Grossesse/Maternité

Qu'est-ce que l'épisiotomie?

Depuis une dizaine d’années, les épisiotomies ont mauvaise presse. Mamanpourlavie vous présente différents aspects de cette petite coupure aux larges effets. 

Qu’est-ce qu’une épisiotomie?

Une épisiotomie est une incision chirurgicale, pratiquée par le médecin, de la peau et des muscles du périnée (entre l’anus et le vagin) et qui préviendrait ou réduirait les déchirures spontanées.

Quand la pratique-t-on?

Le médecin fait l’incision au moment de l’expulsion. L’épisiotomie est pratiquée quand l’orifice vaginal est trop étroit ou dans certains autres cas comme une présentation par le siège, une dystocie des épaules, un périnée « à risques » (fragile, cicatriciel ou court) ou un fœtus « fragile » (prématuré, en souffrance fœtale). L’épisiotomie réduit le temps d’expulsion et préviendrait les déchirures profondes.

L’association pour la santé publique du Québec rapporte qu’au Québec, en 2000-2001, on pratiquait moyenne des épisiotomies lors de 30,1 % des accouchements vaginaux. Il s’agit tout de même d’une évolution, car le taux était de 70 % il y a 15 ans.

Mais…

« L’épisiotomie est encore souvent présentée comme un acte nécessaire alors que de nombreuses études scientifiques démontrent le contraire. Les raisons invoquées pour justifier l’épisiotomie sont en premier lieu l’accélération de l’expulsion foetale et l’utilisation d’instruments tels que ventouse ou forceps. En second lieu, l’argument est d’éviter une déchirure, supposée potentiellement plus importante que la coupure volontaire. Pourtant, l’épisiotomie est classée par l’Organisation mondiale de la santé dans « les pratiques fréquemment utilisées à tort » lors de l’accouchement normal », rapporte l’Association pour la santé publique du Québec dans sa revue Périscoop en avril 2004.

Depuis 1983, des études remettent en questions les bienfaits des épisiotomies systématiques ou dites de routine. De récentes recherches indiquent clairement que l'épisiotomie ne doit plus être systématique. En effet, le Collègue national des gynécologues et obstétriciens français croit que l’épisiotomie présente plus d'inconvénients que d'avantages.

Plus de risques que d’avantages?

« On dit souvent que l'épisiotomie est la coupure la plus sensible qui soit. L'intervention consiste à couper la peau et les muscles du périnée, la partie située entre le vagin et l'anus de la femme lors de l'accouchement. On croyait auparavant que cette procédure était moins douloureuse et dommageable que de laisser les tissus se déchirer naturellement. On pensait aussi qu'elle prévenait l'incontinence urinaire ultérieurement. Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses données scientifiques convaincantes ont contredit cette opinion », écrit l’Institut de recherche en santé d’Ottawa (IRSO) sur la question épineuse de l’épisiotomie.

Une étude faite par deux chercheuses canadiennes dans la revue scientifique Obstetrics and Gynecology abonde dans le même sens. Les travaux des deux chercheuses, Érica Eason et Perle Feldman montrent que les bébés nés sans épisiotomie se portent aussi bien que les autres et que leurs mamans préserveraient des muscles pelviens plus forts lorsqu’on a laissé leur périnée s’étirer naturellement pendant l’accouchement. « Cette intervention encore souvent de routine en Amérique du Nord serait en fait surtout profitable… au médecin, à qui elle fait gagner un temps précieux », note-t-on dans la Gazette des Femmes des mois mai-juin 2001.

Partout au monde, les médecins sont donc invités à repenser leur pratique de l’épisiotomie que bien des femmes considèrent comme une des dérives de la surmédicalisation des naissances. Il en demeure que, malgré les recommandations demandant de restreindre son utilisation des épisiotomies, une étude réalisée à Ottawa, en 2005, conclut qu’elles demeurent fréquentes. « Au Canada, le taux national se situe à 24 % d’épisiotomie variant entre 3 % au Nunavut et 31 % au Québec », note l’IRSO.

Les risques?

Si la coupure ne cause pas véritablement de douleurs, puisque le médecin fait l’incision dans des muscles déjà très tendus et que la pression de la tête du bébé sur les tissus provoque une anesthésie physiologique, les conséquences de l’épisiotomie sont souvent plus souffrantes. Il faut recoudre, sous anesthésie locale, la peau coupée avec un fil résorbable (fondant). Opération peu agréable, certes. De plus, les heures suivant l’intervention, la zone touchée est douloureuse et sensible. La marche comme la position assise peuvent être incommodées. Des risques d’hémorragies sont possibles, la cicatrisation peut être lente et les douleurs persistantes.

« Les femmes qui subissent une épisiotomie ont tendance à avoir plus de déchirures des tissus, plus de douleurs, plus de points de suture et un rétablissement plus long après la naissance, explique le Dr Walker, obstétricien à L'Hôpital d'Ottawa et scientifique à l'IRSO . Si l'épisiotomie peut accélérer l'accouchement, elle ne devrait être utilisée que si elle s'impose sur le plan obstétrique, c'est-à-dire lorsque la santé de la mère ou de l'enfant est à risque. »

Pour ou contre?

Une étude réalisée par des chercheurs de la Faculté de médecine de l'Université Laval en 1994 montre que l'épisiotomie médiane multiplie par trois les risques de déchirures sévères du périnée. De plus, l’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser un taux de 10 % d’épisiotomies.

« Depuis plus de 20 ans, les études médicales, qui ont été réalisées à foison, démontrent qu'aucune situation n’exige une épisiotomie d’office; que ce soit en cas de forceps, dystocie ou autre, l’épisiotomie n’est indispensable qu’au cas par cas, après avoir tout tenté pour l’éviter et évaluation soigneuse de la situation », souligne le site www.episiotomie.info

En mai 2005, le célèbre Journal of the American Medical Association révèle que l’épisiotomie n’offre habituellement aucun bénéfice, selon un examen systématique des études menées à ce jour. Plus encore, les chercheurs ont trouvé que l’épisiotomie causait souvent plus de mal que de bien aux mères. « Selon l’analyse des accouchements de routine examinés, cependant, les femmes n’ayant pas subi d’épisiotomie avaient moins de douleur, se remettaient plus rapidement de l’accouchement et ne couraient aucun risque accru ou diminué de complications en ce qui concerne la guérison des plaies. De plus, les données ont révélé que l’épisiotomie n’offrait aucune protection contre l’incontinence urinaire ou fécale ou le prolapsus pelvien dans les trois premiers mois jusqu’à la cinquième année suivant l’accouchement », a noté le Réseau Femmes en santé. Les chercheurs de l’étude du JAMA en sont même arrivés à la conclusion que les données recueillies ne permettaient pas de confirmer les bienfaits qui sont traditionnellement attribués à l’épisiotomie.

« L'épisiotomie est l'une de ces pratiques qui sont devenues systématiques en s'appuyant sur beaucoup de théorie et de rares preuves qu'elles sont bénéfiques, explique le Dr Graham, professeur agrégé à l'École des sciences infirmières et d'épidémiologie et au Département de la médecine communautaire de l'Université d'Ottawa dans son étude publiée par l’IRSO. Quelques décennies plus tard, les études se multiplient pour démontrer qu'en réalité, cette pratique n'est pas bénéfique et même, dans certains cas, qu'elle peut être dommageable. Pourtant, cette intervention continue d'être effectuée librement dans de nombreux pays du monde. C'est un exemple probant que certains professionnels de la santé ne se tiennent pas au fait des ouvrages scientifiques. Les femmes devraient en parler à leurs dispensateurs de soins. »

Est-ce que l’épisiotomie pourrait être évitée?

Oui! Mais soyons réalistes : il vaut mieux discuter avec notre médecin de nos craintes et de nos désirs lors des rendez-vous mensuels du suivi de grossesse. Une fois, dans la salle d’accouchement, l’heure n’est pas propice aux vives discussions. Ainsi, vous pourrez dire clairement votre position à votre spécialiste. Notez bien qu’une épisiotomie à un premier accouchement ne signifie pas un scénario pareil pour les autres qui suivront.

Existe-t-il des alternatives?

Avec une bonne musculature périnéale, on augmente les chances d’éviter l’épisiotomie. Cherchez à favoriser l’élasticité des muscles du périnée en faisant quelques exercices :

  • Debout, vos mains enlacent votre bas-ventre; le corps est souple et bien droit. Contractez et décontractez le périnée et les muscles fessiers.
  • Assise, genoux légèrement écartés, pieds joints. Posez vos mains sur la face interne de chacun de vos genoux. Contractez le périnée et, en même temps, essayez de joindre vos genoux alors que vos mains les écartent. Pratiquez cet exercice en expirant.
  • Pendant l’accouchement, lors de la phase d’expulsion, il faut laisser la chance aux muscles de se distendre. Massage, compresses d’eau chaude ou pression sur le périnée sont bienvenus!

Soins nécessaires après une épisiotomie

Une bonne hygiène vulvaire facilitera la guérison et la disparition des points fondants. Il faut s’assurer que la région du périnée soit propre et sèche.

  • Toilette vulvaire trois fois par jour et après chaque selle.
  • Avec du savon doux et une débarbouillette propre et mouillée, lavez le périnée, dans un mouvement d’avant vers l’arrière.
  • Rincez ensuite à l’eau tiède avant de l’assécher doucement.

Pour diminuer la douleur

  • L’hôpital vous offre habituellement une crème lidocaïne (ou autres) à appliquer sur les points 3 à 4 fois par jour.
  • Un bain de siège peut vous soulager.
  • Changez de position souvent, évitez de rester debout trop longtemps.
Image de Nadine Descheneaux

Autrice jeunesse et conférencière.

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