Cela demande aussi une grande flexibilité et bien de la créativité pour se renouveler, et composer avec cette nouvelle réalité : différentes sources et une histoire avec plusieurs souches.
Depuis quelque temps, j’ai lu ceci sur les réseaux sociaux : « La fille de mon conjoint vit avec nous en garde partagée, et notre relation est très difficile, je n’arrive plus à communiquer avec elle et cela crée des tensions avec mon conjoint. » Voilà un commentaire de plus en plus courant, encore très tabou et qui réveille bien des maux.
Cette situation est touchante et pleine de sens. Nous voulons toujours bien faire, être aimé et accepté, mais quand cela se passe moins bien, cela génère une foule d’émotions et beaucoup d’incompréhension. La peur du rejet, la colère, la tristesse de ne pas réussir à ressentir de l’affection pour les enfants, les difficultés de communication et la crainte de conflits plus profonds pour le couple.
En cours de route
Prendre soin des enfants de l’autre est un dévouement extraordinaire, et même si on n’avait jamais imaginé éduquer les enfants issus d’un premier mariage, lorsque cela arrive, il est bien normal qu’il y ait des ajustements à faire pour accorder la nouvelle famille.
C’est compliqué de commencer l’histoire en cours de route. Les enfants ont des souvenirs, ils ont reçu une autre éducation et ils ont traversé la séparation de leurs parents. Ils sont donc plus sensibles, parfois plus fragiles et surtout, ils ont besoin de repères pour reconstruire. Cela implique généralement plus de réactions, d’opposition aussi car, pour avoir des repères stables, les enfants ont besoin d’une base cohérente et de sentir beaucoup d’amour.
Il ne va pas de soi cet amour-là! Il se construit et nous provoque même parfois. Parce que s’il est difficile d’élever ses propres enfants, nous sommes encore plus sensibles avec les enfants de l’autre, car c’est une terre à explorer, à découvrir et surtout, un pas perpétuel dans le passé de l’autre. Cela représente un vrai défi.
Les familles recomposées augmentent les difficultés car plusieurs acteurs, faits et habitudes sont reliés.
Former une équipe
Avant tout, il est important de nommer nos difficultés à notre conjoint. C’est important de sentir qu’on forme une équipe pour mieux appréhender les prises de décisions et exprimer ses besoins. Si on nie son état, il y a de grandes chances pour que la colère et la frustration demeurent. Or, si on exprime simplement ce qu’on ressent, il est plus facile de prendre soin de nos émotions sans laisser une situation dégénérer.
Il faut se rappeler que des enfants restent des enfants. C’est à nous de limiter nos attentes, épurer nos interventions, faire un retour à l’essentiel. Faire preuve de patience aussi, car le temps reste un facteur déterminant.
Adaptation et indulgence
Aussi, se préparer au retour des enfants (ou au départ) pour minimiser les foyers de stress et de disputes. Tout le monde est en adaptation, et souvent nos acquis sont à refaire, alors l’indulgence doit être maître! En général, les retours et les départs sont plus difficiles, alors il est possible d’aménager le quotidien de tous pour ne pas en avoir trop sur les épaules et respecter le rythme de chacun.
Encore une fois, il est primordial de ne pas prendre les réactions des enfants de manière trop personnelle. Il est sain que les enfants s’expriment, et nécessaire qu’ils réagissent pour trouver (ou retrouver) leur place. Pour se faire, il faut parfois se mettre en observation, en retrait, pour leur permettre de se réapproprier les lieux, l’atmosphère et la manière de faire.
Des astuces
Voici quelques astuces.
- Pensez à aménager des plages horaires où chaque enfant peut remplir son réservoir d’amour avec le parent et le beau-parent. Il s’agit de moments privilégiés pour connecter à nouveau, pour retrouver l’énergie.
- Mettez en place des moments de proximité communs où rien n’est organisé, juste profiter de temps ensemble, sans exigence ni consigne.
- Essayez de laisser les enfants gérer leurs conflits, le plus souvent possible. Souvent, ils trouvent leurs solutions eux-mêmes.
- Essayez de répondre aux besoins des enfants sans trop vous en faire avec la manière dont ils les expriment.
- Offrez un espace aux enfants pour exprimer leurs émotions, même si certaines choses peuvent être difficiles à entendre. Dans le respect, il est possible de mieux comprendre comment chacun se sent et il faut oser se dire les choses, même celles qui fâchent.
Temps et tolérance
C’est tout à fait normal de ressentir des émotions contradictoires, nous n’aimons pas changer nos habitudes, alors cela nous confronte de devoir faire des efforts, surtout quand ce que nous assumons n’était pas un choix au départ. Mais si on épure nos conflits, on réalise toujours que c’est un manque de communication qui fait défaut, qu’on refoule nos besoins ou qu’on ressent de la culpabilité face à notre ressenti.
On fait alors un pas à la fois vers la reconstruction de bases solides. Pour y arriver, il faut du temps, du recul, de la tolérance… L’amour a de multiples facettes. Libre à vous de dessiner votre propre histoire!
Références
- Formation Ma famille, une jolie mosaïque de Catherine Dumonteil Kremer
- Il n'y a pas de parent parfait d'Isabelle Filliozat, publié aux éditions Lattes, ISBN : 9782709625845, 32,95$
Publication initiale juillet 2017