Ma fille avait sept mois quand on nous a appelés pour une place dans un CPE. Je pensais avoir gagné à la loterie. Même si le CPE est à 6 km de la maison, j’accepte la place, emballée de confier ma fille à un milieu stimulant et à des éducatrices formées, expérimentées.
Pendant deux ans, c’est le bonheur. Ma fille s’épanouit dans ce milieu où tout est mis en œuvre pour nous accompagner dans notre nouvelle vie de parents. Même si on s’adresse davantage à moi (la maman), mon conjoint prend aussi sa place.
La garderie à 4 mois
Enceinte de mon deuxième, il aura déjà une place réservée au CPE. Or, je devais faire un choix… Introduire le service de garde à 4 mois ou à 16 mois. Le besoin de notre famille aurait été d’introduire la garderie pour mon bébé à ses huit mois. Pas de place chez les poupons en plein hiver!
Le choix s’est fait de lui-même. Ma mère est décédée accidentellement. J’étais rassurée de savoir que des femmes compétentes et d’expérience veillaient sur mon bébé de 4 mois pendant que j’essayais de reprendre le contrôle de mes émotions.
Implication
Comme mes deux enfants étaient au CPE, j’ai accepté de m’impliquer au conseil d’administration. C’est ainsi que j’ai appris qu’il y avait syndicalisation des éducatrices. Et qu’il y avait des tensions entre la direction et les éducatrices. Les communications étaient brouillées entre la direction et le personnel.
La modulation des tarifs de services de garde selon le revenu est implantée par le gouvernement. Certains parents quittent le CPE pour aller en installation privée. Les revenus du CPE diminuent. Il fallait couper. Et la qualité des services aux enfants allait en souffrir…
Des doutes
C’est dans cette tourmente que les doutes se sont installés dans mon esprit. Ma fille amorçait la maternelle. L’école est à 2 km au nord de la maison. Le CPE est à 6 km au sud. Côté conciliation, on a vu mieux.
Je me suis mise à comprendre ce que les autres parents disaient sur les CPE. Cette amertume envers les lacunes du système liées au manque de places. Je trouvais difficile de devoir faire le choix entre un service de garde de qualité et le temps que j’allais passer avec mes enfants chaque jour.
Je me suis résignée à quitter la communauté que j’aimais, avec laquelle j’avais tissé des liens.
Garderie privée subventionnée
Une garderie privée subventionnée sur le chemin du travail de mon conjoint nous semblait la meilleure solution.
La garderie offrait un milieu stimulant puisque bilingue. Mon fils a rapidement appris l’anglais sans s’en rendre compte. L’éducatrice qui en prenait soin était une perle de patience et de dévouement.
Mais tout n’est pas parfait. On propose des biscuits soda comme collation, du Jello aussi. Dans mes critères d’alimentation saine, ce ne sont pas des aliments dans le haut de la liste. Le midi, on sert souvent de la soupe et des bagels. Pourtant, comme parent, nous payons le même prix qu’au CPE!
Plus insidieux que ça, on a l’impression que les intérêts financiers de la garderie passent avant le bien-être des enfants. Les propriétaires de la garderie prennent des décisions arbitraires sans être sur le terrain, sans voir les enfants.
À deux reprises, un manque de jugement concernant les modalités de paiement brise la confiance avec la gestionnaire de la garderie.
Garderie privée
Notre fils intègre donc un nouveau milieu de garde, une troisième garderie en quatre ans. J’ai le cœur gros. La constance, si importante pour moi, prend le bord. J’ai l’impression d’avoir échoué à lui trouver un milieu sécuritaire (physique, psychologique) dans les premières années de sa vie.
Vous pouvez imaginer la culpabilité qui pointe le bout de son nez lorsque je me dis que rien de tout ça ne serait arrivé si j’étais restée à la maison pour m’occuper des enfants… Je me réconforte en me disant que mon fils saura s’adapter. La vie est remplie de changements et il saura apprendre (et nous aussi) de cette expérience.
Nous avons donc choisi une garderie privée non subventionnée, non pas parce qu’elle est privée, mais parce que la personne devant nous nous a parlé de sa vision du milieu de garde. C’est une entreprise familiale où on sent que les besoins des enfants sont la priorité.
Et la propriétaire de la garderie sera l’éducatrice de mon enfant. Cette garderie est son gagne-pain, mais aussi sa passion.
Pourquoi en sommes-nous rendus là?
Parce que les services de garde ne correspondaient pas à nos attentes comme parents…
CPE, public, privé, milieu familial, en milieu de travail, installations… Ce que les parents cherchent est la confiance. Une main tendue qui signifie « tu peux laisser tes enfants ici la tête tranquille ». Un réseau. Vous savez, ce fameux village? Pouvoir compter sur un village de confiance qui participera, en équipe, au développement de notre enfant; comme parent, c’est ce qu’il y a de plus précieux.
Écrit par Mariève Paradis
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