Famille

Vivre loin de sa famille

C’est à travers les témoignages de parents que nous verrons les différents contextes ayant mené à cet éloignement et les impacts qu'il a eus sur leur vie. Des moyens seront aussi proposés afin de pouvoir mieux faire face à cette situation qui est pour le moins déstabilisante.

Les différents contextes d’éloignement

Il y a quelques générations, lorsque les enfants devenus adultes quittaient la maison familiale, c’était rarement pour aller bien loin de leurs parents et de leur famille élargie. Mais le contexte économique et l’instabilité des emplois ont fait augmenter la mouvance des familles d’une région à une autre. Et la situation politique de certains pays ou le désir d’améliorer ses conditions de vie font que de plus en plus de familles immigrent. Voici le parcours de quelques-unes de ces familles.

Chrystelle et Stéphan caressaient le rêve de venir au Québec bien avant de former une famille. Mais ce n’est finalement qu’en 2006 qu’ils ont traversé l’océan avec leurs trois mousses de 10, 8 et 5 ans pour s’établir dans la région de Joliette. Même s’ils étaient bien préparés – ils avaient même fait un voyage avec leurs enfants l’année précédente où les petits avaient entre autres pu passer une journée en classe – cela leur a demandé toute une organisation. « Arriver de l’autre bout du monde avec trois enfants, cela veut dire pas de petite gardienne le samedi soir, pas de plan B si un enfant est malade ou qu’il y a une journée de tempête… » Chrystelle s’est donc trouvé un emploi de soir et de fins de semaine dans un dépanneur afin de rester disponible aux enfants durant le jour pendant que son conjoint travaillait. 

Annie de son côté a vécu ses semaines en « monoparentale » de trois enfants pendant près de deux ans avec un conjoint qui travaillait à l’extérieur et qui ne revenait que les fins de semaine. Cette situation l’a épuisée physiquement et moralement. « On m’a diagnostiqué un « burn-out », mais je ne pouvais pas démissionner de mon rôle de maman. J’étais alors en congé de maternité de mon emploi, donc déjà à la maison. » Annie et son conjoint ont longuement discuté de la situation, et c’est finalement dans une autre région, à 350 km de leur patelin d’origine que son conjoint s’est trouvé un nouvel emploi alors que les enfants avaient 15 ans, 3 ans et demi et 2 ans. Même si cela a été difficile pour elle de se retrouver loin de sa famille et de ses amis, elle considère qu’elle y a gagné au change avec un conjoint tous les soirs à la maison.

Karima de son côté est arrivée au Québec au milieu des années 1990 avec son mari et leurs trois enfants de 10, 8 et 3 ans. C’est le contexte politique instable de leur pays d'origine qui les a amenés à immigrer. Ce fut une longue adaptation pour toute la famille. La non-reconnaissance des diplômes de son mari, la recherche d’un emploi, l’insécurité financière, l’isolement sont toutes des choses qui ont fait partie du quotidien durant leurs premières années ici. L’éloignement a été particulièrement difficile pour eux quand des membres de leur famille ont été malades. « On se sent bien impuissants en étant aussi loin »

L’impact sur la famille

Les enfants peuvent vivre cet éloignement difficilement. C’est une coupure, un deuil à faire. Et comme ces derniers sont très attachés à leurs repères, cela peut rendre la situation pénible pour les parents qui vivent aussi des sentiments contradictoires face à leur nouvelle vie. Oui, c’est excitant, mais on fait aussi face à l’inconnu.

Pour l’aîné d’Annie, les premières semaines d’école furent difficiles alors que les deux plus jeunes de leur côté réclamaient souvent leurs grands-parents. Mais ce qui fut le plus ardu pour Annie, c’est de se remettre sur les listes d’attente afin d’obtenir des services pour ses deux plus jeunes enfants qui ont un diagnostic d’autisme. « Mais maintenant, après quelques années, je peux dire que tout est réglé. Nous sommes maintenant chez nous et nous sommes bien. »

Pour Karima qui a eu un quatrième enfant ici, le choc s’est davantage vécu au niveau culturel. En grandissant ici, ses enfants sont devenus peu à peu « Québécois » dans leur façon de penser et d’agir et cela a créé des frictions, surtout entre son conjoint et les deux aînées maintenant rendues grandes. Elle a souvent eu l’impression de servir de médiatrice afin d’aider chacun à comprendre le point de vue de l’autre.

De leur côté, les enfants de Chrystelle et Stéphan ont assez bien vécu leur intégration québécoise. Malgré les différences du système scolaire québécois par rapport à celui de la France, et quelques ajustements nécessaires, ils réussissent maintenant très bien à l’école. « En fait, le plus gros défi de mon petit dernier a été d’apprendre à mettre son habit de neige dans un temps raisonnable! »

Mais elle ajoute : « Partir à l’autre bout du monde, c’est toute une aventure. Et s’il y a bien une chose qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a aucune certitude. Même si on se pense bien préparés, les embûches ne sont pas toujours là où on pourrait le croire. Mais ça permet d’apprendre le lâcher-prise! »

Briser l’isolement… la clef du succès!

Que ce soit pour nous aider à passer à travers un moment difficile, pour nous aider dans notre rôle de parent ou encore partager ses grandes joies, il faut tenter de briser l’isolement qu’on vit invariablement lorsqu’on quitte son coin de pays. Voici donc quelques trucs qui vous donneront des pistes de solutions pour vivre le plus sereinement possible l’éloignement de votre famille :

  • Prenez contact avec un organisme communautaire famille de votre nouveau quartier. Vous y trouverez une panoplie d’activités et de services qui combleront les petits comme les grands : Ateliers pour les parents, programme d’activités parents-enfants, sorties familiales, halte-garderie, cuisines collectives, etc. Dans ces milieux de vie, vous aurez l’occasion de créer des liens avec des parents vivant des situations semblables à la vôtre et d’avoir le support des intervenants qui y travaillent.
  • Participez à des activités de loisirs, seule ou avec votre enfant. Que ce soit une activité sportive ou un club de scrapbooking, un cours de natation parent-enfant ou une heure du conte à la bibliothèque, cela vous permettra aussi de voir des gens qui partagent les mêmes intérêts que vous. De belles amitiés en perspective!
  • Impliquez-vous bénévolement. À l’école, à la garderie des enfants, dans un centre communautaire. Cela vous permettra de vous valoriser, de créer des contacts avec des gens de ces milieux et qui sait, cela se transformera peut-être en futur emploi pour vous!
  • Et enfin, trouvez des moyens d’entretenir les liens si précieux avec votre famille. Avec internet, c’est tellement simple d’écrire, d’envoyer des photos et même de se parler « en direct » avec la caméra web. Si vous n’avez pas accès à l’internet à la maison, plusieurs endroits, dont les bibliothèques municipales, l’offrent à peu de frais. Profitez-en!