Être prêt pour l’école?
L’entrée à l’école diffère pour chaque enfant, et ses premières années de vie contribuent à cette différence. En effet, entre 0 et 5 ans, bébé franchira plusieurs étapes qui comporteront toutes de nombreux apprentissages. Chacune de ces étapes l’amènera à se développer de sorte à pouvoir franchir la porte de l’école bien préparé.
Les articles, les livres et les sites qui traitent de la préparation des enfants à l’école expliquent généralement ce que l’enfant doit être en mesure de maîtriser ou d’avoir acquis : il doit être propre, en l’occurrence être capable de reconnaître et contrôler ses petits besoins, et savoir s’organiser seul quand vient le temps d’aller à la toilette. Il doit se montrer curieux et désireux d’apprendre, sociable, apte à une certaine autonomie, et capable de se séparer du parent. Il faut aussi qu’il puisse en partie gérer ses émotions, soit de ne pas pleurer à la première frustration ou encore faire des crises à n’en plus finir. Cependant, bien maîtriser son langage fait aussi partie des aspects importants, voire primordiaux, puisqu’il est le support de toute participation à la vie sociale et académique.
Voyons donc pourquoi le langage s’avère un critère si important dans les activités qui sont faites à la maternelle et au cours des premières années du primaire.
S’exprimer par le langage
Dans toutes les situations du quotidien, que ce soit à l’école ou ailleurs, le langage permet à l’enfant d’entrer en relation avec les autres. Pour y parvenir, il doit être capable de leur répondre, de les informer, les questionner, d’émettre une opinion, d’exprimer ses sentiments, de décrire ou raconter un événement.
Le langage parlé à l’école
Comme dans toutes situations nouvelles, le passage de la maison ou de la garderie à l’école nécessite d’être préparé. Pour aider notre petit, il est intéressant de réfléchir à ce qui change pour lui.
- Faire face à de nouvelles personnes, et surtout, à un plus grand nombre d’inconnus : l’enseignant régulier et d’éducation physique, le personnel de direction, le concierge, le conducteur de l’autobus, le brigadier et le personnel du service de garde...
- Se trouver dans des contextes de communication jusqu’à présent inexplorés. Par exemple, on lui demandera de partager avec les autres élèves des situations qu’il a vécues. Dans ces petites causeries, on lui proposera de raconter ses weekends, de parler de sa famille, de son animal favori, de ses goûts... L’enfant qui parvient à s’exprimer aisément dans ces situations développera sa confiance et son estime, ce qui facilitera son intégration et son intérêt pour l’école.
- S’expliquer de manière autonome. L’enseignant ne saura pas toujours ce dont l’enfant a besoin ou encore, ce qui vient d’arriver entre deux petits. Pour cette raison, le fait de bien s’exprimer lui sera utile : pour s’expliquer en tout temps, pour se défendre dans une situation de conflit, mais aussi pour se faire des amis, pour échanger ou jouer avec eux dans les ateliers, pour demander une explication s’il n’a pas compris une consigne ou redire autrement si on ne l’a pas compris...
La compréhension du langage
Comprendre signifie être en mesure de découvrir ce qu’une autre personne a voulu nous dire par son message. C’est aussi pouvoir se faire une image « dans sa tête ». En plus des mots, les messages sont transmis par un ensemble de facteurs tels que les indices non verbaux (le regard, les gestes, la posture), mais aussi par la situation dans laquelle les gens se trouvent et les objets autour d’eux. Plusieurs éléments sont essentiels pour qu’un enfant soit en mesure de comprendre. Au fil des années du préscolaire, l’enfant doit avoir pris les habitudes suivantes :
- être attentif aux gens;
- s’arrêter à ce qui lui est dit, ce qu’on appelle « être concentré »;
- faire appel à sa mémoire;
- se servir du vocabulaire qu’il connaît;
- utiliser sa logique;
- tenir compte du contexte.
Comprendre le langage à l’école
L’école comporte plusieurs situations nouvelles pour lesquelles la compréhension du langage que l’enfant a développée est mise à profit. Au départ, l’enseignant supportera ses jeunes en démontrant ce qu’il attend d’eux et en employant beaucoup d’exemples visuels, mais au fil des mois, l’enfant devra avoir enregistré ces informations, car les consignes seront de moins en moins supportées par des exemples. De plus, le langage à l’école est impersonnel : l’enfant se retrouve dans un groupe où les informations et consignes sont transmises à l’ensemble des enfants; elles ne sont plus individualisées. Ceux qui n’ont pas beaucoup d’expérience d’écoute en groupe peuvent avoir du mal à se sentir concernés et ne comprennent pas ce qu’ils doivent faire quand ça leur est demandé.
À son entrée à l’école, l’enfant doit avoir plusieurs connaissances, car les apprentissages du préscolaire se basent sur la compréhension de :
- consignes simples (ex. : allez chercher votre tablier de peinture), doubles (ex. : allez chercher votre tablier de peinture et placez-vous avec votre ami) ou complexes (ex. : allez chercher votre tablier de peinture et placez-vous avec un ami avec qui vous n’avez jamais travaillé).
- concepts de temps (ex. : tout à l’heure, demain), d’espace (ex. : en arrière, dedans, entre...), de quantité (ex. : deux, plusieurs, une paire...), de comparaison (ex. : plus grand que, moins que, de plus,...)
- mots-questions : qui, où, quand, comment, pourquoi, est-ce que...
La base pour la lecture et l’écriture
Non seulement le langage est-il nécessaire au bon fonctionnement au quotidien, mais encore fait-il partie des conditions essentielles à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les caractères écrits, soit les lettres et les mots, peuvent être comparés à un nouveau code pour l’enfant, à une nouvelle langue. Pour l’apprendre, il doit déjà posséder de solides connaissances de sa langue parlée :
- bonne prononciation;
- vocabulaire approprié pour son âge;
- mots de grammaire bien différenciés. Voici quelques exemples : capable de mettre des mots au féminin (c’est une grande girafe, c’est ma sœur), d’utiliser les pronoms personnels (il pour les garçons et elle pour les filles), et les déterminants possessifs (mon, sa, tes,...), d’employer les temps de verbes appropriés aux situations (j’ai mangé, je vais coucher chez mes grands-parents), pour n’en citer que quelques-uns;
- capable de faire des phrases complètes et explicatives d’au moins 5 mots et de les relier par des mots comme « et », « parce que », « après »...;
- capable de passer des commentaires sur le langage : réagir au fait qu’un mot est drôle, qu’on s’est trompé de mot, qu’un mot vient d’une autre langue, qu’il rime avec un autre, etc.
Comment savoir si mon enfant est prêt
En tant que parent, vous avez sûrement des intuitions à ce sujet. Il est important de les écouter et questionner les personnes qui entourent l’enfant afin d’avoir une confirmation de votre impression. Les gens reliés de proche ou de loin au milieu de l’éducation peuvent vous aider dans cette démarche. Lors de l’inscription à l’école, il est possible de demander à la direction de l’école si l’un des professionnels en place peut répondre à vos interrogations. Par ailleurs, les éducateurs de centres à la petite enfance ont reçu des formations sur le développement de l’enfant et possèdent des grilles d’observation qui permettent de faire ressortir les forces et les points à travailler chez l’enfant avant l’école. Et si vous le préférez, nous ajoutons quelques sources à consulter pour vous aider dans votre évaluation personnelle de la situation.
Comment réagir pour aider mon enfant?
Il est toujours temps de faire quelque chose pour aider notre enfant. Le mieux est d’identifier les aspects de son langage qui gagnent à être améliorés avant l’entrée scolaire et de se mettre immédiatement au travail. Non seulement il importe de connaître les aspects que l’enfant doit améliorer, mais aussi l’importance de ce retard. Ceci fera partie de la décision d’aide à lui apporter : un cahier de préparation à la maternelle, une inscription à un camp de jour pour l’été, une consultation en orthophonie? Avec les années, j’ai mis en place un programme de stimulation qui vise plusieurs prérequis sur le plan du langage : le vocabulaire, les phrases, les divers usages du langage (décrire, raconter, expliquer), les jeux de mots, l’attention et la mémoire, les jeux de sons en préparation au langage écrit. Il permet aux enfants de progresser sur divers points du langage et aux parents de mieux comprendre les défis qui attendent l’enfant à son arrivée à l’école.
Comme il n’est pas trop tard pour aider notre enfant, et que l’été est à nos portes, pourquoi ne pas en profiter pour faire ces activités au parc, dans la piscine, lors des sorties? Après tout, il faut bien s’amuser un peu, et tant d’activités se prêtent bien à stimuler le langage!