La maladie frappe souvent sans prévenir et nous laisse peu de temps pour formuler une explication qui rassurera des enfants, jeunes et moins jeunes. Que ce soit à cause d’un cancer, d’un AVC, d’un trouble cardiaque, de la sclérose en plaques, du lupus ou d’une autre maladie dégénérative, il est toujours difficile pour un parent d’accepter sa vulnérabilité et de l’expliquer à ses enfants. Pourtant, les intervenants sont unanimes, il est préférable de toujours leur dire la vérité. Voici donc quelques pistes de réflexion pour vous aider à y voir plus clair, à travers vos doutes et vos inquiétudes.
En dire un peu, beaucoup ou pas du tout?
Si on peut camoufler un ulcère ou un peu de haute pression, on ne peut pas cacher les maladies graves et dégénératives très longtemps. De toute façon, l’enfant qui a une mère malade sentira très vite que quelque chose ne va pas. Il aura connaissance des allées et venues à l’hôpital, il ressentira l’inquiétude des proches, il entendra les parents qui chuchotent et il réalisera que les soirées avec la gardienne deviennent plus fréquentes.
Il n’est pas très prudent de laisser un enfant tirer ses propres conclusions. Avant qu’il ne s’imagine le pire et qu’il ne s’inquiète seul dans son coin, mieux vaut aborder la question avec lui, en usant de franchise, mais aussi de délicatesse et d’empathie. C’est en sachant ce qui se passe qu’il pourra voir la progression de la maladie de ses propres yeux et en comprendre le rythme et la gravité. Il pourra aussi poser toutes les questions qui lui viennent à l’esprit plutôt que d’inventer ses propres réponses, souvent bien pires que la réalité.
Selon Isabelle Moley-Massol1, médecin psychanalyste et psycho-oncologue à Paris, il est important de parler de sa maladie progressivement et dans des mots clairs : « Il est important que la maladie soit nommée, mais pas-à-pas. Nommer la maladie signifie que l’on peut en parler. C’est aussi pour l’enfant le moyen de l’apprivoiser. Ce qui est monstrueux, c’est “l’innommable” »
Gérer la culpabilité
Une fois qu’un enfant sait que son parent est malade, il faut bien l’encadrer et lui parler régulièrement pour s’assurer qu’il ne s’attribue pas la responsabilité de la maladie. En effet, aussi surprenant que ça puisse paraître, beaucoup d’enfants craignent que la maladie soit un peu de leur faute. Ils ont peur d’avoir souhaité du mal à leur mère qui venait de les chicaner ou se souviennent qu’elle leur a déjà dit d’arrêter de crier parce que ça lui donnait mal à la tête. C’est ainsi que plusieurs enfants finissent par croire qu’ils sont responsables d’un AVC, par exemple.
Il faut donc s’assurer qu’il ne développe pas une culpabilité qui l’empêcherait de se comporter normalement, de peur de répéter l’expérience et de rendre quelqu’un d’autre malade2. Toujours selon Isabelle Moley-Massol, les enfants confondent la pensée et l’acte. S’ils s’imaginent un évènement et que cet évènement arrive, ils peuvent s’en tenir eux-mêmes responsables.
Préparer une transition
Une bonne façon de gérer la transition pendant la convalescence ou les traitements est de reproduire artificiellement votre présence. Par exemple, enregistrez des histoires que votre enfant pourra écouter avant de s’endormir, ou racontez vos journées par écrit et envoyez vos lettres chaque jour. Vous pouvez aussi laisser un horaire bien en vue qui l’aidera à prévoir votre présence à la maison et ses visites à l’hôpital.
Encouragez-le à préparer des cartes, des dessins ou des bricolages à apporter avec vous. Ceux-ci lui donneront l’impression d’avoir une influence positive sur les évènements plutôt que de subir la maladie et d’être impuissant face à elle.
Des ressources
Même en abordant la maladie et le deuil avec douceur, il est probable que l’enfant soit très affecté par cette nouvelle. Avec les adolescents, qui traversent une période critique, et même chez certains enfants, il faut même garder l’œil ouvert pour reconnaître une éventuelle dépression et réagir en conséquence. Rencontrez des intervenants de votre milieu hospitalier qui pourront vous aiguiller. Selon le type de maladie dont vous souffrez, un psychologue spécialisé pourra vous être recommandé et il saura trouver la bonne approche pour soutenir votre enfant.
Les maladies mentales
Une mère peut aussi être affectée par une maladie mentale. Une dépression, une psychose, un trouble bipolaire ou toute autre maladie pouvant se développer à l’âge adulte est susceptible d’affecter un enfant qui ne comprendra absolument pas ce changement soudain dans le comportement de celle qui est responsable de lui.
Il est important pour les proches de l’enfant de dédramatiser et d’expliquer le caractère temporaire de cette crise afin d’éviter que la confiance de l’enfant soit ébranlée. Jusqu’à ce que les médicaments appropriés fassent effet, un autre adulte de confiance devra rendre compte à l’enfant du changement et de la progression de la maladie. La meilleure façon de le faire est de parler régulièrement avec le médecin traitant qui connaîtra l’évolution en détail et qui pourra vous donner des trucs afin d’apporter au parent et à l’enfant le meilleur soutien possible.