Voilà une nouvelle inquiétante puisque les études démontrent qu’une alimentation ultra-transformée, alias de mauvaise qualité, est le premier facteur de risque de décès au pays. Qu’ils soient biologiques, végétariens, locaux... tous les aliments sont malheureusement victimes du phénomène de l’ultra-transformation. Alors, comment s’y retrouver et surtout, quoi faire pour en limiter la consommation?
Le b.a-ba de la transformation alimentaire
Depuis quelques années, pour catégoriser les aliments selon leur degré de transformation, les spécialistes utilisent la classification NOVA. Popularisée par le Dr Jean-Claude Moubarac, elle divise les aliments en quatre catégories, allant du moins transformés au plus transformés :
- Catégorie #1 - Aliments frais et minimalement transformés : fruits, légumes, viandes, poissons, oeufs, légumineuses, noix, lait et yogourt nature, grains (ex. riz, couscous, quinoa), pâtes alimentaires, thé, café, jus fraîchement pressé, noix, fines herbes etc.
- Catégorie #2 - Ingrédients culinaires transformés : huiles, farines, sucres (ex. miel, sirop d’érable), beurre et autres gras animaux, vinaigres, etc.
- Catégorie #3 - Aliments transformés : fabriqués à partir d’aliments de la catégorie #1 auxquels on a ajouté un ou plusieurs ingrédients de la catégorie #2. Par exemple : fruits et légumes en conserve, sauce tomate, noix salées ou sucrées, fromages, viandes et poissons fumés.
- Catégorie #4 - Aliments ultra-transformés : charcuteries, saucisses, la plupart des mets congelés, boissons sucrées (ex. cocktails de fruits, boissons gazeuses), friandises, biscuits, gâteaux, chocolat, croustilles et craquelins, céréales à déjeuner, margarine, crème glacée, sauces et tartinades, etc.
Selon les dernières statistiques, les calories consommées quotidiennement par les Canadiens provenaient à :
- 39 % des aliments frais ou minimalement transformés
- 6 % des ingrédients culinaires transformés
- 7 % des aliments transformés
- 48 % des aliments ultra-transformés
L’ultra transformation : synonyme d’une pauvre qualité nutritionnelle
Les aliments ultra-transformés (catégorie #4) sont généralement peu dispendieux, se conservent longtemps et sont additionnés d’ingrédients multiples (ex. additifs, colorants, amidons modifiés, huiles hydrogénées, saveurs, émulsifiants...). Ils sont souvent salés, sucrés, gras, caloriques et par conséquent, leur profil nutritionnel est nettement inférieur à celui des aliments frais et minimalement transformés. De plus, ces aliments ultra-transformés sont souvent prêt-à-manger et consommés sur le pouce, entre les repas. Avec les années, ils ont réussi à changer le contexte de nos repas traditionnels, en remplaçant les repas fraîchement préparés. Pour ces raisons, les aliments ultra-transformés consommés régulièrement appauvrissent notre santé et la qualité de notre alimentation.
Ce qu’il faut faire
Il est impératif de retrouver le plaisir de cuisiner et de préparer soi-même de la nourriture maison. Au rythme où les aliments ultra-transformés envahissent les supermarchés, il est fort à parier que notre espérance de vie va drastiquement chûter au cours des prochaines décennies. Et que dire de notre qualité de vie? Que vont manger nos enfants dans 20 ans? Dans 50 ans? Sérieusement, je crois qu’il faut collectivement ralentir cette épidémie de la facilité et de la rapidité. Je n’ai rien contre ces aliments pour nous dépanner occasionnellement. Le problème, c’est qu’ils font partie des repas quotidiens de plusieurs familles. En transformant nous-mêmes les aliments, nous avons le pouvoir de décider de la quantité de sucre, de sel et de gras que nous allons ingérer. Cette année, je vous invite à miser plus souvent sur des aliments frais (catégorie #1) et à lire la liste des ingrédients des produits que vous achetez. Plus celle-ci est courte et composée d’ingrédients nutritifs, plus le produit risque d’être gagnant. Si vous avez l’impression de lire du chinois, passez à un autre aliment!
Par Julie DesGroseilliers, Dt.P. en collaboration avec Marjolaine Cadieux, étudiante en nutrition
Nutritionniste et porte-parole de la campagne J’aime à 5 à 10 par jour