Santé

La méthode kangourou

Le programme « mère kangourou » a vu le jour en 1978 en Colombie. D'abord expérimentale, la méthode consistait pour les mères à tenir leur bébé prématuré contre elles, peau contre peau, 24 heures sur 24. De récentes recherches ont démontré que cette technique se compare avantageusement à l’utilisation de l’incubateur.

La naissance de la mère kangourou 

En 1978, Edgar Rey Sanabria, pédiatre, travaillait dans une maternité très achalandée d'un quartier pauvre de Bogota où se déroulaient plus de 20 000 naissances par an et où le nombre d’incubateurs n’était pas suffisant, ce qui avait pour conséquences un grand nombre d'infections et des abandons fréquents par les parents. Depuis, les résultats obtenus grâce à cette technique ont intéressé de nombreux spécialistes de partout dans le monde.

Devenir mère kangourou

La méthode kangourou s’adresse principalement aux nouveau-nés ayant un poids de naissance inférieur à 2 kilos et aux prématurés nés à moins de 37 semaines de gestation (une grossesse normale dure environ 40 semaines). En Colombie, la méthode a été utilisée pour des bébés de 30 semaines d’âge de gestation et plus.

Après la naissance, on attend que l'état de bébé se soit stabilisé, c’est-à-dire qu’il ait atteint son autonomie respiratoire et qu’il soit capable de téter et déglutir de façon coordonnée. On offre ensuite à la mère l’enseignement de la position kangourou. Au cours des semaines à venir, la mère devra porter l'enfant entre les seins, en contact direct avec sa peau et tous deux devront rester en position verticale 24 heures sur 24. Le bébé sera alimenté au sein. Le père pourra également porter bébé, en alternance avec la mère, afin de permettre à cette dernière un peu de repos.

Une fois l’état du bébé jugé stable par l’équipe médicale, les parents peuvent retourner à la maison avec bébé, ce dernier attaché à la mère par une bande de Lycra. Ils devront toutefois se présenter à la clinique tous les jours jusqu’à ce que bébé prenne au moins 15 grammes par kilo et par jour, après quoi ils pourront espacer leur visite à une fois semaine. Vers 37 semaines (âge de gestation) et lorsque le bébé a atteint un poids supérieur à 2300 grammes, le bébé sera prêt à renaître. Certains bébés tenteraient même de se dégager de la bande de Lycra qui les tient à leur mère.

Les avantages de la méthode

Plusieurs études ont été menées sur la méthode kangourou et ont démontré une série d’avantages. Le bébé a un rythme cardiaque plus stable, un rythme respiratoire plus régulier (75 % d'apnées en moins), une saturation en oxygène meilleure, des périodes de sommeil plus longues, pas de stress thermique, une prise de poids plus rapide, un développement cérébral plus rapide, une réduction des périodes d'agitation sans but, moins de pleurs, des périodes d'éveil plus longues, et une sortie d'hôpital plus rapide.

Les bénéfices pour les parents sont également importants. On estime entre autres que la méthode permet une réparation du deuil vécu par les parents d'avoir leur bébé en unité de soins intensifs; les parents se sentent plus proches de leur bébé; ils forment un attachement plus précoce; ils ont plus confiance en eux pour les soins à prodiguer à leur bébé et ils acquièrent la certitude que le bébé est soigné correctement et qu'ils détiennent un certain contrôle de la situation. La méthode kangourou, avec l'allaitement, permet à la mère de contrer ce terrible sentiment d’inutilité créé par l’incubateur, le gavage et le monitorage en continu.

La méthode offre également à la mère de donner à son bébé le meilleur d'elle-même — sa chaleur, son lait, mais aussi tout son amour. Les conditions dans lesquelles bébé se trouvait avant sa naissance se voient prolongées. Le lait de la mère serait d'ailleurs parfaitement adapté aux besoins du prématuré. Puisque la mère ne peut porter l’enfant en continu, la méthode kangourou permet au père de s’impliquer activement et lui donne la chance de jouer un rôle très important auprès de son enfant.

Le kangourou des pays industrialisés 

Depuis plusieurs années, les pédiatres de différents pays industrialisés, dont le Canada, ont commencé à étudier l'impact de la méthode sur les prématurés. Toutefois, il semble que dans les unités de néonatalogie européennes, américaines et canadiennes, le kangourou ne soit autorisé que quelques fois par jour, en raison d’une heure ou deux par séance. Le Dr Ruiz-Pelaez qui a effectué de nombreuses recherches sur la question, prétend que les pays industrialisés pourraient facilement promouvoir la version colombienne de la méthode, soit de porter le bébé 24 heures par jour, ce qui permettrait, selon lui, plusieurs économies, notamment sur l’achat d’incubateurs qui peuvent coûter chacun entre 20 000 $ et 70 000 $.

Pour Nathalie Charpak, pédiatre française immigrée en Colombie à la fin des années 80, la méthode kangourou est issue du bon sens. Dans une entrevue qu’elle accordait à www.ecofamille.com, elle affirmait : « Dans les pays développés, on a tendance à croire que les soins sont plus efficaces s'ils font plus intervenir la médecine. Imaginez ce que peut ressentir un tout petit bébé, dans une couveuse, intubé, seul, et sans aucun contact humain, avec pour seuls bruits à entendre celui des machines médicales qui l'entourent. Je souhaite une plus grande prise de conscience dans le sens d'une humanisation des soins de l'enfant prématuré. Je pense que la méthode kangourou y contribue : elle aide l'enfant prématuré à s'intégrer plus rapidement au sein de sa famille avec les bénéfices que vous pouvez imaginer sur le plan social, psycho-émotif et aussi économique sans mettre en jeu ni la vie de l'enfant, ni la qualité de sa survie. Et à celles qui hésitent parce que, porter son enfant jour et nuit, être à sa disposition pour l'alimenter toutes les deux heures et s'investir à 100 % pour l'aider à entrer dans la vie est fatigant, je dis « oui, faire un enfant, c'est épuisant, et ça demande un investissement total! Qui a dit qu'être parent était une chose facile?

SOURCES : Perreault, Mathieu. « Le kangourou au lieu de l’incubateur », La Presse, 16 novembre 2004, Université Laval


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