Dans quelques jours, deux Québécois prendront la route du Vietnam pour aller chercher leur petite fille, Marie-Félix. Chantal, la nouvelle maman, nous ouvre son cœur pour nous partager ces émotions si vives qu’elles prennent toute la place! Une collaboration bien précieuse pour nous faire découvrir de l’intérieur le processus de l’adoption internationale.
L’annonce de la nouvelle
Voilà, c’est fait, je suis maman au moment où je ne m’y attendais pas. Mon conjoint me disait que ça allait arriver comme ça, mais j’y pensais tellement tous les jours… Comment est-ce que ça pourrait arriver à un moment où je ne m’y attends pas? Ça peut faire étrange à lire comme ça, mais c’est bien ce qui s’est produit il y a deux semaines. Je suis devenue maman à mon tour, après une « grossesse » de vingt mois. L’histoire n’est pas meilleure ou pire que toutes les magnifiques histoires de la vie, mais c’est mon histoire à moi. Cet extrait de l’histoire que je m’apprête à vous livrer aujourd’hui fait parti d’un long processus, d’une longue attente. Un cheminement où, pendant plusieurs mois, je n’ai eu absolument aucun contrôle sur ce qui allait se passer, comment ça allait se passer et quand ça allait se passer. Cette histoire, c’est mon histoire d’adoption à l’international.
Au moment où j’écris ces lignes, je suis encore fébrile de la tête aux pieds. J’ai ressenti de bien étranges sensations, j’ai vécu des tremblements internes dans des parties de mon corps que j’ignorais capable de tremblements. J’ai obtenu ma proposition d’adoption par un petit jeudi matin, le 4 septembre dernier. J’étais au bureau dans une routine administrative et puis, bulle incroyable dans mon univers, le téléphone a sonné et c’était l’appel avec un « A », plus grand que tout ce que j’avais pu imaginer. Cet appel que j’attendais depuis vingt mois déjà. Cet appel que j’avais imaginé 1000 fois dans ma tête, me demandant comment j’allais réagir. Est-ce que j’allais crier? Est-ce que j’allais pleurer?
Quand j’ai entendu la voix de la directrice de l’agence d’adoption, c’est comme si mon sang s’était figé dans mes veines. Je suis entrée dans une bulle incroyablement bouleversante et je tentais d’écouter ce qu’elle me disait à l’autre bout de la ligne. Certains bouts de la conversation sont très clairs pour moi alors que pour d’autres, c’était totalement flou. Probablement trop imprégnée par mes émotions explosives, ses indications pourtant très claires entraient dans mon conduit auditif sous la forme d’un dialecte étranger très au ralenti. La pauvre, j’ai dû lui faire répéter au moins trois fois certains détails.
On a beau se préparer à ça, se dire que ça peut arriver n’importe quand, mais quand la maternité vous atteint en plein cœur alors que, de tout votre être vous avez souhaité ce moment, c’est particulier. Quand cette nouvelle qui transforme à jamais une vie vous est apportée par une personne que vous n’avez encore jamais rencontrée, mais qui a un sourire dans sa voix en vous donnant les détails sur votre enfant, c’est inimaginable! C’est comme si je venais de vivre en ultra accéléré une grossesse de neuf mois et que, sans avoir vu venir les contractions, ce petit ange m’était présenté. Je ne me souviens pas avoir pleuré, je ne me souviens pas avoir crié. Je me souviens d’avoir senti mon corps se figer, je devais avoir l’air d’un robot un peu étrange. Mes collègues m’embrassaient, criaient autour de moi et j’étais là, au milieu de tous ces gens, le regard perdu dans un vide si doux. Je suis maman…
Voici Marie-Félix
Ma fille…
Ma fille est belle, c’est la plus belle d’entre toutes. Bien évidemment! Quand on sait que ce commentaire vient du cœur de sa maman, on se dit que c’est normal : toutes les mamans disent ça de leur bébé. Quand nous avons reçu les photos de notre fille par courriel, quelques instants plus tard, j’étais en ligne avec mon conjoint. Les circonstances l’imposant, nous avons vécu ce précieux moment dans nos bureaux respectifs, mais ensemble au téléphone. 1-2-3- Go! On ouvre les photos. Et puis, silence sur la ligne. Qu’elle est belle! Ce petit bébé d’à peine 2 mois est désormais notre enfant. Grâce à un couple qui, nous le souhaitons, s’est aimé, ce petit ange a été conçu. Et ce geste qui devait être déchirant à poser, se rendre à l’orphelinat et y laisser cette toute petite fille…. Ce geste nous permettait dès lors d’être nous-même parents. Nous en savons bien peu sur cette maman à qui nous devons cette joie et tout cet amour. À des milliers de kilomètres l’une de l’autre, mon cœur a tenté de se connecter au sien pour la remercier et lui faire un tendre câlin.
… nous ressemble!
Beaucoup de gens nous disent que notre enfant nous ressemble, que cette attente a peut être fait en sorte qu’elle et nous étions déjà faits l’un pour l’autre et que ces signes venaient confirmer toute la magie dont la vie est parfois capable. Elle a les yeux comme de petits croissants de lune et de belles joues rondes. Elle est belle, que dis-je… elle est magnifique! C’est notre fille et elle est tellement attendue. Elle ne sait pas encore que nous existons, elle ne sait pas qu’une famille toute entière l’attend les bras ouverts. Elle ne sait pas qu’elle a une petite chambre amoureusement préparée pour elle à des milliers de kilomètres de son Vung Tau natal. Elle n’a pas idée de ce qu’elle va vivre dans quelques jours. Ça sera un choc, sans aucun doute, mais nous ferons tout en notre pouvoir pour respecter son rythme à elle. Elle deviendra le centre de notre univers, évidemment.
Comme le temps passe lentement!
Maintenant c’est un nouveau combat interne qui se joue. Notre fille est là bas et nous ici. C’est là-bas que nous voudrions être, afin de la ramener ici au plus vite. À tout le moins, c’est dans nos bras que nous voulons qu’elle soit en ce moment. Il ne se passe pas une minute sans que nous pensions à elle. Il ne se passe pas une heure sans que quelqu’un nous parle d’elle. Elle est ancrée en nous, sur chaque parcelle de notre épiderme, dans tous les racoins de notre âme et notre cœur. Dans une quinzaine de jours, nous débarquerons au Vietnam. Dans une quinzaine de jours, une rencontre mémorable aura lieu. Dans une quinzaine de jours, toute cette attente et tous ces doutes seront du passé pour nous. Ils feront place à un présent bien concret : nous tiendrons notre enfant dans nos bras pour la première fois.
Comme je vous le disais tout à l’heure, cette histoire que je partage avec vous commence « au milieu du livre ». Avant ce chapitre, il y a eu plusieurs moments d’attente, de joie, de tristesse, de découragement, de lâcher-prise puis de panique interne. C’est avec beaucoup de plaisir que je partagerai avec vous cette histoire d’adoption. De ses premiers balbutiements à son apogée. À mon retour, je serai probablement transformée à jamais et ça risque de paraitre dans ma façon d’écrire. Je vous fais cependant une promesse. J’écrirai toujours mes billets en respectant mes émotions et en vous disant les choses telles qu’elles ont été vécues. Il y a des éléments que j’aurais aimé savoir quand j’ai débuté ce long processus avec mon conjoint. Il y a des choses pour lesquelles nous étions moins bien préparés malgré ce que nous avions cru, lu et entendu. Je vous dirai tout. Je vous dirai la magie, je vous dirai la peur, je vous dirai le doute, mais aussi, je vous dirai que tout fini par se régler et que le fait d’être maman pour la vie, c’est le plus beau cadeau du monde!
Vous pouvez écrire à Chantal!
Chantal Massicotte, maman d'adoption
En plus d’être maman d'une petite fille d'origine vietnamienne, je suis technicienne en travail social spécialisée en employabilité et en réinsertion sociale. Je suis également « marraine » en adoption à l'international, fonction par laquelle je suis amenée à aider, supporter et conseiller les futurs parents qui me sont recommandés dans toutes les étapes de leur projet pour la région du Bas-Saint-Laurent. Vous pouvez également suivre mon parcours sur mon blogue.