Lorsque nous avons eu des enfants, nous avons rapidement songé à l’idée de faire l’école à la maison. Nous avions envie de profiter de chaque instant avec nos enfants et de vivre pleinement notre vie familiale. Nous souhaitions leur transmettre nos valeurs éducatives et surtout, nous souhaitons que nos enfants puissent évoluer à leur propre rythme. Les enfants sont curieux de nature et leur désir d’apprentissages est infini.
Nous nous situons peut-être à mi-chemin entre ce que nous appelons l’école à la maison et le « unschooling » (aussi appelée la non-scolarisation). Nos enfants suivent ainsi leur aspiration profonde. Ils ont cette liberté de suivre leurs intérêts, d’approfondir leurs connaissances et en même temps, d’apprendre à lire, à écrire, à compter. Il n’y a aucun horaire fixe, aucune pression, aucune anxiété, aucune influence externe. Leur créativité est en expansion quotidiennement. Ils ont également la chance de vivre des expériences en pleine air. Leurs apprentissages ne sont pas uniquement que dans des livres.
Des enfants aux besoins uniques
Quand nous avons reçu les diagnostics d’autisme pour nos enfants, nous étions encore plus convaincus de faire le bon choix. Le système scolaire n’est malheureusement pas conçu pour répondre aux besoins uniques de chaque enfant et c’est encore plus vrai lorsque les enfants ont des « besoins particuliers ».
Ainsi, si du jour au lendemain nous décidions de scolariser nos enfants à l’école traditionnelle, on réalise peu à peu que cela serait impossible, du moins, sans rencontrer de gros obstacles et problématiques multiples. Et ce sont nos enfants qui en subiraient les plus grosses conséquences et injustices. Les suivis et l’encadrement scolaire actuel est souvent inadéquat et les besoins en différents services sont urgents.
« La scolarisation à domicile est un sujet complexe, à savoir la raison qui pousse un parent à faire ce choix, et qui ne peut se résumer en quelques lignes, déclare Brigitte Dubé, présidente et cofondatrice de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec. La majorité des parents qui scolarisent à domicile le font parce que cela correspond à leurs valeurs. Cependant, les compressions budgétaires vécues dans les dernières années en éducation, quelle que soit la responsabilité de chacune des instances dans la gestion de ces sommes, ont malheureusement eu un impact sur les services offerts aux élèves dans les écoles, tout particulièrement auprès des élèves à besoins particuliers. Et même si la source du problème va au-delà de la simple question des budgets, ce manque de services est une réalité qui a incité certains parents à faire le choix de la scolarisation à domicile. Et c’est ce choix fait par dépit, dans ces cas, que la Coalition dénonce ».
Des classes différentes
À l’école, mon fils par exemple, serait dirigé vers une classe spécialisée pour les enfants autistes. Ce qui va à l’encontre de nos valeurs d’inclusion mais également, cela démontre à quel point le système scolaire n’est pas adapté à l’individualité de chaque enfant. Il en va de même pour ma fille pour qui, à l’inverse, il serait difficile d’obtenir des certains accommodements afin de facilité cette intégration. C’est souvent ce qui se passe lorsque l’autisme est « invisible ».
Par ailleurs, nous avons également la chance d’avoir une autre option dans notre secteur, l’école alternative. Une belle option puisque de manière générale, ces écoles sont beaucoup plus ouvertes aux différences des enfants et elles permettent des apprentissages plus personnalisés. Ce qui est déplorable encore une fois, c’est que ces écoles ne sont pas dans toutes les régions et peuvent accueillir un nombre limité d’enfants.
Nous avons fait ce choix merveilleux de l’école à la maison… mais ce choix n’en devient plus un si nous souhaitons offrir les meilleures chances d’apprentissage à nos enfants afin qu’ils puissent atteindre le plein potentiel. Cela devient en fait le seul choix!
Il n’y a pas qu’une seule et unique manière d’apprendre et ceux qui ne parviennent pas à apprendre dans le cadre de l’école traditionnelle en paient le prix. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de pouvoir faire l’école à la maison à ses enfants comme nous.
Publication initiale septembre 2017