En 50 ans le nombre de spermatozoïdes a diminué de 40 à 50 %. Qu’adviendra-t-il dans les 50 prochaines années? Notre capacité de reproduction est-elle en danger?
Pour pouvoir observer un tel changement, les causes sont soit d’origine génétique soit d’origine environnementale. Or, selon les chercheurs, un changement si brusque dans une période si restreinte est forcément dû à un facteur environnemental comprenant le mode de vie. Alors où se cache la menace?
Influence de l’environnement
À l’Université de Rochester aux États-Unis, la Docteure Swan s’intéresse de près au sujet. Elle a découvert que les hommes vivant dans les mégapoles, aux prises avec plus de circulation routière et plus de pollution, ont une meilleure qualité de sperme que les hommes vivant dans les zones rurales entourées de terres agricoles. Les pesticides seraient-ils donc responsables? Les analyses d’urine le prouvent. Les hommes qui ont la pire qualité de sperme ont aussi un taux plus élevé de pesticides que les autres. Notre environnement est bien capable de perturber notre système hormonal aussi appelé système endocrinien. Mais il n’y a pas que les pesticides qui peuvent jouer les perturbateurs.
Perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens font partie de notre quotidien. Par une simple prise de sang, on peut mesurer notre imprégnation à ces molécules parmi lesquelles on retrouve le bisphénol A, le nonylphénol et les phtalates.
Le bisphénol A, interdit depuis 2008 au Canada dans la fabrication de biberons, est un composé chimique utilisé pour la fabrication de plastiques et de résines époxy. Il est présent notamment pour tapisser l’intérieur des boîtes de conserve, dans un grand nombre de coupons de caisse ou de reçus de cartes de crédit.
Les phtalates se retrouvent partout : dans les t-shirts, jouets en plastique, fixateurs de parfum, cosmétiques, meubles, PVC, emballages, y compris les emballages alimentaires.
Le nonylpénol est utilisé dans les peintures, les cosmétiques, les shampoings, la production des pâtes à papier.
On retrouve ces molécules chimiques dans le sang de chacun en quantités infimes, qui, selon les industriels, ne seraient pas dangereuses pour notre santé. Pour de nombreux chercheurs, le dosage n’est pas le seul facteur important. La durée et le moment d’exposition sont aussi importants.Risque important pendant la grossesse pour les fœtus mâles
Le moment d’exposition
Dès les premiers instants de vie, l’environnement entre en jeu et joue avec la sensibilité de l’équilibre hormonal. Une étude critiquée de la Docteure Swan a montré que les femmes enceintes ayant un taux plus élevé de certains phtalates mettaient au monde des garçons ayant une distance ano-génitale plus courte. Or la distance ano-génitale est un indicateur du taux d’hormone. Cette distance augmente chez le garçon lorsque, in utero, le testicule embryonnaire commence à produire de la testostérone. Si la distance ano-génitale est plus courte, c’est qu’une molécule chimique est venue perturber la production de testostérone du fœtus.
La durée d’exposition
Tous les jours, nous absorbons des perturbateurs hormonaux par notre gel de douche, le shampoing, notre nourriture, la poussière dégagée par nos appareils électroniques, les objets quotidiens, mais à de faibles doses qui seront éliminées au bout de 24 h. Le problème c’est que le lendemain, notre corps sera soumis aux mêmes doses de molécules chimiques, comme s’il ne s’en était pas débarrassé. L’exposition devient permanente!
Que faire?
Au Danemark, une campagne de prévention a été faite dans tous les centres de maternité. Neuf conseils sont recommandés pour limiter la quantité de perturbateurs endocriniens pendant la grossesse comme éviter les cosmétiques, la teinture pour les cheveux, la peinture…
Si les femmes enceintes sont plus sensibles, des gestes simples et quotidiens sont à réaliser par tous pour une meilleure santé de notre fertilité et de celle de nos enfants :
- Manger moins d’aliments transformés ou en conserve et privilégier le biologique dépourvu de pesticides.
- Ne pas utiliser de contenants en plastique dans le four à micro-ondes, mais uniquement des contenants en verre ou en céramique.
- Utiliser un filtre pour l’eau de la maison afin de réduire les polluants.
- Éviter les parfums artificiels dans les détersifs, assouplisseurs, rafraîchisseurs d’ambiance, etc.
Interaction des perturbateurs
Présentement, aucune législation ne tient compte des interactions entre les substances et les recherches se focalisent sur l’effet d’une molécule à la fois. Or, tout être vivant est exposé à un cocktail quotidien de molécules. Une étude réalisée sur des rates en gestation montre que l’exposition à trois molécules (un phtalate et deux pesticides) à des doses faibles n’entraînait aucune conséquence sur la progéniture si elles étaient administrées séparément. Cependant, utilisées ensemble, au même dosage, les progénitures mâles ont des malformations génitales. Si ces substances ont un effet sur les animaux, comment affirmer qu’elles n’auront pas d’effet sur l’Homme?
En conclusion, il semble que les facteurs environnementaux ont une influence sur la fertilité masculine. Depuis plus de 55 ans, Seréna aide les couples en recherche de grossesse par l’enseignement d’une méthode naturelle : la méthode sympto-thermique. Cette méthode permet d’identifier le moment le plus fertile du cycle féminin. Ainsi, le couple peut maximiser ses chances de contrebalancer l’hypofertilité masculine pour réussir une grossesse.
Par Emmanuelle Maurin, agente de communication Seréna Québec
Références
- Sylvie Gilman, Tierry de Lestrad. 2008. Documentaire. Mâle en péril. ARTE France/Point du jour.
- Carole Poliquin. 2008. Documentaire. Homo toxicus. ISCA Inc.
- Marc Geet Ethier. 2005. Zéro toxique : pourquoi et comment se protéger. Edition Trécarré. Québécor Média.