La vie est un lieu d’apprentissage. Tous les jours, les enfants apprennent de nouvelles choses et se développent en explorant, en regardant et surtout en imitant les personnes de leur entourage. Nous l’aidons à se mettre à quatre pattes, nous lui tenons les mains pour qu’il commence à marcher, nous lui montrons comment descendre l’escalier sur les fesses en nous assoyant nous-mêmes dans les escaliers. Nous avons la capacité de nous adapter au niveau de développement de l’enfant en décortiquant nos gestes, en simplifiant notre message. Nous lui donnons constamment un modèle et nous l’invitons à nous imiter. C’est la même chose pour le langage! Le langage de l’enfant se développe à l’aide des expériences qu’il vit avec les personnes de son entourage.
De façon naturelle, lorsque l’enfant a quelques semaines, nous stimulons énormément ses aptitudes langagières. Nous nous approchons de l’enfant, nous le regardons, nous attirons son attention en faisant des bruits de bouche, en modulant notre voix, en nommant son nom… Nous tapons dans nos mains, nous faisons des répétitions syllabiques simples comme « gagaga, papa », nous utilisons un langage adéquat pour le bébé. Il est possible, et même essentiel de poursuivre cette stimulation lorsque l’enfant grandit, mais sans que ce soit une tâche supplémentaire, lourde et ardue.
Il est important de comprendre que l’acquisition du langage passe par la répétition. À force d’entendre une personne significative répéter des sons, des mots, des phrases, dans un contexte significatif, l’enfant va finir par arriver à les reproduire.
Dans les lignes qui suivent, je vais tenter de vous simplifier la tâche en vous donnant des trucs et des astuces simples qui permettent de stimuler le développement du langage des enfants au quotidien, au fil des tâches routinières, sans que cela devienne une corvée supplémentaire.
Je suis certaine que vous allez vous rendre compte, en lisant ce texte, qu’il y a plusieurs choses que vous faites déjà, sans même vous en apercevoir, et qui sont d’excellentes façons de stimuler le langage de votre enfant. Cependant, vous prendrez peut-être aussi conscience du fait que, souvent à cause de notre rythme de vie, nous ne laissons pas toujours la chance à nos tout-petits de parler.
Voici donc des attitudes favorables à la communication auxquelles vous aurez intérêt à porter attention ainsi que des stratégies favorisant la stimulation du langage au quotidien.
Premièrement, placez-vous à la hauteur de l’enfant, à son niveau.
Penchez-vous vers lui, assoyez-le sur le comptoir ou sur des coussins, faites-lui une place près de vous sur le canapé ou assoyez-vous par terre avec lui. Il est bien plus agréable de parler avec quelqu’un dont on peut voir le visage. En vous plaçant à la hauteur de l’enfant, ce dernier sera plus en mesure de vous prendre comme modèle, puisqu’il sera capable de voir comment vous placez votre bouche pour prononcer les sons. Vous pourrez ainsi garder son attention et lui demander de vous regarder. Il sentira qu’il est important, que vous vous adressez personnellement à lui, que vous êtes attentif à ce qu’il dit.
Ajustez votre langage.
Parlez plus lentement, clairement. Utilisez des phrases courtes et simples, sans toutefois utiliser un langage de bébé! Si je demande à un enfant de trois ans : « Veux-tu une bonne pomme rouge que nous avons cueillie hier? », ce n’est pas à son niveau. En général, il est recommandé de fournir un modèle simple, mais légèrement plus compliqué que ce dont l’enfant est habituellement capable. Par exemple, si l’enfant s’exprime à l’aide de deux mots juxtaposés : « Veux jus », vous pourriez lui dire : « Tu veux du jus ». N’hésitez pas à ajouter de l’intonation à vos paroles.
Ceci concerne également les demandes, qui sont souvent faites aux enfants de manière trop rapide ou trop complexe. Rappelons qu’il est essentiel de respecter le niveau de l’enfant ainsi que son stade de développement. Par exemple, la phrase : « Viens changer ta couche mon beau garçon, ensuite on va aller chez grand-maman » serait beaucoup trop complexe pour un enfant de trois ans. Elle comporte trop d’éléments.
Laissez la chance à l’enfant de parler.
Attendez que l’enfant ait terminé sa phrase avant de lui fournir le bon modèle. Donnez-lui le temps de raconter ou de montrer ce qu’il veut vous dire. Évitez d’aller au-devant de ses désirs. Laissez votre enfant amorcer la conversation dans la vie de tous les jours et enrichissez par la suite en lui faisant un commentaire ou en lui posant une question. Laissez-lui du temps pour répondre à vos questions. Vous devez garder le silence après avoir posé une question ou après avoir fait un commentaire. Par exemple, s’il regarde par la fenêtre pour voir son père partir, ne dites rien tout de suite. Attendez qu’il amorce la conversation en vous disant : « papa parti ». Vous pourrez reformuler : « Papa est parti ». Vous aurez ensuite l’occasion d’enrichir la conversation en lui demandant : « Où il est parti papa? » Attendez un peu et s’il ne répond pas après quelques secondes, vous pouvez lui donner la réponse : « Papa est parti au travail ».
Cela s’applique également lorsque vous demandez à votre enfant de faire un choix entre deux possibilités. Laissez-lui le temps de répondre.
Voici un petit truc : vous pouvez compter quelques secondes dans votre tête avant de lui donner la réponse ou avant de poursuivre la conversation. Ainsi, vous lui permettez d’avoir accès à son information en réponse à une question et vous l’encouragez à poursuivre la conversation à la suite d’un commentaire de votre part.
Mettez des mots sur ce que l’enfant dit, vit, exprime avec difficulté ou de façon non verbale.
Votre enfant pointe le réfrigérateur pour avoir du jus. Au lieu de lui donner le jus tout de suite, mettez des mots sur son intention : « Tu veux du jus ». Votre enfant est content parce qu’il a reçu un présent, il saute et sourit. Mettez des mots sur ce qu’il vit : « Tu es content! »
Répétez ce que votre enfant dit et enrichissez son propos.
Lorsque l’enfant fait des tentatives pour entrer en communication avec vous, il est important de répéter correctement ce que l’enfant a tenté de vous dire. Cela lui donnera le sentiment d’être écouté et compris. En plus, il aura entendu le bon modèle. Il aura envie d’essayer à nouveau. Nous pouvons également enrichir les mots de l’enfant tout en respectant son niveau.
Voici un exemple. Votre enfant arrive de dehors et il vous dit : « Maman, cicrouille ». Vous vous placez à sa hauteur, vous le regardez et vous lui donnez le bon modèle : « une citrouille ». Vous pouvez enrichir son propos en disant : « Tu as vu une citrouille ». Laissez-lui le temps de vous répondre. S’il continue en disant « oui » et en pointant l’extérieur de la maison, vous serez en mesure de continuer la conversation : « Une citrouille dehors », « Tu as vu une citrouille dehors ». Comme l’enfant semble avoir de la difficulté à prononcer le mot citrouille, vous pouvez mettre l’accent sur le mot « citrouille », sans toutefois exiger que l’enfant répète. Puisque le mot « dehors » ne semble pas faire partie de son vocabulaire, vous pourrez mettre l’accent également sur ce mot.
Mettez des mots sur vos actions.
Parlez de ce que vous faites, de ce que votre enfant fait, de vos activités quotidiennes. Parlez à voix haute.
Parlez à la 1re et à la 2e personne du singulier.
Lorsque vous parlez avec l’enfant, utilisez toujours le « je » et le « tu » au lieu d’utiliser la 3e personne du singulier. Par exemple, au lieu de dire : « Est-ce que Mathieu veut du jus? Maman va t’en donner », vous direz : « Est-ce que tu veux du jus? Je vais t’en donner ».
N’oubliez jamais que vous êtes un modèle pour votre enfant au plan langagier. Surtout, n’exigez jamais qu’un enfant parle s’il n’est pas prêt!