Le « parent tigre » est loin du « parent poule », celui qui habille son enfant trop chaudement de peur qu’il ait froid ou qui hésite à lui enlever les roues d’entraînement sur son vélo. Le parent contrôlant est dans une autre catégorie.
« Lorsque l’on parle d’un parent contrôlant, on parle d’un parent exigeant, rigide, peu chaleureux et avare de démonstrations affectives, explique la docteure Mélanie Laberge, psychologue. Très souvent, il s’oppose catégoriquement entre ce qu’il perçoit comme bon ou mauvais ». Le contrôle peut aussi provenir de la présence d’anxiété chez le parent. Celui qui vit avec la peur au quotidien peut également avoir tendance à surprotéger son enfant. Et dans certain cas, la surprotection peut se manifester d’une manière contrôlante.
Un style parental et non une pathologie
La dre Laberge explique qu’être un parent contrôlant, ce n’est pas une pathologie à proprement dit : « Il s’agit plutôt d’un style parental dit autoritaire ».
Il existerait quatre styles de parents selon la psychologue Nadia Gagnier, citée sur le site de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie. Quels sont-ils?
4 styles parentaux
- Le démocratique – Ici, on est confronté à un parent qui est à la fois chaleureux et affectueux, mais qui offre un encadrement clair et cohérent aux enfants.
- L’autoritaire – C’est un parent qui encadre énormément son enfant. Il a des attentes très élevées et omet souvent d’être chaleureux et de donner de l’affection.
- Le permissif – Très chaleureux et affectueux, il n’ose pas encadrer et fixer des limites à sa marmaille.
- Le désengagé – Il n’offre ni affection, ni encadrement.
Le meilleur style parental est donc celui qui s’équilibre entre deux facteurs : l’affection et l’encadrement.
Le parent contrôlant est-il conscient de son état?
« Certains parents contrôlants ont reçu une éducation stricte et contrôlée, souligne Mme Laberge. Ils veulent reproduire le même scénario avec leurs enfants car ils évaluent que ce modèle a eu un effet positif sur eux. Ils sont donc tout à faire conscients de la méthode éducative employée ». Pour eux, il s’agit de la meilleure des options et ils agissent dans le meilleur intérêt de leur enfant. Loin d’eux l’idée de faire du mal.
En ce qui concerne les autres, ceux qui sont autoritaires par peur, on ne peut pas vraiment parler d’un choix conscient puisqu’ils agissent ainsi dans un but de (sur)protection. Mais encore là, ils agissent dans ce qui leur semble être l’intérêt supérieur de leur progéniture.
Des conséquences dramatiques pour les enfants
L’emprise du parent contrôlant n’est pas sans conséquence pour l’enfant. Ce style parental à un impact direct sur son développement et peut laisser des séquelles sur son développement psychologique et social. Voici les plus communs.
Impacts sur les enfants
- Enfants plus réservés, peu spontanés et anxieux
- Ils peuvent présenter une piètre réaction à la frustration
- Ils sont plus susceptibles à se livrer à des activités dites antisociales comme la toxicomanie, l’alcoolisme, la délinquance et le vandalisme.
La spécialiste précise que l’enfant d’un parent contrôlant peut tout de même devenir un adulte serein et épanoui, « mais que tout cela dépend du niveau de contrôle exercé et de différents facteurs environnementaux, personnels et familiaux ».
Parent contrôlant, enfant menteur
Face à un parent contrôlant, l’enfant qui se sent en conflit entre ses envies, ses besoins et ce qu’on lui demande, pourrait commencer à mentir. « Cependant, dit Dre Laberge, ce n’est pas automatique. Un parent peut être autoritaire et avoir des règles strictes d’éducation, mais être également chaleureux et être dans les confidences de son enfant. Dans ce cas, l’enfant se sent plus libre de s’exprimer et donc, moins susceptible de mentir. »
Encore une fois, on comprend que rien n’est systématique et que tout dépend du niveau de contrôle exercé et de la personnalité de l’enfant.
Bien que le fait d’avoir un parent contrôlant n’est pas obligatoirement et dramatiquement dommageable pour l’enfant, il est primordial de rester vigilant. Si le niveau de contrôle exercé en vient à affecter le parent, l’enfant ou leur dynamique, il est préférable de consulter un spécialiste (psychologue ou psychoéducateur). Il en va du bien-être et de l’épanouissement de tous.