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L'apprentissage par le jeu

Le jeu enrichit globalement la croissance de l’enfant et favorise chez lui l'apprentissage. Il est sa fenêtre sur le monde. Son importance est telle que les Nations Unies l’ont reconnu comme un droit spécifique de l’enfant, distinct du droit aux loisirs et de celui de se livrer à des activités récréatives. Toutefois, les occasions que les enfants ont de jouer et d’accéder à des milieux de jeu sont en pleine transformation.

Transformation du jeu chez l’enfant

Les milieux physique et social où grandissent les jeunes enfants au Canada se sont transformés depuis quelques décennies. Les longues périodes de jeu ininterrompu, à l’intérieur ou en plein air, seul ou en groupe, sont de plus en plus rares. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la proportion de la population qui vit en milieu urbain est passée de 54 à 80. Plus les Canadiens vivent en ville, moins leurs enfants sont susceptibles d’avoir accès à des espaces de jeu en plein air; la technologie, la circulation et les tendances en urbanisme ont transformé leur territoire de jeu naturel. De plus, leurs parents se montrant de plus en plus inquiets de leur sécurité, les enfants se voient astreints à fréquenter des terrains de jeu aménagés avec soin, mais qui, au nom de la sécurité, limitent la stimulation.

Par ailleurs, de plus en plus d’enfants passent de longues heures dans des groupes qui, étant axés sur des activités structurées de nature éducative et ludique, laissent peu de place au jeu libre, ouvert et autodéterminé. Selon l’Enquête sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’apprentissage, les parents estiment que, pour les enfants d’âge préscolaire, le jeu est plus important que l’enseignement organisé; paradoxalement, un nombre croissant d’entre eux inscrivent leurs tout-petits à des cours et à diverses autres activités structurées.

Ainsi, entre 1999 et 2003, le pourcentage de Canadiens âgés de quatre et cinq ans inscrits à des cours structurés (gymnastique, arts martiaux, etc.) est passé de 23 à 30 %, et le pourcentage de ceux participant à des sports organisés, de 36 à 41 %.Qu’apprennent les enfants par le jeu?

Le jeu enrichit globalement la croissance de l’enfant : il constitue le fondement des compétences intellectuelles, sociales, physiques et affectives nécessaires pour réussir à l’école et dans la vie; il ouvre la voie à l’apprentissage.

Ainsi, jouer avec des blocs ou construire un château de sable permettent d’acquérir une capacité de raisonnement logique, mathématique et scientifique ainsi que de résolution cognitive de problèmes, tandis que le jeu de mains favorise l’autodétermination sociale et affective et pourrait avoir une importance particulière dans l’amélioration des compétences sociales chez les garçons. Jouer favorise la pensée créative et la souplesse intellectuelle. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire les choses, puisque le jeu comporte de multiples possibilités : une chaise peut servir de voiture, de bateau, de maison ou de lit.

Le faire-semblant favorise la communication et permet de mettre en valeur les compétences conversationnelles, l’importance d’attendre son tour, la mise en perspective et les moyens de résoudre des problèmes de nature sociale – persuasion, négociation, compromis et coopération. Il exige des compétences complexes en communication, puisque les enfants doivent savoir exprimer et comprendre le message : « ceci est un jeu » : au fur et à mesure que l’enfant s’améliore dans son faire-semblant, il commence à dialoguer à divers niveaux simultanément, devenant acteur, metteur en scène, narrateur et public, se glissant successivement dans divers rôles.

Lorsqu’ils jouent, les enfants acquièrent des connaissances en combinant leurs idées, leurs impressions et leurs intuitions avec leurs expériences et leurs opinions. Ils échafaudent des théories sur leur monde et les mettent en commun. Avec leurs pairs, ils se créent une culture et un milieu social. Le jeu leur permet de donner un sens – ou un non-sens – à leurs expériences et de découvrir l’intimité et la joie associées à l’amitié. Lorsqu’ils le dirigent eux-mêmes, le jeu les fait se sentir compétents et leur donne confiance en eux.

Pendant la petite enfance, les processus inhérents au jeu et à l'apprentissage se stimulent l’un l’autre : le jeu inclut des dimensions d’apprentissage et vice-versa. Les enfants ne jouent pas pour apprendre, même s’ils apprennent en jouant. La valeur pédagogique du jeu ne réside nullement dans l’utilisation qui est faite de celui-ci pour enseigner aux enfants un ensemble précis de compétences par l’entremise d’activités structurées qualifiées de « jeux ».

Certains aspects de l’apprentissage par le jeu sont évidents et d’autres, plus subtils. Ainsi, il est clair que jouer dehors favorise la croissance physique de l’enfant, contrairement à l’apprentissage qui se produit lorsqu’un enfant met sa force à l’épreuve, de façon interne ou externe : jusqu’où suis-je capable de grimper? Pourquoi mon cœur bat-il si fort lorsque je cours? Suis-je assez brave pour sauter en bas de cette plateforme?
L’apprentissage par le jeu, aussi puissant soit-il, y est souvent accessoire, du moins aux yeux de l’enfant. Le bambin qui se concentre à superposer des blocs n’est pas nécessairement motivé par un besoin, ni même un désir d’apprendre les principes associés à la stabilité structurelle, quoique que ce puisse être précisément ce qui le fascine. Généralement, cet apprentissage n’est qu’un sous-produit du jeu et non son objet. Favoriser le jeu chez l’enfant ne consiste pas simplement à déclarer que le jeu est important. Lorsque la culture du jeu enfantin, qui ne survient pas naturellement, est prise au sérieux, les conditions optimales sont créées avec soin pour l’encourager. Il faut prévoir du temps et des espaces pour le jeu et offrir une abondante stimulation mentale et matérielle à l’enfant. Créer un milieu de jeu riche, c’est créer un bon milieu d’apprentissage pour les enfants. L’enseignant habile rend le jeu possible et aide les jeunes enfants à s'y améliorer constamment.

Leçons d’apprentissage : promouvoir les occasions de jeu

Leçons pour tous

  • Même si les enfants apprennent naturellement à jouer d’eux-mêmes, nous devons tous veiller à ce qu’ils disposent du temps nécessaire pour jouer et à ce qu’ils aient des occasions de le faire.
  • Les enfants doivent en outre avoir accès à des milieux qui favorisent un jeu riche et spontané.
  • C'est en jouant dans des espaces aménagés avec du matériel qui favorise l’exploration, la découverte, la manipulation et la participation active qu’un enfant apprend.
  • La quantité, la qualité et la sélection des éléments de jeu ont une incidence sur les interactions entre les enfants.
  • Les adultes appuient un enfant en veillant à lui donner le temps qu’il lui faut pour explorer et découvrir en jouant sans interruption et en interagissant avec lui de manière à optimiser son apprentissage par le jeu sans pour autant interrompre le flot et l’orientation de ce dernier.

Leçons pour les éducateurs de la petite enfance

  • Même s’il faut laisser aux enfants le temps de jouer seuls, sans les interrompre, une certaine participation adulte peut être profitable et augmenter la durée et la complexité des épisodes de jeu.
  • Les éducateurs de la petite enfance favorisent l’apprentissage par le jeu chez les enfants en devenant eux-mêmes des joueurs, en orientant le jeu et en servant de modèles lorsqu'un jeu devient frustrant pour un enfant ou qu’il pourrait être abandonné par manque de connaissances ou de compétences.
  • Ils leur font vivre de nouvelles expériences afin d’enrichir et de prolonger l’activité, leur posent des questions difficiles et les aident à apprendre de leurs pairs.
  • Dans bien des programmes pour les jeunes enfants, le « jeu libre » ne sert qu’à combler les temps morts plutôt qu’à promouvoir l’apprentissage et le développement. Même si un jeune enfant apprend beaucoup pendant les périodes structurées à cet effet, le jeu libre est tout aussi important à son apprentissage, et devrait donc être une priorité dans la planification de l’enseignement et dans l'interaction des éducateurs avec leurs pupilles.
  • Les éducateurs de la petite enfance et les enseignants du primaire ont besoin d’une formation spécialisée pour être à l’aise d’offrir des périodes de jeu libre et autodéterminé ainsi que des expériences d’apprentissage structurées fondées sur le jeu.

Leçons pour les parents

Dans les études sur le jeu en tant qu’outil d’apprentissage, les éducateurs rapportent souvent avoir de la difficulté à convaincre les parents de l’importance du jeu; ces derniers ont donc besoin de renseignements fiables sur les avantages du jeu libre et non structuré pour la petite enfance et doivent se réserver des périodes régulières de jeu avec leur enfant.

Leçons pour les planificateurs communautaires

Lorsqu’on leur demande leur opinion, les enfants affirment préférer – et de beaucoup – jouer dehors. Une étude réalisée en Allemagne cerne divers moyens pour les collectivités de favoriser le jeu en plein air tout en atténuant les dangers de la circulation :

  1. imposer une limite de 30 km/h sur davantage de rues;
  2. aménager de nombreux passages piétonniers dans les rues où la limite est de 50 km/h;
  3. multiplier les terrains de jeu.
Défi pour l’avenir

Jouer favorise l’apprentissage physique, social, affectif et cognitif pendant les premières années de vie. Pour devenir des « joueurs par excellence », les enfants ont besoin de temps, d’endroits, de matériel et du soutien de leurs parents et d'éducateurs de la petite enfance attentionnés et compétents; ils ont besoin de jouer pour le simple plaisir de s’amuser.

Dans le climat d’incertitude actuel relativement à la préparation à l’école, nous devons préserver des occasions pour les enfants de jouer selon leurs propres objectifs. En effet, si une activité sert constamment et exclusivement les objectifs éducationnels des adultes, l’enfant ne la considère plus comme un jeu, y voyant plutôt une tâche, aussi ludique puisse-t-elle lui sembler.

Texte appartenant au Centre du savoir sur l’apprentissage chez les jeunes enfants 8 nov. 2006, Laissons-les s’amuser : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants.


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