Ça y est. Après 21 mois d’attente, après avoir fait et refait nos valises, vérifié et revérifié nos listes et tous les papiers importants à apporter, nous voilà prêts à prendre l’avion en direction d’Ho Chi Minh city au Viet Nam. Nous sommes fébriles, à la fois inquiets et heureux. Inquiets, car on fonce vers l’inconnu. Heureux car nous tiendrons enfin notre petit trésor dans nos bras. 10 octobre 2008, aéroport international Pierre-Elliot Trudeau, au beau milieu de la nuit. Si vous étiez là et avez aperçu un petit groupe de gens un peu nerveux, c’était probablement nos proches et nous.
Au moment de monter dans l’avion, mon conjoint et moi nous sommes serrés la main. C’est la dernière fois que nous allions être en sol québécois seulement nous deux. La prochaine fois que nous allions y remettre les pieds, nous serions une famille. On avait peine à y croire. On y rêve si longtemps, on l’espère tellement et quand ça arrive, c’est comme si tout ça était irréel. Cette enfant, cette petite fille d’à peine 2 mois avec qui nous avons été jumelés quelques semaines auparavant. Cette toute petite Vietnamienne maintenant âgée de presque 3 mois, nommée Nguyen Hong, n’avait aucune idée de ce qui l’attendait dans quelques jours. Nous avions presque 20 heures de vol et quelques heures d’attente dans 2 aéroports à faire avant d’enfin découvrir le pays d’origine de notre fille. Nous nous sommes donc installés le plus confortablement possible dans ces sièges étroits des compagnies aériennes Air Canada, puis Cathay Pacific Airways. On essayait de se changer les idées du mieux que nous pouvions, on essayait de dormir pour que le temps semble passer plus vite. Ce temps… le meilleur ami ou le pire ennemi de l’homme, selon la situation. Puis, enfin, nous atterrissions à Ho Chi Minh City!
Nous savions que nous allions rencontrer notre fille moins de deux jours après notre arrivée, question de nous remettre un peu du décalage horaire. Tout s’est passé tellement vite pendant ces heures. On s’installait à l’hôtel, on préparait l’arrivée de notre enfant. NOTRE ENFANT! Incroyable! Quand notre personne ressource a téléphoné du lobby de l’hôtel, le jour J, et nous a dit de la rejoindre en bas, car elle nous attendait avec un transport pour nous rendre à l’orphelinat, nos cœurs se sont mis à s’énerver et à battre beaucoup plus vite qu’à l’habitude.
En chemin vers Vung Tau, situé dans une autre province du Vietnam, nous avons obtenu tous les papiers officiels existants de notre enfant, ainsi que son histoire d’abandon. J’ai lu le texte à trois reprises avant de le passer à mon conjoint, les yeux dans l’eau. Abandonnée au lendemain de sa naissance… Au moins, nous avions quelques détails pour ce jour où elle nous demandera ce qui s’est passé. Le transport de deux heures vers l’orphelinat de Vung Tau a semblé durer une éternité. Pourtant, quand nous nous sommes garés et avons fait notre entrée dans ce grand bâtiment blanc, le temps s’est à nouveau emballé. Un enfant d’environ 3 ans s’est jeté sur nous, nous faisant un câlin en souriant. C’est un arrache-cœur… croyez-moi.
La rencontre qui change une vie
Pendant que nous étions à signer des documents nous permettant de quitter le pays avec notre enfant, j’ai ressenti une douce sensation. Je me suis retournée et elle était là, dans les bras de sa douce nounou qui avait pris soin d’elle depuis sa naissance. Elle était un peu figée, nous observait, puis fermait les yeux pour se reposer. 3 mois… seulement 3 mois de vie et amenée à vivre tout ça. On s’est approché tout doucement d’elle, la nounou nous a souri. On lui a caressé le visage puis, voyant qu’elle ne manifestait pas de résistance évidente, la nounou l’a déposé dans mes bras. Moment de grâce. Le temps s’est arrêté. Mon conjoint a pris une photo, puis a immortalisé ce moment sur notre caméra vidéo. Comme si une bulle nous entourait. Plus rien ne comptait sauf nous trois, notre petite cellule familiale.
Trois semaines au Vietnam à s’apprivoiser mutuellement puis le retour au Québec. Ça fait 2 mois déjà que nous sommes de retour ici, presque 3 mois que nous avons notre enfant avec nous. Tous les jours, on prend soin de démontrer à notre petite amour que nous serons toujours là pour elle, que ce sera dorénavant nous qui serons dans sa vie. Nous sommes finalement nous! Chantal Massicotte, maman d'adoption
En plus d’être maman d'une petite fille d'origine vietnamienne, je suis technicienne en travail social spécialisée en employabilité et en réinsertion sociale. Je suis également « marraine » en adoption à l'international, fonction par laquelle je suis amenée à aider, supporter et conseiller les futurs parents qui me sont recommandés dans toutes les étapes de leur projet pour la région du Bas-Saint-Laurent. Vous pouvez également suivre mon parcours sur mon blogue.