Suis-je parfaite? Non, et c’est tant mieux comme ça
Tous les livres de psychopop ont supposément l’intention de nous rendre la vie plus facile, mais à mon avis, ils existent pour faire sentir coupable et nous forcer subtilement à nous procurer d’autres beaux livres de ce genre.
Aura-t-il des séquelles docteur?
Je vous raconte ça parce que je trouve que dans notre monde aseptisé, on demande aux familles d’être en accord avec le développement sain et normal de toutes les sphères de la vie d’un petit. C'est-à-dire qu’il faudrait répondre à tous les besoins alimentaires, socioaffectifs, moteurs et artistiques de nos enfants. Tout cela en ayant une épée au-dessus de notre tête, si par malheur, nous dérogeons à la règle no 192 en omettant de sortir au parc quelques matins. Ou encore de remettre en cause l’idée d’offrir le choix vestimentaire de notre chéri un matin pressé. Et s’il devenait obèse de ne pas avoir fait bouger ces quelques muscles de cuisses? Et s’il devenait introverti et mésadapté social, d’avoir restreint sa liberté vestimentaire et par le même souffle éteint son élan artistique?
Personne ne s’est demandé si ça pouvait ME créer quelques préjudices de devoir gérer un petit bonhomme de 2 ans et quelques miettes, en crise, en culotte courte, alors qu’il fait tempête et -15 dehors? Personne ne s’est interrogé sur mon pouvoir de patience devant toutes ces balançoires à pousser et ces glissades à escalader, tout cela dans un sable brûlant, sous un soleil de plomb, dans un parc sans arbre, sinon chétif?
On se réveille
Grâce au ciel, plusieurs mamans se sont réveillées devant l’horreur que tous les intervenants à la noix nous proposent pour élever nos familles au statut de famille parfaite. Parce qu’on s’entendra que la famille parfaite, elle existe peut-être dans leur tête et leurs livres, mais qu’au quotidien, nos familles parfaites se résument beaucoup plus au lot des tâches quotidiennes à relever, de couches à changer, de crises à gérer et de la patience qui diminue à chaque jour qui passe.
Grâce au ciel, des mamans en ont eu assez et elles se sont rejointes dans l’immensité de la toile pour dénoncer cette supercherie. Ici au Québec, on a la bien connue Mère Indigne qui en plus d'un blogue a deux livres à son actif et qui connait un regain de popularité avec ses capsules en webépisodes. Aussi, de plus en plus connues, les (Z)imparfaites qui partagent leurs écarts de conduite auprès de leur progéniture et qui ont publié un populaire Guide de survie en 2009. En France, les mauvaises mères se prononcent au nom des femmes qui n’aiment pas à la folie devoir s’occuper de leurs enfants 24 heures sur 24.
Un courant de plus en plus généralisé pour démontrer que la maternité c’est super et que ça change le monde dans lequel nous vivions, mais qu’il ne faut pas virer fou avec toute cette histoire. Évidemment, nous adorons nos enfants, on n’a quand même pas fait tout ce chemin et affronté toutes ces douleurs pour les laisser aux lions; cependant, on est encore des femmes, des amantes, des conjointes, des épouses, des amies et on a le droit de mettre notre devoir de mère entre parenthèses quelques minutes chaque jour.
Que c’est merveilleux!
Je suis maman à la maison et j’assume pleinement la chose. Je suis maman de 2 garçons qui me font des misères quelques fois, mais ce n’est pas la mer (mère) à boire, et je suis enceinte d’un autre puceron. Alors, avec tout cela, je peux vous affirmer que je suis pleinement consciente de l’implication de la maternité dans ma vie. C’est le plus merveilleux des cadeaux que l’on puisse avoir. Je trouve extraordinaire d’avoir ce privilège de mettre au monde sa famille et je ne l’échangerai pour rien au monde. Mais c’est un grand pouvoir qui peut devenir très pesant pour la femme que nous sommes. Toute cette responsabilité qui nous afflige, cet amour inconditionnel de nos enfants, malgré nos travers et nos erreurs.
La maternité, c’est un contrat à vie. On ne peut y renoncer. Ces enfants que nous mettons au monde attendent beaucoup de nous, alors si nous voulons donner le meilleur de nous-mêmes, il faudrait arrêter de nous en imposer trop. À force de nous demander d’être parfaite, c’est évident que nous échouerons et que nous pèterons la coche une fois de temps en temps. Organisons nos familles en fonction de nos besoins et non en fonction des idéaux des psychoPOPeuthe. Faisons la révolution, brûlons nos couches de coton, continuons d’acheter la patience de nos enfants avec des Kinder Surprise et abolissons le 5-10-15 quand le petit ne veut pas dormir et amenez-le dans votre lit si ça vous chante!
Faisons à notre tête
Vous verrez, après, ce sera la plénitude totale dans votre tête. Oui, nous faisons ce qu’il y a de mieux pour nos enfants et c’est bien tant mieux comme ça. De toute façon, imaginez la déception de ceux-ci quand ils réaliseront que finalement on n’est pas si parfait que ça. Ça va détruire tout un pan de leur développement social affectif! Allez les petites mères, aimez votre condition à condition qu’elle ne soit pas parfaite, c’est bien meilleur.
Julie Bourdua, maman
En plus d’être maman à la maison de 2 garçons, j’anime l’heure du conte à la bibliothèque de mon quartier et je suis marraine d’allaitement pour un groupe d’entraide de ma région. Je suis passionnée par tout ce qui touche le quotidien des mères et leur famille. L’anthropologue et la sociologue en moi cherchent à en savoir toujours plus sur les mères d’aujourd’hui. Vous pouvez me lire sur mon blogue!