Les déménagements, particulièrement ceux qui impliquent des changements importants comme une nouvelle garderie ou une nouvelle école, sont l’une des causes de stress les plus importantes pour les enfants et même pour les adolescents.
Avec cette nervosité peuvent venir des changements de comportements difficiles à gérer : de l’agressivité, des cauchemars, de l’insomnie, de la tristesse, etc. Même si le déménagement se passe dans un contexte heureux, l’enfant et l’adolescent peuvent réagir fortement. Il est parfois difficile de prendre tout le temps nécessaire pour rassurer les petits dans le feu de l’action.
L’importance de la préparation
« La préparation est pourtant la clef », explique Garine Papazian-Zohrabian, professeure agrégée au département de psychopédagogie à l’Université de Montréal. « Il est essentiel de ne pas les prendre au dépourvu, quel que soit l’âge de nos enfants. Ils n’ont pas la même notion de temps que nous et cela est particulièrement vrai pour les enfants en bas âge. Il est donc très important de s’y prendre d’avance pour s’assurer qu’ils ne se sentent ni bousculés, ni en perte de sécurité. »
De la petite enfance à l’adolescence, les ruptures de liens sont des événements traumatiques. Un changement dans l’entourage et le bris d’un lien avec une personne de confiance rend l’enfant vulnérable. Ceci est particulièrement vrai pour un enfant très jeune, qui ne comprend pas bien ce qui arrive, mais aussi pour un adolescent pour qui les liens avec les amis sont très importants.
Bien expliquer le déménagement
Prendre le temps de montrer la nouvelle maison, la nouvelle garderie ou la nouvelle école. « Pour un enfant, il est fondamental d’avoir une représentation mentale du changement qu’il va vivre, autant au niveau temporel qu’au niveau spatial. Aller visiter le nouveau quartier, explorer son futur environnement, explique la pédopsychologue. L’enfant et l’adolescent doivent avoir le temps d’exprimer leur malaise. Le parent doit prendre le temps d’écouter et de répondre à ses questions d’expliquer les raisons du changement et de montrer que c’est un bon choix pour lui et pour toute la famille. L’enfant qui a confiance en ses parents va mieux s’adapter s’il est impliqué et se sent écouté. »
La journée du déménagement
Impliquer les enfants avec des tâches, comme épousseter, remplir et vider les boîtes de leurs jouets et leurs livres, défaire (et jouer avec) les boîtes… Des gestes simples qui les occuperont le temps d’installer un minimum de confort.
Avoir un horaire de la journée bien établi avec les enfants peut rassurer lors d’une journée remplie d’émotions.
À chaque âge son attachement
Chaque âge est différent et les enfants n’ont pas les mêmes besoins, les mêmes liens d’attachement et les mêmes blessures lors d’un déménagement.
1 à 5 ans
Pour les enfants d’âge préscolaire, les liens d’attachement sont très importants. « Les petits en bas âge, particulièrement entre un an et trois ans, sont dépendants à leur entourage et ils ont besoin de se sentir en sécurité. Ils sont attachés autant au cadre de leur environnement, leur milieu de vie, qu’aux adultes qui prennent soin d’eux », explique Garine Papazian-Zohrabian. La constance du milieu et des gens qui entourent l’enfant est donc primordiale pour son bon développement. Lors d’un déménagement, les enfants âgés de un à cinq ans peuvent donc vivre beaucoup d’anxiété et développer la peur de l’inconnu et même la peur des adultes. « Il est important de permettre à l’enfant d’exprimer ses peurs, de le rassurer et de faire ses adieux aux personnes qui lui sont chères, comme à son éducatrice, par exemple », conseille la pédopsychologue.
6-11 ans
Chez les enfants qui fréquentent l’école primaire, les liens d’attachement sont surtout avec la famille. Les amis jouent un rôle important, bien sûr, mais l’environnement familial est ce qui est le plus sécurisant pour eux. Il s’agit donc d’un moment plus propice pour changer de milieu. « À ces âges, il est bon de mettre des dates sur les changements majeurs comme un déménagement. Le rapport au temps change selon l’âge, mais ils seront moins déstabilisés en sachant ce qui les attend », explique Garine Papazian-Zohrabian. Le déménagement doit être un sujet de conversation à la maison. Cela va leur permettre d’exprimer leurs émotions. Rester à l’écoute de leurs inquiétudes et porter une attention particulière aux messages permet de détecter les peurs et les angoisses. Si l’enfant dit qu’il a peur de perdre un ami imaginaire, par exemple, il parle probablement de quelqu’un ou de quelque chose dans son ancien entourage.
Adolescence
Les adolescents sont particulièrement attachés à leurs amis et ces relations ont une importance capitale pour eux. Déménager, changer d’école, signifie aussi changer d’amis et d’environnement social. Les ados ont la particularité de s’opposer aux adultes et, surtout, aux parents. « Si la relation n’est pas excellente, une décision, qui ébranle l’adolescent comme un déménagement, pourrait déclencher une crise familiale difficile à résoudre », avertit la pédopsychologue. Encore une fois, le temps permet d’expliquer les raisons de cette décision. La discussion sera adaptée selon la relation avec l’adolescent, de sa personnalité et même de son humeur du moment. Flexibilité, écoute et compassion sont de mise, même s’il se fera d’autres amis dès la semaine suivante !
Des conseils pour tous les âges
Dre Papazian-Zohrabian n’a pas de recette magique pour faciliter l’adaptation à ces changements majeurs dans la vie des enfants. Elle rappelle qu’il faut prendre le temps nécessaire avec chacun d’eux, en fonction de leur personnalité et de leurs préoccupations. Elle conseille donc de prendre le temps de faire le tour des personnes de leur entourage et de les laisser faire leurs adieux. Elle suggère aussi d’impliquer les enfants dans les préparatifs du déménagement, à la hauteur de leur capacité. Dans le cas des adolescents, il peut être une bonne idée de laisser beaucoup de liberté quant aux choix entourant la chambre ou un endroit particulier dans la maison.
Par Elise Tardif-Turcotte