Cette citation est de Théodore Monod, un scientifique, explorateur et humaniste français.
Je ne peux m'empêcher de penser à ces paroles lorsque je suis prise dans le traffic, un mardi soir. Il est 16h45. Je fixe le cadran à chaque 30 secondes en espérant désespérément faire reculer le temps. La garderie ferme à 17h. Amende assurée. Le service de garde du camp de jour, à 17h30. Comble de malheur, le plus vieux a son match de soccer à l’autre bout de la ville à 18h et c’est moi qui doit apporter les popsicles!
Et à travers tout ça... les enfants doivent souper!
C'est la course : le matin, le midi, le soir. La performance pour hier, aujourd’hui, demain…
L’épuisement des parents est en hausse considérable. De plus en plus s’avouent vaincus! Mais vaincus de qui, de quoi? Ils sont d’abord victimes de l’image qu’ils se font du parent parfait, qui arrivera à tout mener à bout de bras : le couple, la famille, la santé, la carrière et la vie sociale.
À bout de souffle
Et si on lâchait prise? Lâcher prise sur la perfection : vouloir à tout prix exceller au boulot, être disponible pour le surtemps, jouer de manière stimulante et éducative avec ses enfants le soir, être disponible tout sourire, pour les activités parascolaires, veiller aux suivis des rendez-vous médicaux de nos parents vieillissants et avoir une maison impeccable.
Suivant cet ordre d’idée, et si on abandonnait l’idée d’un contrôle total sur tout ce qui nous arrive?
Le traffic, je n’y peux rien mais ma réaction face au trafic, oui! Il est là, mon espace de contrôle. C’est souvent cette deuxième étape qui est la plus difficile. Mais c’est cette étape qui nous permettra de mieux vivre avec nos choix et d'apprécier le moment présent. Le déclic se fait lorsque nous réalisons que nous n’avons pas le contrôle sur les événements, mais que nous l’avons entièrement sur la façon dont nous allons réagir et sur la durée de temps qu’on se laissera mentalement affecter par l’événement.
Un souffle à la fois
C’est un constat. J’arriverai en retard. Je prends trois respirations profondes. C’est LE truc quand je sens la panique monter.
J’ai appris que pour respirer profondément, il faut être prêt à laisser tomber sa résistance et à accueillir la réalité telle qu’elle se présente. C’est magique!
Une fois mon état plus centré, je téléphone à la responsable du milieu familial et je l’informe de la situation (en faisant quelques blagues sur les cônes oranges). J’ose même lui demander une GROSSE faveur : est-ce que par hasard, elle aurait dans son réfrigérateur des ingrédients pour faire des sandwichs? Nous n’aurons pas le choix de pique-niquer dans la voiture (sans complexe!). À ma grande surprise, elle me dit qu’elle se charge de tout et se met en action pour leur préparer le MEILLEUR pique-nique de voiture de leur jeune existence! En plus, elle les prépare avec fiston! Ouf!
Il fut un temps où j’aurais fulminé dans la voiture, téléphoné à la dernière minute et rongée par la culpabilité, je me serais probablement arrêtée dans un service à l’auto en chemin.
Demain matin, j’apporterai avec plaisir une boîte de viennoiseries avec un joli mot pour remercier ma responsable en milieu familial pour son aide précieuse.
Respirez!
Le lâcher prise parental, c’est accepter de ne pas être parfait et de demander aux gens qui nous entourent, l’aide, le support, l’écoute et les conseils dont on a besoin. C’est aussi de se rendre compte que notre propre attitude face à la situation est plus importante que tout le reste.
Est-ce que la responsable de milieu de garde m’aurait aidé si je n’avais pas eu une attitude plaisante au téléphone? Est-ce que fiston aurait passé un aussi bon temps au soccer si je ne dégageais que de l’énergie négative? Nous sommes les artisans de notre quotidien et responsables de le rendre plaisant.
Finalement, lâcher prise, c’est surtout, respirer. Un jour à la fois, un souffle à la fois en se remémorant qu’on fait de son mieux.