Avant l’arrivée de la petite Liv, vous étiez plutôt anxieuse. Comment vous êtes-vous préparée à votre nouveau rôle de mère?
J’ai dû lire tout ce qui existe sur le marché en termes de livres! Étant de nature assez inquiète, j’ai besoin de lire, de comprendre, d’analyser. Je faisais des razzias chez Renaud-Bray et la bible gouvernementale Mieux vivre avec notre enfant était sur ma table de chevet pendant les mois qui ont précédé la naissance. Je me faisais des quiz dans ma tête : « Quoi faire pour le pied-main-bouche? » On a aussi engagé une doula qui venait à la maison pour nous permettre de suivre des cours prénataux dans l’intimité. Finalement, le bébé est sorti en 23 minutes, comme un ballon de foot! Beaucoup de mères m’envient d’avoir eu un tel accouchement.
Quelle est la pire chose qu’on vous ait dite quand vous étiez enceinte?
Atroce! Lorsqu’on est comédien ou un peu plus connu, les gens viennent plus nous parler. Quelqu’un est venu me voir quand j’étais à l’épicerie. J’ai mal au ventre, je suis sur le bord d’accoucher, je suis cernée, j’ai les cheveux gras, j’ai des rapports gastriques, et la personne me dit : « Mais vous êtes enceinte! » Je dis : « Oui, oui, oui! » Elle touche à mon ventre (d’ailleurs, je pense qu’on devrait demander la permission avant de toucher au ventre de quelqu’un… Mais ça, c’est autre chose!) et elle me demande : « Est-ce que tu veux qu’on te découpe ou tu veux déchirer? » « Quoi?!? » Elle répète : « Est-ce que tu veux qu’on te découpe ou tu veux être déchirée? » « Quoi? On peut me découper? » Je suis revenue à la maison en panique, je suis allée sur Wikipédia : « Découper une femme », « Découper vagin ». Je ne comprenais plus rien! Heureusement, j’avais un rendez-vous chez le docteur quelques jours après. J’ai commencé à parler de ça aux femmes autour de moi : « Vous êtes-vous fait découper, vous? »… Personne ne comprenait, par chance!
Qu’étiez-vous heureuse d’avoir mis dans votre valise d’hôpital et qu’est-ce qui vous a manqué?
Je voulais prendre un peigne à cheveux pour le serrer dans la paume de ma main pendant les contractions. C’est une doula qui me l’avait conseillé, mais je suis partie trop vite, il est resté sur le comptoir! Il paraît que c’est vraiment efficace, ça amène la douleur ailleurs et permet de se concentrer sur autre chose. J’étais déçue de ne pas l’avoir, parce que les 23 minutes de mon accouchement ont quand même été très intenses!
Sinon, mon mari m’a fait une petite trousse surprise, que j’étais très contente d’avoir. Il y avait des petites chandelles et son iPhone sur lequel il avait préparé une liste de chansons que j’aime ou qui sont symboliques pour nous. Elles sont venues apaiser les moments de stress, comme la préparation de la dilatation, l’accouchement, les premières tentatives d’allaitement. J’ai beaucoup aimé ça, c’était un beau cadeau de sa part.
Dans quel aspect de la maternité êtes-vous devenue championne, contre toutes attentes?
Contre toutes attentes, j’ai beaucoup plus de patience que je le croyais, car je ne suis pas quelqu’un dont c’est la principale qualité dans la vie! Je dirais aussi avoir un certain talent pour endormir Liv. Je me développe des techniques, comme des mouvements répétitifs du bassin, des mouvements de bras sur une chaise vibrante, une position particulière avec les couvertures… Je suis assez ingénieuse et je surpasse mon mari! On fait une petite compétition pour voir qui l’endort le plus vite et je dirais que je gagne 9 fois sur 10! Il faut se faire des jeux dans le couple, aussi.
Qui appelez-vous quand vous avez besoin d’être rassurée ou que vous voulez un regard avisé?
J’ai la chance d’avoir une maman comptable qui gère ses horaires. On est donc constamment connecté sur le 1-800-MAMAN! Je trouve qu’entre femmes, on ne se dit pas assez que par moment, c’est difficile. C’est difficile de ne pas dormir, de ne pas savoir quoi faire ni comment consoler bébé, de douter de soi, de se demander si on est une bonne maman ou si on réagit correctement. Le retour au travail du conjoint aussi est difficile. Je trouve que ce sont des choses qu’on devrait dire et qu’on ne verbalise pas assez entre femmes. En parler aux copines, leur demander leurs petits trucs, apprendre qu’elles ont vécu la même chose fait tellement de bien! Je pense que ça fait aussi de moi une meilleure mère.
Quel conseil donneriez-vous aux futures mamans inquiètes?
Le plus beau cadeau que je puisse leur faire est de ne pas leur donner de conseils, on en reçoit tellement! Je pense que c’est ce qui nous insécurise. Chaque jour, depuis que j’ai la petite, je m’écris sur le bras « Good enough », en référence au concept du psychiatre Donald Winnicott, qui disait : « Chères mamans, si vous aimez votre enfant, si vous faites votre possible, vous ÊTES assez bonnes! ». Je trouve que c’est facile de tomber dans la culpabilité et de voir baisser notre estime personnelle. On devrait se faire confiance, se pardonner nos erreurs, notre ignorance aussi. On donne plein de douceur au bébé, mais on oublie de s’en donner à soi-même. Quand je doute de mes qualités de mère, je regarde mon poignet et me dis que je fais mon possible.