« Il n’est jamais trop tôt pour stimuler le langage », mentionne d’entrée de jeu Jessica Lesage, orthophoniste et professeure clinicienne au département d’orthophonie de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Des paroles, des paroles, des paroles…
Si vous avez parfois l’impression de vous sentir ridicule en parlant à un bébé qui ne vous répond pas, sachez que c’est quand même la première chose à faire pour stimuler le langage. « L’enfant va développer sa compréhension bien avant de parler » affirme Mme Lesage. De là la nécessité d’être stimulé. Nommez les parties du corps lorsque vous le lavez à l’heure du bain, nommez les vêtements que vous lui enfilez lors de l’habillement, nommez la nourriture et les gestes que vous faites à l’heure des repas, etc.
Jeux de sons
Lorsque bébé commence à faire des sons, on lui répond par ces mêmes sons. Oui, vous aurez parfois l’impression de régresser à force de répéter des « ah-euh ». Mais c’est en voyant que vous l’imiter que bébé aura à son tour envie de vous imiter. Ajoutez des nouveaux sons, des expressions faciales, etc. Votre rôle est d’emmener bébé un peu plus loin, le pousser à faire de nouveaux sons. « Il faut passer par l’imitation pour apprendre à parler », souligne Jessica Lesage.
Jeux de mots
Lorsque bébé prononce ses premiers mots, vers 12-18 mois, on se concentre sur ses intérêts dans le moment présent. On met des mots sur ce qu’il nous pointe et sur les objets qu’il vient nous porter. « Ce n’est pas moi, en tant qu’adulte, qui va choisir ce qui sera présenté à l’enfant. On doit plutôt le laisser aller vers ce qui l’intéresse » précise Mme Lesage. Notre rôle est donc d’observer notre enfant afin de voir ce qui l’intéresse.
Par exemple, si l’enfant pointe ou apporte un camion, c’est de cet objet qu’on va lui parler. « Oh! Wow! Le beau camion. Le beau camion rouge. Le beau camion rouge qui roule », etc. On doit ajouter des mots afin de permettre à l’enfant de faire des liens, d’étendre ses connaissances nouveaux mots – et le tout doit se faire dans le plaisir. « Si je n’ai pas l’intérêt de l’enfant et si je n’ai pas de plaisir, ça ne sert à rien » souligne l’orthophoniste.
Jeux de livres
Lorsque les enfants sont petits, les livres sont des jouets. Ces derniers devraient toujours être à leur portée (pas dans une bibliothèque ou sur une étagère trop haute pour eux). On manque d’argent pour en acheter? La bibliothèque municipale est là pour ça!
« Le livre est un des meilleurs jouets pour stimuler le langage de l’enfant » affirme Mme Lesage. Pour susciter l’intérêt des petits, on privilégie les livres avec des rabats qu’ils pourront soulever, des textures qu’ils pourront découvrir et des sons qu’ils pourront entendre et répéter. On oublie les longues histoires, qu’on voudrait peut-être lire nous-mêmes, mais qui ne susciteront pas l’intérêt de votre petit. Le mot d’ordre : choisir des livres adaptés à leur niveau de compréhension.
Un apprentissage invisible
Le langage est un apprentissage invisible car on ne récolte pas immédiatement ce que l’on sème. Par contre, toutes les petites graines qu’on aura semé depuis le plus jeune âge de l’enfant finira inévitablement par porter ses fruits. Selon Mme Lesage, « plus l’enfant aura une grande toile de mots et de vocabulaire élargi, plus son apprentissage de la lecture et de l’écriture sera facilité plus tard ».
Besoin d’aide?
Vous soupçonnez un trouble du langage ou vous avez simplement besoin de conseils? Les orthophonistes sont là pour ça. Sans entreprendre une série de consultations, quelques conseils pour être certains d’être sur la bonne voix peuvent être utiles. Et en matière de langage, mieux vaut trop tôt que trop tard!
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