de la réalité confronte celui de plaisir, surtout chez les enfants, qui ont justement tendance à prendre leurs désirs pour la réalité. En outre, le caprice est une façon qu’à l’enfant d’exprimer son opposition à son parent, un besoin primordial. Ce faisant, il est en train de forger son être, sa personnalité, son moi. Ainsi, l’enfant va tester les limites, pour savoir jusqu’où il est possible d’aller…

Bref, l’enfant exprime un caprice face à un désir exprimé, mais qui n’a pas été comblé. Si l’enfant affirme néanmoins un besoin physique ou émotif, on ne parle pas de caprice. La clé est donc là : entre besoin et désir

Moins de 18 mois

En somme, vous ne gâtez pas votre enfant lorsque vous répondez à ses besoins, qu’ils soient alimentaires ou affectifs. D’ailleurs, il est maintenant prouvé qu’un enfant de moins de 18 mois est tout simplement incapable de faire un caprice : son cerveau n’est pas assez développé pour le faire! Ainsi, si bébé pleure, c’est qu’il a besoin de quelque chose. Évidemment, les enfants sont tous différents et certains demandent plus de réconfort que d’autres.

De plus, les bébés, comme les adultes, prennent des habitudes et sont très réceptifs à la routine. Dès lors, si vous changez brusquement une habitude (comme le coucher du jour au lendemain dans son lit alors qu’il dormait depuis des mois avec vous), il se pourrait qu’il réagisse mal. Est-ce à dire qu’il fait un caprice? Non, mais on a bousculé sa routine, et il a besoin de réconfort.

La poupée qui fait non, non, non…

C’est donc vers l’âge de 2 ans que l’enfant, qui veut être de plus en plus autonome, commence à exprimer plus seulement ses besoins, mais aussi ses désirs. Cette période est caractérisée par la confrontation et les sautes d’humeur, car lui-même ne fait pas la différence entre ses besoins et ses désirs!

À cet âge, toutes les crises (et elles peuvent être nombreuses) ne sont pas nécessairement des caprices. C’est donc à vous de vous exercer à les reconnaître. Comment? Si votre enfant parle bien, vous pouvez lui demander de s’expliquer, une fois qu’il sera calmé. Sinon, vous devez analyser la crise, en prenant compte de plusieurs éléments : le temps de la journée, l’endroit où vous vous trouvez, la situation en générale. Par exemple, s’il a sauté sa sieste et pleure pour une raison inconnue, c’est sans doute parce qu’il est fatigué. Il a donc besoin de repos. Souvenez-vous que, entre 2 et 3 ans, l’enfant vit dans l’instant présent.

Vous ne pouvez pas – ne devez pas – acquiescer à toutes les demandes de votre enfant. Ceci dit, lorsque vous refusez, prenez le temps de lui expliquer les raisons qui motivent votre décision. Il aura de la difficulté à comprendre au début, mais, au moins, il sentira que vous êtes là pour lui. Il a le droit d’être en colère : mais vous avez aussi le droit de dire non. 

Tester les limites

Lorsqu’un enfant fait un caprice, on a souvent l’impression qu’il fait exprès pour nous embêter : il nous teste! Pourtant, l’enfant de moins de 5 ans ne pique pas de colère pour ennuyer ses parents ou les faire disjoncter. Il fait plutôt ces petits caprices pour tester les limites : les siennes, les vôtres. Il apprend à son rythme que, dans la vie, on ne peut pas toujours avoir ce que l’on désire, et votre rôle est alors primordial.

Il peut en effet être tentant, à l’occasion, « d’acheter la paix », ne serait-ce que pour ne pas subir le regard des autres au supermarché. Pourtant, acheter un jouet réclamé à grands cris ne fait que régler temporairement un problème qui risque de devenir, par la suite, récurrent. En cédant, vous êtes en train de montrer à votre enfant que ses crises ont en effet un poids, et qu’elles lui permettent, ultimement, d’avoir ce qu’il veut. Selon les experts, il ne s’agit pourtant pas de manipulation, un raisonnement qui est trop complexe pour un enfant de cet âge. Il a tout simplement découvert quelque chose qui fonctionne.

Une bonne façon de limiter les frustrations de l’enfant, c’est de lui donner l’impression que, ultimement, c’est lui qui décide. Comment? En lui proposant un choix. Par exemple, en traversant la rue, offrez-lui de prendre la main droite ou la main gauche… Pour dessert, tu veux une pomme, ou un yogourt?

Établir des limites

L’enfant fait un caprice? La première étape est de tenter de le comprendre. « L’enfant qui a une réaction insolite a toujours une raison de l’avoir, écrivait Françoise Dolto dans Lorsque l’enfant paraît. Il ne veut plus avancer dans la rue : peut-être aurait-il préféré d’autres chaussures; peut-être marche-t-on trop vite; peut-être ne veut-il pas aller de ce côté-là... » Le jeune enfant ne sait pas exprimer ce qu’il ressent avec des mots, ce qui explique les grands élans qui ont toujours une raison, même si elle vous semble futile.

Donc, si l’enfant teste les limites, il est de votre devoir d’en tracer et que ces limites soient claires. Pourquoi ne pas vous donner en exemple : même adulte, on n’a pas toujours ce que l’on désire. Lorsque vous magasinez, par exemple, vous pouvez lui montrer certains vêtements que vous aimeriez, mais que vous ne pouvez pas, pour une raison X, vous permettre.

Bref, il faut répondre aux besoins de l’enfant, mais pas à tous ses désirs!

Image de Marie-Eve Bourassa

Autrice, scénariste, rédactrice et chroniqueuse.


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