Garderies

Qui appellera-t-il maman?

Il existe peu de mots pour décrire toute l’émotion que j’ai ressentie la première fois que mon enfant a murmuré le mot maman. Chaque fois que je l’entends, j’ai le sentiment d’être très privilégiée parce que je suis la seule personne sur Terre qu’elle pourra nommer ainsi. Le fait de porter ce nouveau nom a également suscité chez moi une réflexion sur la signification profonde de ce mot. Est-ce qu’être une mère se limite à l’acte de donner naissance? Certainement pas, direz-vous! Eh bien! Avec le rythme de vie que nous menons, je me le demande très sincèrement.

Lorsque le quotidien de certains enfants se résume à être au service de garde 12 heures par jour, je me questionne sur le sens que ces enfants donnent au mot maman. J’exagère? Pas tant que ça! Si vous vivez en banlieue de l’île de Montréal et que vous travaillez au centre-ville de 8h30 à 17h00, vous n’avez pas le choix de tenir compte du temps de déplacement pour vous rendre à ce lieu où on émet votre chèque de paye et votre enfant doit certainement arriver à la garderie à 7h30 pour n’en sortir que vers 18h00. Et bien sûr, cela est réaliste dans la mesure où vous avez pu vous libérer à 17h00 sans avoir été retardée par un collègue ou un client!

Quels parents que ces banlieusards, diront les adeptes de la vie au centre-ville! Avis à ceux qui lèvent le nez sur le grand 450. Vous demeurez probablement à Montréal depuis 10 ans! Vous avez pu acheter une propriété alors que le marché immobilier offrait une meilleure accessibilité à un jeune couple, tant pour l’achat que pour la location. Soyez assurés que plusieurs résidants des banlieues aimeraient certainement se rapprocher de leur lieu de travail pour réduire le temps de transport. Mais ils n’ont tout simplement pas les moyens de se payer une propriété au centre-ville. Ils n’ont qu’à vivre en appartement, direz-vous? Les logements ne sont pas si abordables et encore faut-il trouver un appartement où les enfants seront les bienvenus! La banlieue ne devient presque plus un choix.

Vous allez donc reconduire votre enfant au service de garde, du lundi au vendredi, de 7h30 à 18h00, comme beaucoup d’autres parents, et vous faites un deuil du fait que vous ne serez pas nécessairement là pour assister à toutes les grandes premières : les premiers pas, les premières petites chicanes, la réalisation des premières œuvres d’art… Cinq jours sur sept, c’est une autre personne que vous qui va consoler votre enfant et qui va l’amener à faire de grandes découvertes. Je peux facilement imaginer le lien affectif que mon enfant développera à l’égard de cette personne avec qui il passe toute la journée. Et je ne peux m’empêcher de me demander si je serai remplacée dans mon rôle de mère. Est-ce de la jalousie que de m’imaginer que mon enfant puisse être davantage attaché à son éducatrice qu’à moi-même? En y réfléchissant, je pense que cette remise en question ne relève pas d’un sentiment de jalousie, mais beaucoup plus d’un sentiment de culpabilité. Mais ai-je le choix?

Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes qui ne veulent plus mettre de côté leur carrière au profit de leur famille pour devenir complètement dépendante du salaire de leur conjoint. Et c’est très compréhensible. Dans un premier temps, si vous avez droit à un congé parental payé à même les caisses de l’assurance-emploi, vous ne recevez que 50 % de votre salaire et vous ne cotisez pas à la Régie des rentes. Belle retraite en perspective! Deuxièmement, si vous désirez demeurer à la maison, encore faut-il que votre conjoint gagne un excellent salaire et que, de surcroît, vous acceptiez de devoir lui soumettre votre budget personnel pour approbation. Et même si vous laissez tomber votre orgueil, qui est celui qui peut se permettre qu’il n’y ait qu’un seul salaire déposé dans le compte de banque familial? Enfin, advenant une rupture avec votre conjoint, vous aurez peut-être l’obligation de retourner sur le marché du travail pour subvenir à vos besoins et à ceux de vos enfants, et ce, malgré la pension que votre ex vous versera. Puisque vous aurez mis votre carrière sur la glace, vous devrez tenter de rattraper le temps perdu pour remettre à jour vos compétences ou pour vous recycler. En bref, vous vous dites que de ralentir la fulgurante montée de votre carrière est un trop grand risque et vous espérez beaucoup de vos gouvernements et de vos employeurs qui annoncent régulièrement qu’ils feront davantage pour faciliter la conciliation travail/famille.

Quel beau concept que la conciliation famille/travail! Lorsque j’entends nos politiciens nous faire l’éloge de leurs toutes nouvelles trouvailles pour aider les familles ou plus drôle encore, pour inciter les familles à avoir des enfants alors que le Québec fait face à un grave problème démographique, je ne peux m’empêcher de fulminer. Quelles mesures pour aider les parents? L’abolition de la taxe sur les couches qui me fait faire une économie annuelle de 60 $? Quelles mesures pour inciter à avoir d’autres enfants? Le remboursement des frais de garde 3 fois l’an plutôt qu’une? La vérité, c’est que nous payons déjà beaucoup d’impôt et que chaque nouvelle mesure a un coût pour l’ensemble des contribuables. Le piètre état de nos finances publiques n’offre d’autre choix au gouvernement que de se limiter à quelques mesures cosmétiques qui dans les faits ne facilitent en rien mon quotidien de parent.

Et les entreprises? Nombreuses sont celles qui se gargarisent de reconnaître l’importance de la famille et d’offrir à leurs employés un horaire flexible et des programmes de congés parentaux avantageux. Foutaise que tout cela! Quand vient le temps de quitter le travail plus tôt parce que vous avez reçu un appel de l’éducatrice du CPE qui vous dit que le nez de votre enfant coule à flot et qu’elle vous exhorte à venir le chercher dans l’heure qui suit, vous avez peut-être la chance inouïe d’avoir un patron compréhensif, mais il n’est pas certain que vos collègues ressentiront la même compassion alors qu’ils devront effectuer tout le boulot que vous ne pourrez pas faire cette journée-là. La vérité, c’est que les entreprises sont confrontées à la concurrence et qu’aucune ne pourrait se permettre de téléphoner à ses clients pour annoncer que l’employée qui devait faire le travail requis a dû s’absenter pour s’occuper de ses enfants.

Dans ce contexte, personne n’a le choix. Ni les politiciens, ni les dirigeants d’entreprises, ni les parents. Mais se dire que nous n’avons pas le choix, c’est faire un choix. C’est offrir à nos enfants un rythme de vie complètement fou. En entrevue à Radio-Canada au début du mois de septembre, le président du Club des petits déjeuners précisait que les enfants qui se présentent à l’école le ventre vide ne proviennent pas uniquement de familles démunies. Ce sont aussi des enfants dont les parents ont de très bons revenus et qui doivent quitter la maison tellement tôt qu’ils n’ont tout simplement pas le temps de s’assurer que les enfants ont pris un petit déjeuner. Est-ce normal? Cette question ne doit pas s’adresser uniquement aux parents. Elle doit être considérée par l’ensemble de la société puisque les problèmes qui en résultent nous concernent tous. Pour faire face au problème démographique et à ses conséquences, nos dirigeants devront franchement trouver mieux. Les entreprises devront également faire leur part puisqu’elles seront directement concernées par le faible taux de natalité qui pourra se traduire en un déficit de main-d’œuvre.

Nous aussi, comme parent, nous devrons probablement remettre en question certains de nos modes de vie et considérer d’autres alternatives comme, par exemple, un logis plus près du lieu de travail ou le travail à temps partiel pour l’un des deux conjoints et ce, au risque de se priver de certains biens, d’une deuxième voiture ou d’une propriété. Conclure trop rapidement que vouloir sortir de cet engrenage d'où on essaie irrésistiblement de se convaincre que nous n’avons pas le choix d'être est une idée saugrenue; il est certainement possible de prendre le temps pour une sérieuse réflexion sur la personne que nous voulons être pour nos enfants et sur la définition de notre rôle de mère.

Élisabeth Boudreau

(Dernière révision, mars 2006)


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