Nous avons peur de l’imprévisible, des personnes autour et de leur jugement potentiel, de notre mauvaise gestion et des répercussions. Nous avons donc tendance à être sérieux, graves et anxieux, et nos enfants le constatent.
Notre fille de 4 ans fait des crises spectaculaires depuis quelques jours, elle hurle à pleins poumons et se ferme comme une huitre. Elle ne parle plus et est envahie de colère, d’émotions vives et de contradictions. Elle se décharge et nous sommes ses parfaits réceptacles. Il est difficile de l’accompagner, car son humeur change en un instant et que les astuces mises en place ne marchent jamais deux fois. C’est décourageant pour nous de déployer autant d’énergie et pour elle de se sentir incomprise.
Hier soir, le temps de la douche était venu et comme depuis toujours c’est un combat quasi quotidien. Je la portais comme un petit bébé en simulant le jeu, elle adore ça, je lui chantais des chansons pour faire diversion en faisant l’avion. Je suis devenue très créative avec le temps pour que ce moment reste gravé comme un instant agréable de détente et pour qu’on ne cristallise pas les crises.
Mais elle a commencé à se débattre violemment en hurlant de toutes ses forces. Je réalisais que sa réaction la dépassait elle-même complètement, elle se faisait peur, je sentais qu’il y avait juste un trop-plein à sortir, qu’elle ne savait ni comment faire ni comment l’exprimer, et qu’elle était totalement embarquée dans ses sensations. Elle avait un gros besoin de contact charnel, et d’être contenue (ce qui n’est pas toujours le cas, mais rester à l’écoute de ses besoins fait partie du processus). J’ai alors décidé de faire le clown. De rire, faire des bruits avec ma bouche et l’inviter dans le jeu.
Attention : on ne rit pas d’eux, mais bien d’actions totalement extérieures à la crise, car ce moment reste sacré, il ne faut ni le dénigrer ni le nier. Les crises sont révélatrices en étant des indicateurs très clairs qu’il faut considérer et tenter de décoder. Une crise n’est jamais anodine, elle permet de faire un point sur la relation et les actions posées. Parfois on n’en trouve pas la source, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une véritable souffrance derrière à prendre en charge et accueillir.
Elle a stoppé net et s’est mise à rire aux éclats! Au début, le rire était forcé, hystérique, très nerveux, mais plus elle se détendait et appréciait l’échange, plus sa présence était joyeuse, sincère et rassurée.
Nous échapper d’une situation de conflit par le rire me semble être une alternative intéressante. Car le trop-plein d’émotion a tendance à sortir de manière négative. Pourtant, c’est juste une grosse quantité de colère, d’énergie ou de sensations mélangées.
La colère n’est pas une émotion négative, c’est une émotion, et avec le temps il est possible d’aider nos enfants à la reconnaître et savoir quoi faire de positif avec elle. Mais c’est tout un cheminement d’y arriver, un exercice de longue haleine de l’apprivoiser et exprimer ce qui se cache derrière.
Nous le savons, la colère est le résultat de quelque chose qui nous a ébranlés. Elle est donc le point culminant de la blessure et pour la désamorcer il faut avoir les moyens de la canaliser et trouver des solutions apaisantes pour la dépasser.
Souvent, lorsqu’il y a début de crise à la maison, nous décidons de nous dépenser physiquement, nous courrons très très vite, nous jouons énergiquement et je constate que par le rire et la décharge physique, il y a de magnifiques résultats.
Le principe est toujours le même : écouter les besoins de l’enfant, se concentrer sur lui, l’accompagner dans une zone plus confortable et sécurisante, l’apaiser pour rebondir.
J’ai adoré être capable de saisir le fond plutôt que de me focaliser sur la forme. J’ai apprécié de ne pas projeter mes propres angoisses en imaginant le pire, mais en restant centrée sur le moment, sans a priori ou mauvais souvenirs.
Elle s’est laissée guidée en toute confiance, comme un tourbillon qui finit en danse joyeuse rythmée par nos pas et nos besoins communs!