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La petite histoire d’une enfant autiste

Contrairement à plusieurs enfants autistes, je ne faisais pas de crises fulgurantes. J’étais au contraire une enfant calme et réservée qui n’exprimait jamais ses ressentis ou ses envies. Je n’avais d’ailleurs que très peu d’espace pour le faire. Le climat de la maison était très autoritaire, parfois même hostile. Le peu de mots que je prononçais ou les quelques rires échappés étaient jugés comme étant trop forts, trop aigus et trop exagérés.

Selon les dires, je ne savais jamais m’exprimer correctement et convenablement. Comme je ne disais pas bonjour, je ne saluais pas de la main, je ne regardais pas beaucoup dans les yeux et que je ne disais pas spontanément merci, on me disait que j’étais impolie et ce, devant les gens.

Toutes les parcelles de ma personnalité étaient jugées et abîmées.

Petit à petit, l’instinct de survie a embarqué et j’ai refoulé ma grande sensibilité tant et si bien que je ne ressentais plus rien, mis à part le sentiment d’être une espèce de monstre détestable, sans émotions et sans âme.

Liberté, grains de sable et noisettes

Cependant, l’époque n’étant pas la même qu’aujourd’hui, j’avais énormément de liberté et de latitude. Cela m’a probablement sauvé. Je vivais également en campagne, loin des stimulis envahissants, avec un grand terrain pour explorer, observer, expérimenter toute la journée durant.

Solitaire, je préférais passer mes journées à jouer dans le sable et examiner tous les petits grains. Je collectionnais les petits bouts de verre de bouteilles brisées de toutes les couleurs que je ramassais dans les champs. Je faisais plonger les rayons du soleil à travers et j’observais les arcs-en-ciel que cela créait. J’épluchais les bouts de bois, les noisettes ou les graines tombées des arbres. Je voulais que tout soit lisse et doux.  

Tout ce qui était sensoriel au niveau du toucher et du visuel m’attirais beaucoup. A l’inverse, j’étais très sélective pour la nourriture. Je repoussais tout ce qui était trop texturé, trop goûteux, trop varié. Je ne mangeais pratiquement rien.

Jeux insensés

J’aimais beaucoup l’eau qui coule et ruisselle. Sans grandes notions du danger, j’aimais me promener sur le bord du ruisseau pour observer les poissons. J’allais même parfois marcher directement dans ce ruisseau pour sentir l’eau sur mes jambes et voir les poissons de plus près encore. Je suivais le chemin du ruisseau dans le boisé, jusqu’à l’autoroute.   

A la maison comme à l’école, je n’étais que très peu bavarde. Malgré l’apparence d’être dans ma bulle ou sourde, j’étais tout à fait consciente du monde qui m’entourait. Je préférais observer, de loin, en silence. Je considérais inutile de parler. Parler ne faisait aucun sens pour moi. J’écoutais les conversations des adultes que je trouvais vides et non pertinentes.

J’écoutais les échanges des enfants du même âge que moi et je n’arrivais pas à suivre. Je n’arrivais pas à saisir leurs jeux, à savoir ce qu’il fallait dire, à savoir quand parler ou à simplement comprendre le but de leurs jeux.

Les échanges sociaux se déroulaient beaucoup trop rapidement. Je ne ressentais par ailleurs aucun intérêt à participer à ces jeux. Tout était vide de sens, insensé et illogique. Il n’y avait rien de tangible et concret.

En parallèle

Il y avait les autres d’un côté, il y avait moi de l’autre. Je vivais dans un monde parallèle et j’en avais tout à fait conscience. Entourée des gens, je me sentais seule. En solitaire, je ne sentais plus la solitude. J’avais un monde imaginaire riche et complexe que j’alimentais tous les jours. Ce décalage, cette détonation, cette différence avec les autres, ne me rendaient ni triste ni heureuse. Ce n’était ni bien, ni mal. C’était simplement ainsi.

Doucement, j’ai apprivoisé ce monde si différent du mien. J’ai mis des mots sur ma différence. J’ai pu faire la paix avec ma personnalité singulière et par-dessous tout, je retrouve mon estime un peu plus à tous les jours.

Publication initiale mai 2017


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