Enfant

La dépression n’est pas réservée qu’aux adultes

Lucas, 4 ans, s’ennuie. Son éducatrice lui propose de dessiner. L’air blasé, il griffonne un tourbillon de couleurs et lorsqu’un ami lui pose des questions sur son dessin, il le jette à la poubelle. Depuis quelques semaines, Lucas joue moins et semble abattu.

Nos rythmes de vie laissent peu de place aux moments de calme et de connexion avec soi. Les enfants sont entraînés dans nos tourbillons et en subissent malgré eux les contrecoups. Les enfants d’âge préscolaire peuvent avoir des variations émotionnelles et des sautes d’humeur mais retrouvent rapidement leur bonne humeur. En revanche, les enfants déprimés paraissent tristes même lorsqu'ils jouent, et leurs jeux peuvent être maussades ou sinistres.

La dépression, c’est plus que de se sentir triste. Elle est observée lorsque le sentiment de tristesse est persistant (plus de deux semaines). Un autre signe possible : les sentiments de l’enfant sont trop intenses et ont un impact dans le quotidien.

Des signes

Les spécialistes travaillant sur les troubles de la vie affective et du comportement des enfants ont longtemps pensé que les enfants de moins de 6 ans étaient trop immatures émotionnellement pour éprouver des symptômes dépressifs. Nous savons maintenant que c’est faux.

Lorsque présente, la dépression clinique est peu élevée durant l’enfance, mais elle augmente avec l’âge et sa prévalence a tendance à croître. Il est difficile de diagnostiquer la dépression chez le jeune enfant car elle peut être masquée par un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, par des problèmes comportementaux/émotifs ou par des difficultés d’apprentissage.

Dans l’imaginaire populaire, la période de l’enfance en est une positive associée aux éclats de rires, à la spontanéité et aux petits bonheurs. L’idée d’un enfant souffrant de dépression crée un sentiment de malaise, une impression d’injustice et nous renvoie à notre propre impuissance. Encore taboue, la dépression infantile est cependant une maladie courante affectant 2 % des enfants et 4 % à 8 % des adolescents1.

Mettre des mots sur les maux

Il n’est pas toujours facile de reconnaître la dépression chez l’enfant car les variations d’humeurs sont considérées comme étant normales en bas âges. Toutefois, il semblerait que l’enfant dépressif montre, dès la naissance, un tempérament plus sensible et difficile. Chez le bébé, selon l’Institut Universitaire Douglas, on ne parlera pas de dépression, mais plutôt d’une tendance à être triste. Le bébé aux traits dépressifs entrera moins en communication avec les adultes (par exemple, il fera moins de gazouillis et aura moins de contacts visuels).

Outre les facteurs génétiques et biologiques qui peuvent prédisposer un enfant à être dépressif, la dépression infantile est majoritairement contextuelle. Que ce soit dû au décès d’un proche, la séparation des parents, un déménagement ou un traumatisme, un événement déstabilisant en est parfois à l’origine et entraînera des variations d’humeurs.

La dépression infantile se manifeste de façon insidieuse et peut parfois être trompeuse. Les enfants étant moins habiles à décrire leur humeur, ils se plaindront plutôt de problèmes physiques (maux de tête, maux de ventre). Ils auront une expression faciale triste ou peu de contacts visuels. Moins habiles à verbaliser leur mal-être, c’est donc leur corps qui s’exprime pour eux, explique le psychanalyste Moussa Nabati, auteur du Bonheur d’être soi2.

La présentation des symptômes chez les enfants n’est pas toujours la même que chez les adultes. Au lieu d’être déprimés, les enfants auront tendance à être irritables, agités et agressifs. Dans son livre La dépression, 100 questions pour comprendre et guérir, le psychiatre Florian Ferreri explique que les variations d’humeurs à elles seules ne sont pas préoccupantes lorsque l’énergie de l’enfant est encore exprimée. Toutefois, si ce mal-être perdure et interfère avec la vie scolaire et les loisirs, ils peuvent alors être annonciateurs d’une dépression infantile3.

Maux de ventre, envie de dormir toute la journée, maux de tête, perte d’intérêt pour l’exploration et le jeu; ces signes peuvent être annonciateurs d’un épisode dépressif chez l’enfant. 

Plein air, repos et rire

Face à la dépression infantile, les parents se sentent souvent coupables et impuissants, surtout s’ils ont eux-mêmes traversé un épisode dépressif. Alors que l’administration d’antidépresseurs chez l’enfant est controversée, la psychothérapie s’est avérée efficace pour traiter la dépression chez l’enfant. Certaines bonnes pratiques peuvent toutefois nous aider à diminuer les états dépressifs et prévenir la dépression infantile, notamment, les saines habitudes de vie.

Les avantages de l’activité physique et du plein air sont reconnus dans la documentation scientifique, tant sur plan physiologique que du point de vue psychologique. Des études démontrent que le fait de bouger est associé à une importante réduction des états dépressifs. L’activité physique augmente la sécrétion naturelle des hormones du bonheur (sérotonine, dopamine et endorphine) et en diminue la sécrétion du cortisol (hormone du stress).

Le sommeil est inévitablement un moment de régénérescence important mais se reposer ne se limite pas aux heures passées à dormir. Prévoyez des moments de pause pour relaxer. Les agendas surchargés de cours de danse, visites de famille et de fêtes d’amis peuvent entraîner un sentiment d’épuisement. Il est donc essentiel d’avoir au courant de la journée, des moments de calme et de repos pour recharger ses batteries.

Les recherches scientifiques récentes démontrent que le sens de l’humour est l’une des principales stratégies d’adaptation mature. Une séance de chatouilles, un fou rire incontrôlable, un concours de grimace... Toutes les raisons sont bonnes pour procurer à notre corps une bonne dose d’hormones du bonheur mélangée à une détente musculaire instantanée!  En plus de briser le sentiment d’isolement en créant des liens, l’humour favorise la relation positive avec soi-même. Il a perdu son sens de l’humour et ne trouve plus rien de drôle? Commencez par faire avec lui l’exercice des trois moments positifs de la journée; en quelques semaines, son esprit s’habituera à observer les moments positifs et l’humour reviendra petit à petit.

Du soutien

Ainsi, au premier stade de la lutte contre la dépression chez l’enfant, l’intervention des parents est utile car ils sont des figures de soutien importantes pour l’enfant et peuvent l’aider dans les situations difficiles, tant dans le dépassement que dans l’acceptation. Parfois, cependant, la dépression chez l’enfant s’avère avancée et nécessite une intervention de professionnels. Dans ce cas, n’hésitez pas à faire appel à un psychologue, un médecin ou un pédopsychiatre. Vous n’êtes pas seuls.

Références
1. Birmaher B, Brent D; AACAP Work Group on Quality Issues et coll. Practice parameter for the assessment and treatment of children and adolescents with depressive disorders. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2007;46(11):1503-26
2. Moussa N. Le bonheur d’être soi. Fayard 2006; 304p.
3. Fererri, F. La dépression, 100 questions pour comprendre et guérir” ODILE JACOB 2012

Sources
http://www.douglas.qc.ca/info/depression-0-5-ans
http://www.lapresse.ca/vivre/sante/enfants/200908/04/01-889720-la-depression-chez-les-moins-de-3-ans-une-maladie-grave.php
https://avarap.asso.fr/offres/doc_inline_src/471/Goleman+Intelligence+Emotionnelle.pdf

Publication initiale novembre 2017

Cadleen Désir
Psychopédagogue

Fondatrice et directrice générale de Déclic, Cadleen Désir a orienté sa carrière vers le soutien pédagogique des enfants d’âge préscolaire. Bachelière en psychologie et psychopédagogue, Cadleen a toujours eu à cœur le bien-être des futures générations. Déclic est un réseau de cliniques qui a pour mission de faire briller le potentiel des enfants à besoins particuliers. Dévouée à sa cause, elle siège auprès de divers comités et conseils d’administration d’organismes dédiés à l’enfance. Elle a cofondé un projet de garderie pour les enfants avec des allergies alimentaires. Cadleen s’implique comme accompagnante au CHU Ste-Justine et participe à la mise sur pied d’une fondation pour l’accessibilité des services auprès des enfants vulnérables.


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