Certains enfants sont des spécialistes de l’opposition. Et en tant que parent, vivre ces défis quotidiens peuvent vraiment altérer notre relation avec eux. On se sent impuissant, dépassé et déçu. Et si on essayait de voir ces réactions d'un autre œil?
Nous sommes une génération de parents très attentive à leurs enfants, bien plus que les générations précédentes. Les « troubles oppositionnels » sont alors bien plus souvent diagnostiqués par certains professionnels, mais aussi par la société qui est plus sensible à reconnaître chez l’enfant des comportements dits problématiques. Nous prenons soin et nous accompagnons de façon beaucoup plus étroite l’éducation de nos enfants. Il suffit de nous rappeler de notre enfance où nous faisions du vélo sans casque, allions à l’école seul à pied et que nos parents nous laissaient dormir chez des amis ou jouer au parc sans surveillance.
Et si, nous avions malgré nous, instauré des espaces trop cloisonnés pour protéger nos enfants? Et si les enfants s’opposaient tout simplement au nombre de règles à suivre plutôt qu’à la règle elle-même?
Si nous nous observons, nous avons des consignes pour tout, tout le temps et les enfants sont contraints bien trop souvent. Les horaires, la communauté, l’école, les règles de savoir-vivre et même les activités... tout est dirigé, chronométré et implique des résultats à nos attentes surdimensionnées. Nous sommes souvent victimes de la pression sociale qui nous renvoie le devoir d’être un bon parent, puisque nous avons fait le choix de le devenir, il est nécessaire que nos enfants soient élevés en fonction des règles parfois rétrogrades de notre société. Pas question que les enfants prennent le pouvoir!
Les enfants ont pourtant besoin d’expérimenter par eux-mêmes, pour délimiter leurs propres balises, leurs propres limites. Ils se frottent à l’extérieur pour mieux appréhender et sentir leur jugement personnel.
Bien sûr que le cadre est nécessaire, surtout pour des enfants avec des tendances à l’opposition, car cela révèle souvent de l’anxiété. Ils ne cherchent pas à dépasser les limites, mais à s’assurer que le filet de sécurité est bien en place, cohérent et solide, sentir une prise en charge adéquate qui leur permettra de continuer à sentir la liberté.
Mais, dans la mesure du possible il serait merveilleux de leur offrir des ESPACES LIBRES, sans consigne, sans obligation, sans attente, sans temps. Plus l’enfant s’oppose plus il a besoin de flexibilité. S’opposer c’est avant tout un signe que l’enfant ne se sent pas considéré et qu’il est brusqué dans son propre rythme.
Parfois remettre en question ses propres interventions nous amène à distinguer les nuances. Dire non par principe, dire quoi faire pour garder un certain contrôle, imposer pour ne pas être débordé. La nature, des journées où on dit oui le plus possible, des moments où on laisse l’enfant faire et créer. De réelles prises de conscience sur nos perceptions face à l’opposition de nos enfants. Il y a une multitude de possibilités à explorer pour leur donner de la liberté et ne pas nous, nous sentir menacés.
Je remarque que plus nos enfants s’opposent et plus nous serrons la vis, avec l’épée de Damoclès au-dessus de la tête qui nous menace de faire un enfant roi, un petit tyran. Alors par crainte de les saboter, de se faire juger, d’avoir peur pour leur avenir s’ils ne se conforment pas on devient plus sévères et moins flexibles et ouverts. D’une part pour se mettre à l’abri soi-même, mais aussi pour leur éviter à eux d’être marginalisés.
Pourtant offrir à son enfant un moment de répit lui permettra de retrouver naturellement son besoin d’appartenance au clan et donc de collaborer aux règles du groupe. Car ce groupe se voudra inclusif et lui permettra d’y avoir une place en toute sécurité.
Références :
- Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlentDe Adele Faber, ElaineMazlish
- Pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen