Enfant

Quand il repousse son assiette en boudant...

Une maman m’interpellait récemment pour me dire que son fils de 4 ans n’aimait plus rien côté nourriture. Lui qui avant aimait manger de tout, repoussait désormais son assiette. La maman s’inquiétait.

Son inquiétude est normale... et répandue! Bien manger est au cœur de l’éducation que nous voulons offrir à nos enfants. Nous voulons leur offrir des repas variés, équilibrés, santé... mais cela devient rapidement un gros défi qui engendre conflits et culpabilité.

Lorsque nos petits se braquent et ne veulent plus rien savoir de nos bonnes intentions, nous rentrons dans des rapports de forces. Pourtant, ce sont des phases normales, plus ou moins courtes, que rencontrent la plupart des enfants. Soit ils ne mangent plus, soit ils deviennent très sélectifs devant leur assiette.

Manger est un apprentissage qui demande une grande concentration aux enfants. Le moment du repas est un effort pour eux, alors que pour nous, les adultes, c’est un moment de détente. Nous avons tendance à oublier que pour nos enfants, le repas a souvent une connotation négative. On leur demande de s’asseoir, d’être sages, de tout goûter, de ne pas bouger et de nous laisser manger. Pas étonnant qu'ils essaient d'échapper au moment d’inconfort pour retourner à des activités plus excitantes!

Les parents, eux, insistent pour transmettre à leurs enfants les meilleures bases, écrasés souvent par la pression sociale, la multitude d'informations et les réseaux sociaux qui les chargent du devoir de bien nourrir, de bien inculquer les notions nutritives. Ils en oublient le plaisir et la légèreté!

Faire confiance

Il est alors important de retourner à l’essentiel, en minimisant ses interventions. Des repas simples, des collations variées, fréquentes et surtout apprendre à faire confiance aux réflexes de nos enfants. Faire confiance à leur sentiment de satiété, leurs goûts et leurs envies. Nous avons une tendance à trop intervenir alors que pourtant, les enfants expriment beaucoup de signes. S’ils n’ont pas faim, c’est qu’ils n’en n’ont pas besoin. Nous sommes exposés à trop manger, trop consommer et les habitudes alimentaires s’en ressentent.

De plus, les goûts se modifient. Les sensations liées à la nourriture aussi. Il n’est pas rare que des enfants très gourmands, ouverts très jeunes deviennent plus sélectifs en grandissant. C’est ce qu’on appelle la néophobie : la peur de ce qui est nouveau. Les enfants ne veulent plus goûter, semblent dégoûtés et retournent à leurs grands classiques, en boudant leur assiette dès qu’ils détectent un nouvel aliment. Ils sont souvent dans des phases de développement et choisissent des aliments réconforts pour se rassurer. Les fameuses pâtes ou la croquette…

Comme ce sont des phases courantes du développement, il est important d’en tenir compte dans nos interventions, pour ne pas cristalliser leurs inquiétudes et nos réactions parfois trop fortes.

Ne pas oublier le plaisir

Montrer l’exemple restera la manière la plus saine d’exprimer sa volonté et de faire collaborer les enfants. Manger de tout, avec plaisir, proposer sans forcer et offrir la chance à nos enfants d’explorer à leur rythme.

Il faut aussi dissocier nourriture et règles autour de la table. Les repas sont souvent une zone très stricte où les consignes fusent, ce qui implique que les enfants sont alors moins portés à manger car ils sont sur la réserve et souvent dissipés. Ils sont figés par le stress.

Si on est conscient de ce qui importe le plus, il est possible de choisir les moments pour le faire : manger ou respecter les consignes autour de la table. Réussir les deux, en simultané, est rare, surtout chez les plus jeunes!

Si on cherche à leur donner leurs apports nutritionnels, l’heure de la collation sera plus appréciée, car ils sont mobiles et plus libres. Laisser des fruits et légumes coupés à portée de main. Un espace dans le frigo où ils peuvent se servir de bons produits, graines, noix, fruits secs, boules d’énergie et leur permettre au maximum une autonomie quant à la prise d’aliments. Ainsi, l’heure du repas sera moins problématique. Il est aussi important de penser que lorsque nos enfants ont faim, ils se désorganisent et deviennent plus agressifs, plus difficiles à gérer car ils n’arrivent pas à nommer leurs besoins.

Indulgence, persévérance, cohérence

Les repas sont des moments privilégiés de retrouvailles, il est alors primordial d’aménager ce moment pour que chacun puisse en profiter. Respecter les besoins et trouver un consensus mutuel, en étant aussi conscient de ce qui est nécessaire et ce qui est secondaire. Faites une mise au point avec son conjoint afin d'être sur la même longueur d’ondes.

Prendre du recul, rester indulgent envers ses interventions sans culpabiliser, continuer à faire preuve d’ouverture, offrir et faire preuve de créativité.

Le secret de la réussite sera la persévérance, la cohérence et se renouveler. Oui, d'accord, je sais, ce n'est pas évident après une journée bien chargée, mais c’est aussi important de choisir ses batailles…

Références :
Mon enfant ne mange pas de Carlos Goonazlez, Gonzalez, Carlos
Un zeste de conscience dans la cuisine d'Isabelle Filliozat

Chloé Finiels
Accompagnement Émotionnel et Relationnel

Chloé Finiels, s’est tournée vers l’accompagnement émotionnel et relationnel en 2011. Ayant un profil neuro-atypique et étant hypersensible, elle s’est intéressée à offrir des ressources alternatives. Elle a fait un parcours académique universitaire et est diplômée depuis 2006 en psychologie clinique. Elle a étudié en biologie, psychologie et embryologie. Elle s’est faite connaître via les réseaux sociaux grâce à ses billets et chroniques sur les éducations alternatives, la normalisation des difficultés parentales, mais surtout sa vision très moderne de la parentalité : comprendre en profondeur nos émotions, ce qui les réactivent, nos déclencheurs et comment accepter nos fluctuations émotionnelles. Elle est chroniqueuse pour plusieurs médias, superviseure dans l’accompagnement relationnel et émotionnel et formatrice pour les familles et professionnels qui souhaitent comprendre la famille neuro-atypique, la parentalité créative. Elle est passionnée et se forme en continu dans divers domaines : la périnatalité, les éducations alternatives, les neuro-sciences, le deuil périnatal, la communication efficace, la neuro-psychologie, la neuro-biologie, la psychothérapie d'engagement et d'acceptation, l’endocrinologie.


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