La peur de l'abandon : pas de séparation sans préparation
« La plus grande peur d'un enfant est que ses parents arrêtent de l'aimer et l'abandonnent. »
C'est pourquoi il ne faut jamais menacer un enfant de l'abandonner ni lui sous-entendre, y compris en plaisantant. Ainsi, bannissons les phrases du type : « Si tu ne fais pas ceci, je te laisse ici seul ». Ou encore, « je m'en vais sans toi ». Cela réveille une profonde peur chez l'enfant. Lorsque nous devons nous absenter ou si nous avons du retard, disons-le (ou enregistrons nos explications dans un message, ainsi l'enfant entendra notre voix), ou écrivons-le avec des informations factuelles.
Ne nous éclipsons pas non plus lorsque l'enfant a le dos tourné afin d'éviter les « crises » car à la surprise succèderaient la peur, la colère et la tristesse de notre enfant.
Pour les séparations de plus longue durée (comme pour une hospitalisation d'un parent), verbalisons et discutons à l'avance afin de lever les zones d'ombre, de faciliter la visualisation des prochaines étapes pour l'enfant (de la séparation aux retrouvailles) et d'écouter les émotions ressenties afin qu'elles soient libérées. On peut utiliser les jeux de rôle pour cela (comme des poupées ou des marionnettes auxquelles nous ferions jouer les différents membres de la famille ou les amis).
Le jeu permet de se dissocier de l'expérience vécue et il est bénéfique à la gestion émotionnelle (diminution de l'intensité des émotions et accès aux fonctions supérieures du cerveau pour raisonner).
Conseil lecture
Bébé Chouettes, de Martin Waddell et Patrick Benson, aux éditions Kaleidoscope, ISBN : 9782877670883, 19,50$. Pour les 2 à 7 ans.
La culpabilité : dire beaucoup en peu de mots
« Quand un enfant a transgressé une règle de comportement social ou moral, il s'expose à la désapprobation et à la culpabilité. »
Afin d'éviter ce trop plein de culpabilité, il est essentiel de ne pas juger l'enfant sur sa personne (étiquette) mais bien de rester focalisé sur ses actes, paroles et pensées. Il est également important d'offrir des possibilités de réparation et de formuler des messages « je » (non-accablant).
Ce type de phrases peut aider :
- « Tu as une opinion et je suis d'un avis contraire. »
- « Je ne cherche pas de coupable, je souhaite entendre des solutions pour réparer ceci. »
- « Je suis en colère quand je vois ceci. J'ai besoin d'ordre. Je te demande de ranger. »
- « Quelle est la règle? »
À éviter
« C'est à cause de toi si... »
« C'est ta faute! »
« Qu'est-ce que tu as encore fait? »
« Tu es insupportable! »
La méfiance ou l'impatience : laisser à l'enfant de la place pour grandir
« Quand on empêche un enfant d'entreprendre une activité ou de prendre une responsabilité qu'il se sent prêt à assumer, sa réaction intérieure sera pleine de rancoeur et de colère. »
Alors, l'attente peut paraître longue pour un adulteais laissons les enfants faire leur expérience et s'exercer en lassant leurs chaussures, boutonnant leur manteau, tracer une lettre, etc. La meilleure aide qu'on puisse leur offrir est de refléter leur ressenti et de décrire leurs gestes : « Tu mets beaucoup d'application dans cette tâche. » ou « C'est délicat d'enfiler un blouson. »
Ne pas oublier que « l'enfant a besoin d'opportunités où il peut expérimenter, lutter et apprendre sans qu'on le pousse ou qu'on le critique ».
Conseil lecture
Article sur papapositive.fr : Le lâcher prise parental : un grand pas vers l’autonomie de l’enfant
La mésentente des parents : pertes collatérales d'une guerre civile
Les disputes entres parents provoquent de l'anxiété et de la culpabilité chez les enfants qui ressentent une menace pour leur foyer. Ils ont tendance à penser qu'ils ont joué un rôle dans cette discorde. De plus, ils ne savent pas pour qui prendre parti.
Afin de ne pas amplifier la douleur, le déchirement et les conflits de loyauté, il est essentiel de ne pas utiliser de chantage (affectif ou autre), de flatteries ou de corruptions (et encore moins de menaces). Les enfants, dans des moments de disputes qui peuvent aller jusqu'à la rupture, doivent être rassurés sur l'amour porté par leurs parents et ne pas faire l'objet de manipulation ou autre incitation de préférence.
Lorsqu'un enfant assiste à une scène de violence orale ou physique, il a ensuite besoin de s'exprimer pour se libérer émotionnellement. Cela peut se faire via un tiers ou avec les parents lorsqu'ils sont de nouveau calmes. Dans les divorces, ce sont les disputes qui déstabilisent le plus l'équilibre psychologique des enfants. Le risque de dépression est important.
Conseil lecture
Petit violon : le trio se sépare, de Sylvie Sarzaud et Sylvain Merot, aux éditions Eyrolles, ISBN : 978221255192, 17,95$. Pour les 2 à 7 ans.
L'anxiété liée à la mort : une énigme voilée de mystère
« Pour les adultes, la mort est une énigme, mais pour les jeunes enfants, c'est une énigme voilée de mystère. Ils ne peuvent pas comprendre que la mort soit définitive. »
Dans le cas d'un deuil, il faut laisser à l'enfant le droit au chagrin et aux larmes. Les circonstances de la mort doivent aussi être synthétisées et verbalisées afin que l'enfant ne subisse pas une anxiété supplémentaire ou ne ressente pas le sentiment d'être mis à l'écart (source de stress).
Ce type de phrases peut aider :
- « Grand-mère te manque. »
- « Tu l'aimais tellement et elle t'aimait beaucoup. »
- « Tu souhaiterais qu'elle soit encore là. »
Haim Ginott conseille de fournir une explication pragmatique pour éviter un emballement de l'imagination des enfants et de faux espoirs de retour : « Quand quelqu'un est mort, le corps ne souffre plus; la personne morte ne revient pas; tous les gens finissent par mourir ».
Ne parlez pas de « sommeil éternel » ou « d'anges au ciel » et autres euphémismes; ce sont des expressions que l'enfant saisit au premier degré et cela prête à confusion.
Conseil lecture
Au revoir blaireau, de Suzanne Varley, chez Gallimard, ISBN : 9782070632350, 7,95$. Pour les 2 à 7 ans.
Source : Entre parent et enfant de Haim Ginott, aux éditions L'atelier des parents, ISBN 9782954560502, 227 pages, 36,95$