Définition et prévalence
Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) se caractérise par trois symptômes principaux : l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité (1).
L'inattention se caractérise par une incapacité à se concentrer ou à être attentif, par une tendance à faire des erreurs d'inattention, une distractivité et une difficulté à écouter. L'hyperactivité se manifeste souvent par un comportement agité, une volubilité et, chez les enfants, une tendance à courir ou à grimper partout à des moments inappropriés. Les signes de l'impulsivité comprennent une incapacité à réfréner des réactions immédiates ou à réfléchir avant d'agir.
Le TDAH est considéré comme un trouble héréditaire, avec un taux de transmission d'environ 70 %, soit l'un des plus élevés parmi les troubles psychiatriques (2).
La prévalence signalée du TDAH est de 4 à 11 % chez les enfants et les adolescents d'âge scolaire et de 3 à 5 % chez les adultes (3),(4). Cela signifie qu'au moins 1,2 million de Canadiens sont atteints de TDAH, soit environ un demi-million d'enfants et d'adolescents et plus de 700 000 adultes (5). Au Québec, plus de 700 000 personnes sont touchées par le syndrome, dont plus de la moitié sont des adultes (6).
Diagnostic du TDAH
Le diagnostic du TDAH chez les enfants et les adolescents nécessite une évaluation approfondie par un médecin spécialisé dans ce domaine, à laquelle s’ajoutent les observations des parents, d'autres membres de la famille et des enseignants. D'après le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) de l'American Psychiatric Association, le diagnostic de TDAH doit reposer sur la présence de six symptômes ou plus d'inattention ou d'hyperactivité/impulsivité. Ces symptômes doivent être présents depuis au moins six mois et être assez graves pour entraîner un comportement mésadapté et nuire au développement de l'enfant. L'évaluation des adultes pour le diagnostic du TDAH est similaire à celle de l'enfant et comprend la détermination des antécédents de TDAH à l'enfance, selon les critères du DSM-IV.
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Inattention
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Hyperactivité
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Impulsivité
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Enfant/adolescent
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Difficulté à fixer son attention N'écoute pas Perd ses affaire |
Se tortille/ne reste pas en place Court ou grimpe partout Parle trop |
Répond brusquement A du mal à attendre son tour Interrompt les autres |
Adultes
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Difficulté à rester concentré sur des tâches administratives ou sur de la lecture Mauvaise gestion du temps Difficulté à finir ses tâches |
Ne peut rester assis tranquillement Se sent submergé Choisit des occupations actives |
Changements d'emploi impulsifs Conduit trop vite Facilement irritable |
L'évaluation de l'adulte nécessite également la détermination de tout déficit fonctionnel et développemental à la maison, y compris pendant l'enfance et les études. Celle-ci est souvent réalisée en consultant les dossiers scolaires, les bulletins, les souvenirs d'enfance du patient, etc. (2).
Conséquences du TDAH
Les principaux symptômes du TDAH pendant l'enfance, parmi lesquels figurent l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité, peuvent entraîner un certain nombre de déficiences pendant l'enfance/adolescence ainsi qu'à l'âge adulte.
Comportement social
Les résultats de la National Stigma Study montrent que les enfants et les adolescents atteints de TDAH sont plus susceptibles d'être socialement maintenus à l'écart que ceux atteints de dépressions, de troubles mieux acceptés ou d'une maladie physique (6).
Dès l'âge de sept ans, beaucoup d'enfants/adolescents atteints de TDAH peuvent être rejetés et étiquetés par leur entourage (7). Ce phénomène de rejet peut se prolonger de l'enfance à l'adolescence et pendant les années qui suivent (8).
De 50 à 70 % des personnes atteintes de TDAH déclarent n'avoir que peu ou pas d'amis intimes (9).
Éducation et emploi
C'est dans les résultats scolaires que le TDAH peut avoir le plus de répercussions (10). Les jeunes atteints de TDAH sont plus susceptibles que les autres de redoubler (42 % contre 13 %), de faire l'objet d'une suspension (60 % contre 19 %) et d'être renvoyés (14 % contre 6 %) (11).
Peu de personnes atteintes de TDAH font des études collégiales ou universitaires et seules 5 % de celles qui y parviennent obtiennent un diplôme (11).
Les personnes atteintes de TDAH sont trois fois plus susceptibles d'être licenciées que les autres (11). Parmi les adultes atteints de TDAH qui ont eu au moins un emploi au cours des dix dernières années, 43 % déclarent l'avoir perdu en raison des symptômes du TDAH (11).
Blessures accidentelles
Les enfants atteints de TDAH ont plus souvent recours au service des urgences, se blessent plus fréquemment (blessures mineures et majeures) et présentent des blessures plus graves que les autres enfants (12).
Les conducteurs atteints de TDAH étaient plus susceptibles que les autres d'avoir des contraventions pour excès de vitesse, de se faire suspendre leur permis, d'être impliqués dans des accidents de toute nature, dont des accidents provoquant des blessures corporelles. Eux-mêmes et leurs passagers jugent qu'ils ont des habitudes de conduite imprudentes, comme une conduite irrégulière, des temps de réaction lents et commettent des infractions (11).
Les conducteurs atteints de TDAH sont trois fois plus nombreux que les autres à perdre leur permis (11).
Prise en charge du TDAH
La prise en charge du TDAH doit comporter un programme thérapeutique personnalisé qui comprend souvent des médicaments et des interventions d'ordre psychologique, éducatif et social. Pour optimiser les résultats, la personne atteinte de la maladie, les membres de sa famille et les superviseurs/enseignants/administrateurs doivent participer activement au traitement.
Source : Janssen-Ortho
Références
(1) Goodman DW. The Consequences of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Adults. J Psychiatr Pract. 2007 Sept;13(5):318-326.
(2) Moss SB, Nair R, Vallarine A, Wang S. Attention deficit/hyperactivity disorder in Adults. Prim Care Clin Office Pract. 2007;34:445-473.
(3) Einarson TR, Iskedjian M. Novel Antipsychotics for Patients with Attention-Deficit Hyperactivity Disorder: A Systematic Review. Ottawa : Office canadien de coordination de l'évaluation des technologies de la santé; 2001. Rapport n° 17.
(4) Greydanus DE, Pratt HD, Patel DR. Attention Deficit Hyperactivity Disorder Across the Lifespan. The Child, Adolescent, and Adult. Dis Mon. 2007 Feb;53(2):70-131.
(5) Si l'on applique le taux de prévalence du TDAH de 4 % chez les enfants/adolescents selon Einarson et de 4 % chez les adultes selon Greydanus aux données de Statistique Canada sur la population par sexe et par âge en 2004, on peut conclure que 318 858 enfants/adolescents et 691 494 adultes sont touchés.
(6) Statistiques de l'Association québécoise des troubles d'apprentissage. Accessible en ligne à l'adresse : www.aqeta.qc.ca (Date du dernier accès : 19 février 2008).
(7) Hoza B, Mrug S, Gerdes AC, Hinshaw SP, Bukowski WM, Gold JA, Kraemer HC, Pelham WE Jr, Wigal T, Arnold LE. What Aspects of Peer Relationships Are Impaired in Children With Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder? J Consult Clin Psychol. 2005 Jun;73(3):411-423.
(8) Price JM, Dodge KA. Peers’ contributions to children’s social maladjustment: Description and intervention. Dans : Berndt TJ, Ladd GW, rédacteurs. Peer relationships in child development. New York: Wiley; 1989:341-70.
(9) AD/HD Foundation of Canada. Invisible Disability Statistics. Disponible à l'adresse : http://www.adhdfoundation.ca/goals/adhd_ld_stats.htm (dernier accès le 7 février 2008).
(10) Barkley, R.A. Major life activity and health outcomes associated with attention-deficit/hyperactivity disorder. J Clin Psychiatry 2002;63 (suppl 12).
(11) Biederman J et al. Functional impairments in adults with self-reports of diagnosed ADHD: A controlled study of 1001 adults in the community. J ClinPsychiatry. 2006 Apr; 67:524-540.
(12) Guevara J Loranzo P, Wickizer T, Mell L, Gephart H. Utilization and cost of health care services for children with attention-deficit/hyperactivity disorder. Pediatrics. 2001;108(1):71-8.