Pour répondre précisément, il faut comprendre le fonctionnement du processus de lactation, et les conséquences d’une plastie mammaire sur ce processus. La subtilité de la réponse va différer selon l’importance des gestes chirurgicaux.
Comment fonctionne le processus de lactation?
La faculté d’allaiter dépend de plusieurs facteurs qui sont anatomiques et hormonaux :
Des canaux galactophores fonctionnels
Dès le début de la grossesse, le corps se prépare à une nouvelle fonction, l’allaitement. En effet, les productions hormonales d’œstrogènes et de progestérone permettent aux canaux galactophores de se développer et de se préparer à l’acheminement du lait.
Une glande mammaire réceptive aux données hormonales
C’est à partir du 5e mois de gestation que la future maman peut voir apparaitre au bout de son mamelon, quelques gouttes de lait épaissi, le colostrum. La présence de ces quelques gouttes est activée par une hormone produite par l’hypophyse, la prolactine. Mais à ce stade, la prolactine est encore inhibée par les hormones produites par le placenta.
Lors de l’accouchement, la production de prolactine se débloque grâce à l’évacuation du placenta. Les glandes mammaires sont alors prêtes à allaiter.
L’entretien de l’évacuation du lait est assuré par une autre hormone hypophysaire, l’ocytocine.
On peut ainsi comprendre l’importance du système nerveux, assurant la transmission des données hormonales à la glande mammaire.
Une sensibilité du mamelon préservée
Le mécanisme d’allaitement n’est provoqué que par la succion du mamelon, dont la sensibilité a une importance primordiale.
L’impact de la chirurgie de réduction mammaire sur les fonctions du sein
Les gestes chirurgicaux dépendent de l’importance de l’hypertrophie mammaire à corriger et du degré de ptôse associé.
Ainsi, une réduction mammaire avec un faible volume de glande ôté et une correction de ptôse de légère à modérée permet de préserver au maximum la vitalité du sein et sa fonction d’allaitement. En revanche, le plus souvent dans les cas classiques, une réduction mammaire nécessite un déplacement de l’aréole et du mamelon, et un retrait de glande mammaire plus ou moins important. Ces gestes supposent nécessairement une section d’une partie des canaux galactophores, notamment l’arborisation terminale située derrière le mamelon et une section des rameaux nerveux sensitifs.
Qu’en est-il de l’allaitement après une plastie mammaire?
Nous avons vu plus haut quels étaient les facteurs nécessaires à une lactation correcte.
- L’intervention de réduction mammaire a nécessité une résection d’une partie de la glande mammaire. La glande restante doit être suffisante après l’opération pour permettre l’allaitement.
- L’intervention a nécessité une transposition de la plaque aréolo-mamelonnaire afin de corriger la ptôse et d’améliorer le galbe des seins. De ce fait, on relève après l’opération une perte de la sensibilité du mamelon, mais ce phénomène est transitoire et le réflexe d’érection du mamelon se retrouve au bout de quelques semaines.
- Les conséquences les plus délicates d’une réduction mammaire sont la section des innervations sous-cutanées et aréolo-mamelonnaires. L’allaitement ne peut se concevoir que si les terminaisons nerveuses sensitives et les canaux galactophores ont pu se reconstruire progressivement. Cette capacité de reconstruction va dépendre de chaque femme et ne peut être assurée.
En conclusion, la réduction mammaire n’interdit pas à la future maman d’allaiter, mais peut rendre l’allaitement plus difficile, surtout si la plastie mammaire a été conséquente, avec un retrait de glande important et une correction de ptôse sévère.
Il est donc préférable d’avoir achevé ses désirs de grossesse et d’allaitement avant d’envisager une plastie de réduction mammaire, et le cas échéant, de prévoir la possibilité d’un allaitement mixte voir une alimentation au biberon.
Il faut savoir que plus le délai entre la chirurgie de réduction mammaire et la grossesse est important, plus la mère aura de chances de pouvoir allaiter suffisamment.