Pendant la petite enfance, les processus inhérents au jeu et à l'apprentissage se stimulent l’un l’autre : le jeu inclut des dimensions d’apprentissage et vice-versa. Les enfants ne jouent pas pour apprendre, même s’ils apprennent en jouant. La valeur pédagogique du jeu ne réside nullement dans l’utilisation qui est faite de celui-ci pour enseigner aux enfants un ensemble précis de compétences par l’entremise d’activités structurées qualifiées de « jeux ».
Certains aspects de l’apprentissage par le jeu sont évidents et d’autres, plus subtils. Ainsi, il est clair que jouer dehors favorise la croissance physique de l’enfant, contrairement à l’apprentissage qui se produit lorsqu’un enfant met sa force à l’épreuve, de façon interne ou externe : jusqu’où suis-je capable de grimper? Pourquoi mon cœur bat-il si fort lorsque je cours? Suis-je assez brave pour sauter en bas de cette plateforme?
L’apprentissage par le jeu, aussi puissant soit-il, y est souvent accessoire, du moins aux yeux de l’enfant. Le bambin qui se concentre à superposer des blocs n’est pas nécessairement motivé par un besoin, ni même un désir d’apprendre les principes associés à la stabilité structurelle, quoique que ce puisse être précisément ce qui le fascine. Généralement, cet apprentissage n’est qu’un sous-produit du jeu et non son objet. Favoriser le jeu chez l’enfant ne consiste pas simplement à déclarer que le jeu est important. Lorsque la culture du jeu enfantin, qui ne survient pas naturellement, est prise au sérieux, les conditions optimales sont créées avec soin pour l’encourager. Il faut prévoir du temps et des espaces pour le jeu et offrir une abondante stimulation mentale et matérielle à l’enfant. Créer un milieu de jeu riche, c’est créer un bon milieu d’apprentissage pour les enfants. L’enseignant habile rend le jeu possible et aide les jeunes enfants à s'y améliorer constamment.
Leçons d’apprentissage : promouvoir les occasions de jeu
Leçons pour tous
- Même si les enfants apprennent naturellement à jouer d’eux-mêmes, nous devons tous veiller à ce qu’ils disposent du temps nécessaire pour jouer et à ce qu’ils aient des occasions de le faire.
- Les enfants doivent en outre avoir accès à des milieux qui favorisent un jeu riche et spontané.
- C'est en jouant dans des espaces aménagés avec du matériel qui favorise l’exploration, la découverte, la manipulation et la participation active qu’un enfant apprend.
- La quantité, la qualité et la sélection des éléments de jeu ont une incidence sur les interactions entre les enfants.
- Les adultes appuient un enfant en veillant à lui donner le temps qu’il lui faut pour explorer et découvrir en jouant sans interruption et en interagissant avec lui de manière à optimiser son apprentissage par le jeu sans pour autant interrompre le flot et l’orientation de ce dernier.
Leçons pour les éducateurs de la petite enfance
- Même s’il faut laisser aux enfants le temps de jouer seuls, sans les interrompre, une certaine participation adulte peut être profitable et augmenter la durée et la complexité des épisodes de jeu.
- Les éducateurs de la petite enfance favorisent l’apprentissage par le jeu chez les enfants en devenant eux-mêmes des joueurs, en orientant le jeu et en servant de modèles lorsqu'un jeu devient frustrant pour un enfant ou qu’il pourrait être abandonné par manque de connaissances ou de compétences.
- Ils leur font vivre de nouvelles expériences afin d’enrichir et de prolonger l’activité, leur posent des questions difficiles et les aident à apprendre de leurs pairs.
- Dans bien des programmes pour les jeunes enfants, le « jeu libre » ne sert qu’à combler les temps morts plutôt qu’à promouvoir l’apprentissage et le développement. Même si un jeune enfant apprend beaucoup pendant les périodes structurées à cet effet, le jeu libre est tout aussi important à son apprentissage, et devrait donc être une priorité dans la planification de l’enseignement et dans l'interaction des éducateurs avec leurs pupilles.
- Les éducateurs de la petite enfance et les enseignants du primaire ont besoin d’une formation spécialisée pour être à l’aise d’offrir des périodes de jeu libre et autodéterminé ainsi que des expériences d’apprentissage structurées fondées sur le jeu.
Leçons pour les parents
Dans les études sur le jeu en tant qu’outil d’apprentissage, les éducateurs rapportent souvent avoir de la difficulté à convaincre les parents de l’importance du jeu; ces derniers ont donc besoin de renseignements fiables sur les avantages du jeu libre et non structuré pour la petite enfance et doivent se réserver des périodes régulières de jeu avec leur enfant.
Leçons pour les planificateurs communautaires
Lorsqu’on leur demande leur opinion, les enfants affirment préférer – et de beaucoup – jouer dehors. Une étude réalisée en Allemagne cerne divers moyens pour les collectivités de favoriser le jeu en plein air tout en atténuant les dangers de la circulation :
- imposer une limite de 30 km/h sur davantage de rues;
- aménager de nombreux passages piétonniers dans les rues où la limite est de 50 km/h;
- multiplier les terrains de jeu.