Selon le Journal de Montréal, des milliers d'élèves québécois consommeraient des médicaments comme le Ritalin alors qu'ils n'en ont pas besoin. Un expert considère que cette pratique équivaut même à du « dopage scolaire ».
Dans un livre à paraître ces jours-ci et dont le Journal a obtenu copie, le psychothérapeute et docteur en neurosciences Joël Monzée pose un regard très critique sur la consommation de psychostimulants au Québec.
À son avis, le recours à des médicaments tel le Ritalin pour « calmer » des élèves «dérangeants» constitue une forme de « dopage », au même titre que la consommation de stéroïdes chez les athlètes. « S'il est clair que certains enfants [...] ont de réelles difficultés d'apprentissage, tous n'ont pas besoin d'une médication pour répondre aux attentes des adultes », tranche Joël Monzée, dans Médicaments et performance humaine : thérapie ou dopage?
Le Journal de Montréal a levé le voile, le mois dernier dans un grand reportage, sur l’inquiétante consommation de Ritalin des petits Québécois. En effet, la consommation est en voie d'atteindre un nouveau record. Pourtant, même si le Ritalin est d’abord prescrit aux enfants souffrant d'un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), trop d’enfants en consomment alors qu’ils n’en ont pas réellement besoin. Selon l’expert Joël Monzée, les médecins escamotent les tests et n’ont plus le temps de poser un diagnostic éclairé. « L'expérience clinique et les statistiques montrent [...] que les enfants obtiennent de plus en plus facilement un diagnostic de nature psychologique dès que leurs comportements sortent des normes », déplore l'expert, dans son ouvrage.
« L'omnipraticien agit pour stopper le plus rapidement possible la situation de crise vécue par la famille [...] Il n'est donc pas étonnant que le [diagnostic] soit abrégé et que la prescription d'un psychostimulant soit perçue comme la meilleure manière d'intervenir », avance-t-il.
Mais les professeurs sont aussi montrés du doigt dans le livre de Joël Monzée car ceux-ci « invitent les parents à consulter un médecin pour obtenir un diagnostic [et se font prescrire] un moyen éducatif ou thérapeutique qui réduira la fréquence des comportements dérangeants. »
Il rappelle que le Ritalin était censé n'être prescrit qu'à des enfants en bas âge, à l'origine. « [Mais] en l'espace de quinze ans, les entreprises [...] ont réussi à convaincre scientifiquement que leur produit était utile de la maternelle à la fin de la vie...», indique le spécialiste, dans son ouvrage.