Saviez-vous qu’il n’existe aucun test qui permet de détecter précocement le cancer de l’ovaire, contrairement aux cancers du sein et du col utérin, pour lesquels nous disposons respectivement de la mammographie et du test Pap ? Lors d’une réunion de cadres féminins à Toronto, ces faits ont provoqué une stupéfaction générale.
Touchant une femme canadienne sur 70, le cancer de l’ovaire est le cancer gynécologique le plus fatal au Canada. Chaque année, il emporte 1 500 femmes au pays. Voici quelques statistiques alarmantes :
- En 2004, 2 300 femmes canadiennes ont été diagnostiquées, dont 60 pour cent étaient âgées de 50 à 79 ans;
- neuf femmes sur 10 qui reçoivent un diagnostic de cancer ovarien n’ont aucun antécédent familial de la maladie;
- bien que la cause du cancer de l’ovaire soit inconnue, cette maladie se déclare plus souvent chez les femmes vivant dans les pays développés.
La détection précoce est la clé
Si le cancer de l’ovaire est décelé lors d’un stade précoce, c’est-à-dire avant qu’il n’ait l’occasion de s’étendre vers d’autres parties du corps, le taux de survie sur cinq ans peut atteindre les 90 pour cent. Depuis plusieurs décennies, cependant, le diagnostic est habituellement posé lorsque le cancer en est déjà à un stade avancé et que le taux de survie sur cinq ans se situe près de 20 pour cent.
La raison : les signes avertisseurs de la maladie – ballonnements, augmentation du volume de l’abdomen, fatigue et douleurs abdominales ou pelviennes – sont subtils. Ces symptômes sont très fréquents pendant les règles, et beaucoup de femmes d’âge mûr les attribuent simplement au vieillissement. Pour les médecins qui cherchent à poser un diagnostic, il s’agit de symptômes non spécifiques, c’est-à-dire qu’ils pourraient être causés par de nombreux états médicaux, notamment la ménopause et la périménopause, le syndrome du côlon irritable et d’autres affections.
Afin de mieux sensibiliser le public, la National Ovarian Cancer Association (NOCA), maintenant liée avec Cancer de l'Ovaire Canada (COC)sous le nom de COC, a lancé une campagne de sensibilisation intitulée Turn Up the Volume ! (Montez le son !) pour aider les femmes canadiennes et leurs médecins à travailler ensemble pour que cette maladie puisse être détectée et traitée plus efficacement.
Voilà une bonne nouvelle pour Marilee Little, 65 ans, de Fredericton, qui a subi une chirurgie et une chimiothérapie après qu’on lui a diagnostiqué un cancer de l’ovaire de stade III en mai 2003.
« Je ne connaissais rien aux signes et aux symptômes du cancer de l’ovaire. Je regrette d’avoir été tellement docile au début. Nous devons prendre la responsabilité de notre santé et faire tout ce qu’il faut pour nous faire entendre. »
Même si Mme Little souffrait d’indigestion, de ballonnements et de gonflements abdominaux persistants, elle a attribué ces derniers au vieillissement. Lorsqu’elle a commencé à saigner du vagin, elle a consulté un médecin. Cependant, le diagnostic n’a été posé que trois mois plus tard car, dans un premier temps, on avait soupçonné des polypes utérins d’être en cause.
Aujourd’hui, cette grand-mère de trois petits-enfants, journaliste et ancienne rédactrice du Atlantic Advocate, parle du cancer de l’ovaire devant des groupes de femmes en bonne santé dans la région de Fredericton. Elle présente Listen to the Whispers (Écoutez les chuchotements – un programme éducatif de COC qui associe une vidéo et une présentation en direct) à des femmes sur les lieux de travail et à des groupes religieux et communautaires. « Je suis passionnée quand il s’agit de fournir cette information aux femmes. Je ne pourrais pas ne pas le faire – c’est comme ça que je me sens. »
Écoutez votre corps
Elisabeth Ross, présidente et directrice générale de la OCC, incite les femmes à la vigilance.
« Écoutez votre corps, soyez persistante et insistez pour qu’on évalue en profondeur vos symptômes », a-t-elle dit.
Faute de test de dépistage du cancer de l’ovaire, « les femmes devraient subir des examens médicaux réguliers et se renseigner sur les signes et les symptômes de la maladie », a insisté Mme Ross.
« Lorsque les femmes voient une liste des signes et des symptômes du cancer de l’ovaire pour la première fois, elles risquent de s’alarmer parce qu’elles ont peut-être déjà éprouvé plusieurs de ces symptômes à un moment donné de leur vie », a dit la Dre Lesa Dawson, oncologue gynécologique à la Newfoundland Cancer Treatment and Research Foundation.
« Les femmes doivent comprendre qu’il faut consulter leur médecin et subir un examen pelvien si elles éprouvent un de ces symptômes de façon persistante pendant plus de trois semaines. »
Irene Worrell de Richmond Hill, en Ontario, est une autre survivante qui a travaillé pour sensibiliser et éduquer les autres. Diagnostiquée en 1997, elle a subi un traitement pour un cancer de l’ovaire de stade III. Aujourd’hui, à l’âge de 80 ans, elle n’a plus l’endurance nécessaire pour faire des présentations éducatives dans sa communauté. Il n’empêche qu’on la voit dans la vidéo et qu’elle a trouvé un autre moyen de contribuer à la cause : elle offre du soutien aux femmes vivant avec le cancer de l’ovaire par téléphone et courriel.
Mme Worrell s’est liée d’amitié avec des femmes vivant au Texas, en Angleterre et même jusqu’en Chine.
« Les femmes avec qui je noue des liens sont intelligentes et courageuses et ont plein de choses à offrir. Mais pour beaucoup d’entre elles, la vie ne leur donnera pas la chance », a-t-elle déploré.
Mme Worrell estime néanmoins que l’espoir est l’un des cadeaux les plus importants qu’elle puisse offrir aux femmes. « J’ai été chanceuse. Beaucoup de femmes atteintes d’un cancer ovarien de stade III ne connaissent pas mon sort. Je crois que le fait que je suis toujours en vie est un rayon d’espoir pour ces femmes. »
Le cancer de l’ovaire crée des effets profonds et durables qui incitent les gens à l’action. Bruce Galloway d’Oakville, en Ontario, est président du conseil d’administration de COC. Lorsque son épouse Sheila a succombé à un cancer de l’ovaire en 2002, il s’est engagé à sensibiliser le public à cette maladie et à faire la promotion de la recherche.
« Plus j’en apprenais sur le cancer de l’ovaire, plus je me rendais compte de l’ignorance des gens à l’égard de cette maladie et des faibles progrès réalisés au cours des 30 ou 40 dernières années pour trouver un remède », a-t-il dit.
« Je veux m’assurer que personne d’autre ne doive subir la dévastation causée par le cancer de l’ovaire à l’avenir. Je ne veux plus jamais vivre ça et je déteste l’idée que d’autres personnes doivent le faire. »
L’espoir réside dans la recherche
« La recherche est vraiment la seule façon d’améliorer le sort des femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire », a affirmé la Dre Barbara Vanderhyden de l’Université d’Ottawa.
« La recherche a pris un élan depuis quelques années. Des études d’envergure sur les facteurs de risque, le dépistage et des traitements novateurs se déroulent maintenant comme jamais auparavant. »
« Des progrès substantiels ont été réalisés au cours des trois dernières années en ce qui a trait à la détection précoce », a précisé la Dre Vanderhyden.
« Le test de dépistage idéal doit être à la fois hautement sensible et hautement spécifique, ce qui veut dire qu’il doit pouvoir détecter quasiment tous les cancers de l’ovaire et rien que des cancers de l’ovaire. La plupart des chercheurs estiment qu’une combinaison de tests sera nécessaire, et il est probable que tout nouveau test sera consacré en premier lieu au dépistage des femmes à risque élevé », a-t-elle expliqué.
« Grâce aux progrès récents de la technologie, les efforts pour mettre au point un test de dépistage efficace du cancer de l’ovaire ont fait un pas gigantesque en avant. »
En attendant un test de dépistage, la vigilance constitue la meilleure défense des femmes contre le cancer de l’ovaire. Comme l’a constaté lucidement Irene Worrell : « N’importe quel symptôme persistant – quelque subtil qu’il soit – doit être évalué. Posez des questions. Exigez des réponses. »
Les faits qu’il faut savoir :
Le test Pap permet de détecter le cancer du col utérin, pas le cancer de l’ovaire.
Si vous ressentez un ou plusieurs des symptômes suivants pendant plus de trois semaines, consultez votre médecin de famille :
- gonflement abdominal ou ballonnements;
- malaise ou sensation de lourdeur dans le bassin;
- douleur abdominale ou au dos;
- fatigue;
- flatulence, nausée, indigestion;
- changements dans la fréquence des selles;
- besoin fréquent d’uriner;
- irrégularités menstruelles;
- perte ou gain de poids.
Quels facteurs augmentent le risque d'un cancer de l'ovaire ?
- antécédents familiaux de cancer du sein, de l’ovaire ou du col utérin;
- le fait de ne jamais avoir eu d’enfant;
- vieillissement – le cancer de l’ovaire se déclare plus souvent après l’âge de 50 ans;
- le fait de ne jamais avoir utilisé de contraceptifs oraux;
- ascendance juive ashkénaze : environ une femme juive ashkénaze sur 50 porte la mutation génique BRCA 1 ou BRCA 2, ce qui constitue un facteur de risque pour les cancers du sein et de l’ovaire et les cancers apparentés.
Quels facteurs diminuent le risque d'un cancer de l'ovaire ?
- le fait d’avoir utilisé des contraceptifs oraux;
- le fait d’avoir allaité ses enfants;
- grossesses à terme;
- ligature des trompes;
- ablation des ovaires si le risque est élevé.
Que pouvez-vous faire ?
- subir un examen vaginal/rectal annuel (bimanuel);
- signaler à votre médecin tout symptôme qui dure depuis plus de trois semaines et lui demander de l’information sur : un examen vaginal/rectal, une échographie transvaginale et un test sanguin du CA-125;
- si les symptômes persistent (même si les tests sont négatifs), faites-vous diriger vers un gynécologue ou un oncologue gynécologique;
- si vous avez des antécédents de cancer du sein et de l’ovaire, renseignez-vous sur le counseling génétique auprès de votre médecin;
- si votre médecin soupçonne un cancer de l’ovaire, consultez un oncologue gynécologique. Pour en trouver un dans votre localité, contactez Cancer de l'ovaire Canada;
- trouvez un médecin avec qui vous vous sentez à l’aise et soyez persistante.
Ressources :
- Pour obtenir plus d’information sur le cancer de l’ovaire, visitez www.ovariancanada.org.
Les ressources suivantes sont à votre disposition (en anglais seulement) :
- Listen to the Whispers : un programme éducatif (vidéo et manuel) sur le cancer de l’ovaire; peut être utilisé pour faire des présentations devant des groupes de femmes en santé;
- You Are Not Alone : un livre et une vidéo gratuits et primés offrant de l’information et du soutien aux femmes nouvellement diagnostiquées;
- Knowledge is Power : un symposium éducatif tenu au printemps et à l’automne dans des villes canadiennes et s’adressant aux professionnels de la santé et aux femmes vivant avec le cancer de l’ovaire.