Le jour même où nous devenons parents, nos père et mère accèdent à la fonction de grands-parents. Fonction, parce qu’au-delà du simple lien de sang, être grands-parents de nos jours représente une adaptation que tous ne réussissent pas de la même façon.
Paradoxalement, même si au début du siècle dernier les grands-parents cohabitaient souvent avec le reste de la famille, les petits-enfants n’avaient que très peu de temps pour les connaître – environ 10 ans selon Santé Canada.
C’est que l’espérance de vie était bien moindre il y a 100 ans qu’aujourd’hui. Les rôles des grands-parents se sont donc modifiés au rythme où s’est accrue l’espérance de vie, si bien qu’aujourd’hui certaines personnes passeront près de la moitié de leur vie comme grands-parents, et connaîtront leurs petits-enfants non seulement comme enfants et adolescents, mais aussi comme jeunes adultes et parents.
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Le choc des idées
Cette réalité amène bien des bouleversements dans la vie de chacun… Parce que si beaucoup de nouveaux parents sont soulagés d’avoir un papi ou une mamie pour les soutenir dans cette aventure, plusieurs autres se sentent carrément envahis et ne savent plus comment réagir devant l’intrusion de leurs parents dans leur intimité. « Ma mère adore notre fils, mais trop, c’est trop! Elle veut toujours bercer Jacob, lui donner son bain et même le biberon, alors qu’elle sait très bien que Manon allaite! » Didier était bien conscient que la relation entre sa mère et sa conjointe devenait explosive à chaque visite. Il a profité d’une de ces visites pour sortir avec son fils et laisser les deux femmes en tête-à-tête. « J'ai fini par dire à ma belle-mère de se mêler de ses affaires! C'est sûr que sur le coup, ça n’a pas fait son affaire et elle a même boudé quelques semaines. Mais elle a fini par comprendre et aujourd’hui, elle fait plus attention à ce qu’elle me dit. » Manon avoue qu’elle craignait vraiment la réaction de sa belle-mère, mais comme elle craignait davantage de subir ses intrusions à répétition, elle a préféré lui parler.
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Au cœur des litiges?
Les soins à apporter à bébé, de l’allaitement aux couches, en passant par les dodos et la discipline sont les sujets les plus à risque de nourrir un litige. « Moi, les phrases qui commencent par Dans mon temps, je ne suis plus capable! » explique Nathalie, une jeune mère de deux enfants. « C’est sûr que nos mères et nos grands-mères ont des trucs et je veux les connaître! Mais, pas me les faire imposer! Quand ma belle-mère me dit que ses enfants ont été propres à un an, elle me fait sentir incompétente parce que Julien n’est pas encore propre à 32 mois. »
Alors, avant de ne plus oser demander de l’aide à mamie par crainte des conflits, voici quelques suggestions :
- Renseignez-vous auprès des autres membres de la famille pour savoir à quelle sorte de grands-parents vous devez vous attendre. Une mère avertie en vaut deux!
- Dressez une liste de vos attentes : voulez-vous que les grands-parents développent une solide relation d’attachement avec votre enfant? Voulez-vous leur confier la garde occasionnelle de bébé? Voulez-vous de l’aide dans l’éducation des enfants ou préféreriez-vous avoir uniquement un soutien ménager ou culinaire? En déterminant vos besoins, vous serez en mesure de les faire connaître… et avec un peu de chance, de les faire respecter!
- Prenez le temps durant votre grossesse pour indiquer aux futurs grands-parents ce que vous attendez d’eux. Si vous vous sentez mal à l’aise, utilisez l’exemple d’une amie fictive pour aborder la question et faire passer votre message. « Mon amie n’en peut plus que sa mère lui dise toujours quoi faire… »
- Si grand-maman n’a pas l’habitude de vous laisser parler à votre aise, écrivez-lui une lettre. Non seulement vous pourrez choisir les mots les plus diplomatiques, mais en plus elle ne vous interrompra pas!
- Racontez les bons souvenirs que vous gardez de vos grands-parents ou ce que vous auriez aimé vivre avec eux. Votre expérience pourrait inspirer les nouveaux grands-parents.
- Si malgré vos efforts de conciliation, mamie se montre trop envahissante, espacez ou raccourcissez les appels téléphoniques et les visites. Peut-être que le temps réussira là où vous avez échoué!
Grands-parents éloignés
Si au contraire, les grands-parents ne sont pas assez présents dans la vie de vos enfants, il est possible de créer des occasions de rapprochements en les invitant plus souvent, en leur faisant des visites plus fréquentes, en leur confiant la garde des enfants quelques heures, etc. Vous pouvez aussi leur demander de remplir un cahier avec des anecdotes de leur enfance, l’arbre généalogique, des conseils qu’ils aimeraient transmettre à vos enfants, pour quand ils seront adultes… Il existe de ces cahiers en librairie – sur le même principe que les cahiers de grossesse — avec des questions à répondre et des espaces pour des photos. Vous pouvez aussi créer ce cahier souvenirs en le décorant et en y inscrivant des questions sur des événements propres à votre famille.
Ce que la loi dit
La Loi prévoit que les parents ne peuvent pas, sans un motif grave, empêcher des grands-parents de développer des liens avec ses petits-enfants. Si les parents vous refusent l’accès à vos petits-enfants, vous pouvez présenter une requête à la Cour supérieure du Québec pour obtenir des droits d’accès.
Vous pourrez demander au Tribunal de vous accorder des visites selon la même fréquence qu’avant le conflit. Cependant, vous devez savoir qu’on n’accorde pas aux grands-parents des droits d’accès aussi fréquents que ceux qu’on attribue à un parent séparé, par exemple.
Pour en savoir plus sur les droits des grands-parents, consultez le site Educaloi.
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