Quelques enfants, en effet, ont de la difficulté à acquérir en bas âge le langage comme instrument de communication (sur le plan de la forme, du contenu et de l'utilisation); ces enfants présentent des atteintes sur le plan de la compréhension et de l'expression du langage et ils ont de la difficulté à apprendre à lire et à écrire. Il s'agit de troubles persistants même s'ils se manifestent sous des formes différentes au fur et à mesure que l'enfant grandit.
La majorité des difficultés d'apprentissage de la lecture ont pour origine un problème de nature linguistique 80% des enfants avec difficultés d'apprentissage ont un problème provenant d'un retard dans le développement du langage oral. Ces enfants peuvent présenter des difficultés de langage réceptif et expressif et la plupart ont des difficultés de traitement phonologique.
La différence entre retard de langage et trouble du langage
Le retard de langage correspond à un décalage par rapport à une courbe de développement normal du langage touchant l'aspect expressif ou l'aspect réceptif ou les deux à la fois, et cela est lié à un contexte particulier (ex.: carence, multilinguisme, retard intellectuel, baisse d'audition ou otites répétitives).
Le trouble du langage se définit par un décalage par rapport à une courbe de développement normal du langage avec présence d'atypies dans le développement. L'acquisition du langage se fait de façon particulière et ne peut être comparée à un développement régulier. Cela survient sans cause apparente et ne s'explique ni par une déficience intellectuelle, ni par une déficience auditive ou par un trouble affectif; le trouble du langage est permanent. Si l'atteinte est légère, le problème ne sera pas nécessairement dépisté pendant les premières années de vie et les manifestations se feront sentir seulement au moment de l'apprentissage du langage écrit.
Les manifestations du trouble du langage
Chez les enfants présentant des problèmes d'apprentissage, le trouble du langage se manifeste généralement de la façon suivante :
- une incapacité à se concentrer sur le message oral ou à le comprendre s'il est formulé rapidement;
- une difficulté à exprimer oralement des concepts qui semblent compris;
- une difficulté à parler la langue maternelle avec une structure grammaticale adéquate;
- une difficulté à suivre ou à avoir une conversation sur un sujet qui n'est pas très familier;
- une difficulté à raconter une histoire en respectant l'ordre des séquences;
- une difficulté à suivre des indications données oralement ou par écrit.
Les syndromes dysphasiques
On retrouve, dans la catégorie du trouble du langage, un trouble spécifique du langage qui est aussi connu sous l'appellation « syndromes dysphasiques » ou « audimutité ». Notons que des troubles d'apprentissage accompagnent toujours cette pathologie. Selon le docteur Isabelle Rapin, les syndromes dysphasiques sont « un trouble dans l'acquisition du langage malgré:
- une audition normale une intelligence non verbale normale
- une absence de dommages cérébraux sévères
- un environnement linguistique stimulant ».
En résumé on peut dire que :
- la dysphasie est une forme de trouble d'apprentissage qui affecte principalement le langage;
- le quotient intellectuel de l'enfant qui en souffre est normal;
- la dysphasie est un trouble permanent qui a des répercussions sur la vie affective, sociale, familiale et scolaire, et que les répercussions sont d'autant plus sévères que le trouble n'est pas reconnu;
- le degré d'atteinte est variable (léger, modéré, sévère);
- ce trouble peut se manifester sous des formes différentes tout au long de la croissance;
- il n'existe ni médicaments, ni opération pour soigner la dysphasie. Le diagnostic se fait par situation de "testing" multidisciplinaire (psychologue, orthophoniste, audiologiste, neuropédiatre,). Le diagnostic doit être posé par une orthophoniste, car ce trouble relève du domaine du langage;
- le seul traitement possible est la rééducation orthophonique du langage et le développement de moyens compensatoires (visuel). Le soutien orthopédagogique est nécessaire à l'école; l'aide d'un psychomotricien, d'un ergothérapeute ou d'un psychologue est aussi souvent requise.
N.B. La dyslexie, le trouble auditif central, le trouble du langage et le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité sont au nombre des troubles d'apprentissage les plus connus.
L'étiologie des syndromes dysphasiques
Les chercheurs s'accordent pour dire que les syndromes dysphasiques sont d'origine neurologique. Pour certains chercheurs, le dysphasique est bien different. Pour d'autres, les dysphasies reflètent une variété de dysfonctions des circuits cérébraux requis pour la compréhension, l'élaboration et la programmation du langage. La nature de ces dysfonctions est inconnue; elles peuvent provenir soit, dans la plupart des cas, d'un problème génétique, soit de lésions précoces au cerveau encore immature (pendant la grossesse, anoxie à la naissance, ou autres).
Ce problème est de naissance et n'est pas acquis par la suite d'un traumatisme affectif ou autre. Les examens neurologiques standard ne nous apportent pas nécessairement d'informations sur ce sujet. L'observation à long terme et la mise en commun des données de tous les intervenants sont, aujourd'hui encore, le seul moyen véritable de bien cerner la présence et l'impact de ces troubles chez un enfant.
Le trouble du langage oral de nature dysphasique a des conséquences sur le plan du langage écrit. Il s'agit alors d'un trouble spécifique d'apprentissage de la lecture et de l'écriture qui existe à des degrés variables. Lorsque l'atteinte dysphasique est légère, elle ne peut être décelée en bas âge, car les manifestations sont très discrètes; elles ne sont souvent évidentes qu'au moment des apprentissages scolaires.
Lorsque l'atteinte est légère ou modérée, l'enfant peut fonctionner dans une classe ordinaire avec un soutien orthophonique et orthopédagogique. À un degré modéré à sévère, il peut se retrouver dans des classes de langage.
Les interventions
Certaines attitudes favorisent la communication chez le jeune enfant. Les voici :
- capter l'attention de l'enfant en l'appelant par son nom ou en le touchant doucement;
- choisir un thème qui suscite son intérêt;
- adapter la façon de parler au niveau de langage de l'enfant;
- parler lentement, en utilisant peu de mots à la fois et en articulant bien;
- ne pas hésiter à répéter plusieurs fois;
- mettre de l'intonation dans la voix, utiliser des gestes et recourir au contexte;
- favoriser l'utilisation d'une seule langue;
- établir une relation favorable. Toutes les formes de communication (gestes, regards, etc.) sont acceptables. S'amuser avec l'enfant. Sans communication, il n'y a pas d'apprentissage;
- favoriser l'élaboration des moyens compensatoires en faisant appel aux forces de l'enfant;
- utiliser le support visuel pour favoriser la communication;
- placer l'enfant en garderie dès le bas âge afin de favoriser le développement des moyens compensatoires.
- D'autres attitudes concernant la compréhension verbale à l'école doivent être encouragées :
- s'assurer que l'élève connaît bien la signification du vocabulaire employé en classe (donner une liste aux parents);
- créer une liste de définitions ou d'illustrations de mots dont la signification n'est pas familière ou d'expressions particulières;
- accompagner les messages verbaux de compléments visuels : signes, gestes, mimiques, illustrations, mots écrits, etc.;
- utiliser du matériel visuel et concret pour appuyer le contenu, les consignes, la démarche, l'activité, ainsi que pour mettre en évidence le thème abordé en classe;
- illustrer la routine de classe à l'aide de pictogrammes;
- enregistrer sur cassettes audio les présentations de l'enseignant (pour remplacer les notes de cours);
- organiser les explications données en classe de façon claire et précise;
- fournir un plan de cours;
- s'adresser directement à l'élève en le nommant, en s'assurant d'un contact visuel et en le touchant au moment d'une consigne ou d'une explication au groupe; vérifier si l'élève a bien compris en lui demandant de reformuler ce qui a été dit;
- adapter la complexité du langage au niveau de compréhension de l'élève : forme (comment vous le dites) et contenu (de quoi vous parlez);
- associer le message verbal à des objets, à des actions et à des événements précis pour favoriser une compréhension plus juste. Prendre appui sur le concret et accompagner les explications de démonstrations;
- éviter une trop forte stimulation auditive, visuelle et verbale (ex. : un bruit de fond continu);
- prévoir un moment de silence en classe après une activité demandant un effort de compréhension ou alterner des activités requérant des habiletés de compréhension et d'autres qui n'en sollicitent pas;
- ralentir le débit verbal;
- utiliser la redondance et la répétition ou reformuler la phrase;
- articuler correctement;
- réduire la longueur des énoncés;
- commencer en mettant l'accent, pour faciliter la compréhension d'une notion nouvelle, sur le vécu de l'élève, sur des situations de sa vie courante, sur des photos ou des objets personnels, puis s'en détacher progressivement. Fournir des exemples après avoir présenté un nouveau concept.