À quatre pattes dans toutes les positions inconfortables pour lui permette de compenser le temps de la semaine où il a été moins disponible.
Il est alors temps de partir se faire garder, et l'enfant pleure en arrivant chez sa mamie en hurlant : « Papa je veux encore jouer avec toi! » Et là, l'impatience s'empare du père; il en a assez, il se sent pris au piège, il a mal partout et surtout, il est en retard.
Frustration assurée!
Une question de perspective
Je lui explique qu'un enfant de trois ans qui dit « encore jouer » peut vouloir dire en fait une multitude de choses. Et si nous modifions notre perspective? Et si cette fois, cela voulait dire: « Papa j'ai adoré jouer avec toi et j'ai envie que ça dure toujours parce que je n'ai pas envie de me séparer de toi »…
En fait l'enfant n'a pas encore envie de jouer spécifiquement, mais il se remémore le doux moment qu'il voudrait voir perdurer car le moment de la séparation est brutal. Jouer c'est la nostalgie d'un moment passé. Mais s'en rappeler aide aussi l'enfant à passer la transition.
Nous pourrions alors répondre simplement: « Moi aussi j'ai encore envie de jouer avec toi, j'adore être à tes côtés et je me réjouis de recommencer très bientôt. On pourra sortir tous les legos et construire un grand château… Comme j'ai hâte! »
L'enfant se sent entendu, reconnu, compris et surtout accueilli. Il a besoin que le parent connecte à son désir, sans pour autant y accéder. Mais lui permettre de se rappeler ces instants l'aide lors de la séparation, comme un coup de force pour oser se séparer et commencer une autre partie de la journée.
En développement
Nous aussi nous avons cette tendance à nous remémorer les bons moments pour tenir lors des mauvais, on se transpose à nos soirées agréables, on est nostalgique de nos vacances à la mer, ou de notre week-end en amoureux. On tente toujours de ramener le beau pour tenir lors de l'effort. Les enfants font la même chose, mais avec moins de mots et surtout, avec une construction cérébrale encore en développement.
Participer à la projection, avec l’enfant, l'aidera à se sentir moins anxieux car il apprendra en grandissant que ces moments reviendront encore, la joie sera de retour. En attendant il a besoin d'une caresse, une caresse mentale afin de l'aider à franchir la prochaine étape.
Les transitions sont des étapes douloureuses pour nous tous. En offrant à nos enfants la possibilité de formuler la difficulté, cela leur servira à mieux verbaliser leurs émotions et à les reconnaître.
Et puis « je veux encore jouer », ça veut dire à quel point il nous aime et apprécie notre présence. Pour pallier à l'absence il faut être plein de ceux qu'on aime!
Publication initiale le 20 mars 2017