Femme

Mon pouvoir sur les pressions sociales

Avoir le désir d’être un bon parent est habituellement un désir qui va de soi. Ce désir est automatique et probablement qu’il vous semble si logique, que vous n’y avez même pas réfléchi de façon consciente.

Le meilleur pour mon enfant

Beaucoup de décisions, de choix de vie ou de réorganisations sont faits en fonction d’offrir ce qu’il y a de mieux à vos enfants ou futurs enfants.

Vous voulez lui transmettre vos belles valeurs, le protéger des maladies, des intempéries émotives, des inconnus malveillants ou encore des plaisanteries railleuses des petits copains à l’école. Vous connaissez ce que vous voulez lui offrir. Vous êtes aussi dans l’ère où l’information pour les parents coule de partout : émissions de télé, magazines, sites Internet, etc. Vous êtes envahie. Dès la grossesse, experts et professionnels sont là pour vous outiller.

Les experts de la maternité

Au-delà de ces experts de la maternité, vous vous trouvez vite confrontée aux « experts par expériences », soit les autres parents (et à vrai dire plusieurs non-parents). Cette fois-ci, ce sera plutôt sous l’angle de conseils, commentaires plus ou moins subliminaux ou d’opinions parfois tranchantes que vous recevrez des indications sur les comportements à avoir ou les choix à faire. « Quoi! Tu bois du café et tu es enceinte? », « Tu ne lui donneras pas la suce jusqu’à 4 ans j’espère! », « Tu allaites encore? » ou encore « Laisse-le pleurer ton bébé si tu ne veux pas qu’il devienne un bébé à bras ».

Bonne action manquée

Ces petites phrases sont habituellement dans un but bienveillant. Elles proviennent d’une personne qui vous aime et qui veut vous conseiller ou vous éviter des situations désagréables. Toutefois, elles vous laissent avec cette petite lourdeur intérieure. Vous ne savez trop comment l’identifier, mais cela ressemble à un mélange de tristesse, de culpabilité, de honte ou même de frustration. Ce sentiment, il peut vous mettre dans un état de malaise. Vous vous laissez atteindre par ces phrases. Elles vous donnent l’impression d’aller se souder directement à votre désir d’être une bonne mère. Au moment où vous les avez entendues, les convictions que vous aviez se sont soudainement ébranlées. Elles ont fait une place pour le doute, l’impression d’être incorrecte, de faire de mauvais choix… d’être une mauvaise mère.

Les pressions sociales courantes

Il est vrai, il existe bon nombre de pressions sociales. Nous les retrouvons dans différents thèmes de la maternité, par exemple :

  • Lors de la grossesse : l’alimentation de la femme enceinte, la façon de prendre soin de soi, la date de retrait préventif, etc.
  • Lors de l’accouchement : la prise de médication, l’endroit où l’on accouche, le choix d’un médecin/sage-femme, etc.
  • En lien avec l’alimentation du bébé : donner le biberon ou allaiter, le nourrir à la demande ou selon un horaire, l’âge d’introduction des aliments, le choix des aliments biologique ou non, etc.
  • En lien avec la santé des enfants : forcer à faire ses nuits, le suivi chez le pédiatre, donner les vaccins ou non, soigner naturellement ou avec des antibiotiques, etc.
  • Dans l’éducation : la façon d’intervenir et de discipliner, laisser bébé pleurer ou non, le prendre à la demande, etc.
  • Dans votre féminité : avoir l’instant maternel, perdre rapidement le poids en trop après l’accouchement, avoir du désir sexuel, etc.

Qu’importe ces idées préconçues qu’ont tous ces experts, familles et amis bienveillants vous donnant plus de conseils que vous n’en désiriez, il ne restera, au travers de tout cela, que vous et votre partenaire pour prendre les meilleures décisions pour vos enfants. Une fois que vous connaissez tous les enjeux et conséquences reliées à une décision, vous êtes maintenant les meilleurs pour prendre cette décision. Dans l’optique où vous continuez à veiller au bien-être et à la sécurité physique, psychologique et émotive de votre enfant, la maternité peut alors prendre plusieurs formes et avenues.

Pourquoi je me sens si coupable alors?

La réponse vous semblera peut-être bien simpliste ou peut-être même choquante. La culpabilité réussit à se frayer une place en vous tout simplement parce que vous lui laissez la place pour le faire. Malgré tout, vous avez le pouvoir sur cette émotion. Il est vrai que cela ne se fait pas facilement et simplement. C’est encore plus vrai dans les cas où un deuil est à panser. Songeons, par exemple, à ces mères qui avaient le désir profond d’allaiter et qui ont fait le choix à contrecœur de passer à une autre méthode.

Questions à se poser

Il est vrai qu’il n’est pas facile de rester de glace devant ces commentaires. L’interprétation vous appartient toutefois. Vous pouvez alors vous demander :

  • Cette personne a-t-elle réellement voulu me faire sentir ainsi ou voulait-elle me partager ce qu’elle croyait être le mieux?
  • Cette personne s’est-elle informée réellement et profondément sur ce qu’elle me propose?
  • Ai-je l’impression que de mon côté, je suis assez informée et que mon choix a été fait de façon éclairée (exemple : choisir de ne pas laisser pleurer dans son lit)?
  • Le choix que j’ai fait, l’ai-je fait dans l’optique du bien-être et de la sécurité physique, psychologique et émotionnelle de mon bébé?

Une autre question importante à se poser est : qu’est-ce qui fait que moi, comme personne, je me laisse atteindre par ce type de commentaires?

Il peut y avoir plusieurs possibilités :

  • Mon manque de confiance en moi comme mère,
  • Ma difficulté à prendre une décision seule dans la vie,
  • Le commentaire vient faire resurgir une douleur encore vive,
  • Ma difficulté à affirmer mes choix,
  • L’impression d’être une mauvaise personne.
La bonne nouvelle

Vous avez le pouvoir sur toutes ces dernières énumérations. Si malgré tout, vous vous rendez compte que c’est parce que vous n’avez pas assez d’informations pour prendre une décision éclairée, vous avez toujours la possibilité d’aller chercher plus d’informations. De plus, vous aurez toujours le choix de changer de réseau social si celui-ci vous semble malsain. Vous pouvez sans aucun doute fermer les revues/page web qui vous amènent votre sentiment de malaise. Par contre, pour ce qui est en lien avec la confiance en soi et la solidité que vous avez à croire en vos décisions, il n’y a que vous pour changer votre discours intérieur. Vous devez donc prendre un temps d’arrêt pour vous parler et vous rappeler que vous êtes le parent, que vous avez fait des choix dans le mieux de votre connaissance et que personne n’a le droit de vous ébranler dans ces choix. Une fois que vous accepterez que vous êtes les parents, les commentaires glisseront davantage sur vos épaule. À la limite, vous en recevrez moins de votre entourage, car ils sauront que vos convictions sont profondes et réfléchies.

Des pressions sociales il y en aura malheureusement toujours. Il existe à chaque époque un courant de pensée qui dicte les actes des parents. Devenir parents vient aussi avec cet élan de conseils de la part gens que vous connaissez, mais aussi des inconnus. Afin de vous y soustraire, vous pouvez aussi éviter certains sujets que vous savez chaud ou éviter de demander conseil si vous ne vous sentez pas assez solide pour recevoir les réponses. Autrement, si vous vous savez affectée, il n’y a rien de tel que de se rappeler les raisons pour lesquelles vous avez fait vos choix. Cela est rassurant de s’en souvenir. Et si cela s’avérait trop difficile, les espoirs ne sont pas perdus puisque la thérapie est un excellent moyen d’aller solidifier votre estime maternelle et par la bande, votre estime personnelle.

Véronique Boisvert
Sexologue et psychothérapeute

Véronique Boisvert est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en sexologie. Elle pratique en clinique privée comme sexologue clinicienne pour traiter les difficultés sexuelles, relationnelles et conjugales. Elle fait partie de l’Ordre des sexologues du Québec et a un permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec. Elle est l'auteure du le livre Bien vivre ma période postnatale : prévenir les difficultés et devenir une maman heureuse. Elle est copropriétaire chez Axe Santé. Vous pouvez trouver d’autres informations sur sa pratique sur son site Web.  


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