Et bien nous serions simplement le parent parfait, celui qu'on a tant choyé, dans notre vie d'avant.
La fatigue modifie clairement nos aptitudes à prendre du recul, à se concentrer, à être patient. Empêcher de dormir est une torture bien connue, utilisée pour faire plier les plus grands résistants.
Nous, nous sommes tyrannisés par ceux qu'on aime le plus, un genre de syndrome de Stockholm si j'ose dire. Pas facile de garder la tête froide, quand ton bourreau est aussi la plus mignonne créature qui existe, un peu perdus entre amour et haine, colère et espoir, amertume et combativité.
Nous ne sommes pas faits pour assumer autant de gestion seuls ou en couple. Les enfants ont besoin de graviter autour de plusieurs référents pour laisser aussi les responsables recharger leurs batteries, prendre un nouveau souffle. Pour autant, nous nous retrouvons à assumer de manière trop individuelle l'éducation de nos précieux, avec peu de répit, peu d'attention.
La culpabilité, elle, nous embarque dans des négociations interminables entre nos besoins et ceux des autres, où rares sont les moments de quiétude, le cul entre deux chaises à toujours se demander si nos intentions et nos actions ne traumatiseront pas pour toujours ces petites têtes.
Les attentes de leur côté, sont un véritable casse-tête, parce qu'on cherche d'une part à réparer les blessures de notre enfant intérieur mais, en plus, on se bat bec et ongles pour éviter à nos enfants de souffrir à leur tour de ce qui nous a tant éraflé.
Considération et compassion
Alors, avec ce constat difficile, ce serait si doux de s'offrir un peu de considération, parce que vivre avec de la fatigue, de la culpabilité et des attentes parasite complètement notre esprit.
Rencontrer jour après jour ce dilemme, cet inconfort nous ronge, nous diminue, nous inquiète et altère notre jugement.
On n'avait jamais pensé à cela avant d'être parent, n'est-ce pas? Mais à présent, reconnaître nos efforts dans l'adversité, se féliciter de nos bonnes journées ou tout simplement poursuivre sans relâche ses projets, garder sa motivation est déjà être un parent parfait, parce que selon moi, être parfait, c'est être complet, volontaire, résiliant, présent...
Pensons toujours que le parent parfait que nous étions n'avait pas d'enfant, celui qui par contre se lève chaque jour, entend des cris dans ses oreilles, essuie des déceptions et donne toute son énergie, c'est celui-là qui court le marathon et c'est à lui qu'il faut offrir de la compassion : il est au front, quel que soit le défi à relever!